Interview de Fabio Lai, à l’occasion de la sortie du tome 1 du Métier le plus dangereux du monde
En parallèle avec la sortie des albums, le dessinateur de la série Le métier le plus dangereux du Monde, Fabio Lai, s’est prêté avec humour et gentillesse au petit jeu des questions et réponses sur cette belle histoire.
Les Amis de Spirou : Hello Fabio ! Peux-tu nous dire quelques mots sur toi ?
Fabio Lai : Salut tout le monde ! Je m’appelle Fabio Lai, j’ai 47 ans, je suis italien et dessinateur de BD depuis les années 90. Je vis dans un village sur les Appenins avec ma famille et trois chats.
J’aime la salade de riz, le basketball et répondre aux questions des interviews.
Les Amis de Spirou : Quelle formation as-tu ? Est-ce que tu as toujours dessiné ?
Fabio Lai : Mon attrait (et ma fixation !) pour la BD remonte à mon enfance. En effet, j’ai décidé très tôt que je deviendrai dessinateur de BD (quelle idée !) je n’étais pas un beau parleur et je crois que mon besoin de m’exprimer a trouvé un substitut naturel dans le dessin…
J’ai fréquenté l’école d’art de Florence et mon désir d’en savoir plus sur l’art ne m’a jamais quitté, aujourd’hui encore je suis des cours en ligne et je lis beaucoup de manuels de dessin, en plus d’étudier attentivement le travail de mes confrères et de visiter de nombreuses expositions artistiques.
Curieusement, à mon statut d’éternel étudiant, s’ajoute celui d’enseignant, rôle que j’exerce depuis quelques années à l’École internationale de la BD à Florence.
Après mes premières expériences de travail pour de petites maisons d’édition de BD italiennes, j’ai travaillé pendant quelques années dans un studio d’animation où je me suis notamment occupé de storyboards, layouts et parfois caracter design. Après, j’ai commencé à bosser en France, j’ai travaillé chez Vents d’Ouest ( “Les guides Junior”), Delcourt ( “Motard à jamais”” et “Les blagues du rail “), Soleil, Hachette et Jungle. Récemment, j’ai aussi travaillé chez une software house pour le développement d’un jeu vidéo, cela a été une expérience intéressante que j’aimerais renouveler dans le futur.
Les Amis de Spirou : Peux-tu nous parler de tes influences en BD ? Tes lectures d’avant, c’était quoi ? Et maintenant quels auteurs aimes-tu ?
Fabio Lai : Dans ma jeunesse, j’étais fortement influencé par la BD présentée dans les magazines italiens, come “L’Eternauta” ou “Comic Art” qui publiaient les grands maitres de la BD italienne et internationale, c’est là que j’ai connu le travail de Moebius, Boucq, Hermann, Breccia, Bernet, Gimenez et bien d’autres. Mais mon premier amour a été les “Sturmtruppen” par Bonvi, j’ignore si elles ont jamais été publié en français.
Actuellement je lis un peu de tout, la BD franco-belge (beaucoup de Spirou bien sûr, et j’aime à la folie aussi le travail de Christophe Blain et Manu Larcenet), les mangas (“ Akira” et “Ghost in the shell” restent parmi mes favoris. Dans les séries récentes, je suis avec intérêt “DanDaDan” par Yukinobu Tatsu ) les comics américains (Chris Samnee est en train de devenir l’un de mes dessinateurs préférés, lisez “ Fire Power”!) et parfois des fumetti italiens , surtout “Dylan Dog”). Je crois qu’en tant qu’auteur de BD, il est important d’être constamment plongé dans de bonnes histoires et du bon art, un mélange d’inspirations diverses dont va sortir sa propre vision personnelle.
Je trouve très inspirant la littérature aussi, je lis beaucoup d’essais et romans, en ce qui concerne les narrateurs, j’ai un penchant pour Italo Calvino, Kurt Vonnegut et Cormack McCarthy.
Les Amis de Spirou : Comment est née l’idée de la série Le Métier le plus dangereux du monde ?
Fabio Lai : En tant qu’initiateur de la série, Olivier (Bocquet le scénariste de la série) a sûrement une histoire plus fascinante que la mienne au sujet de la genèse de ce projet. Pour ma part, les choses se sont passées d’une manière assez ordinaire. A l’époque je travaillais comme collaborateur de Delaf dans “Les Nombrils”, notre éditeur Benoit Fripiat m’a parlé de ce projet.
Olivier, après avoir vu quelques-uns de mes dessins, m’a expliqué en détail de quoi il s’agissait, j’ai trouvé l’idée très bonne. Après un test de dessin sur deux planches, il a été convenu que j’allais dessiner la série. Et nous y voila !
Les Amis de Spirou : Tu peux nous expliquer rapidement l’intrigue?
Fabio Lai : LMLPDDM n’est pas seulement l’un des acronymes les plus longs de l’histoire de la BD, c’est aussi le récit de Ziad et Louna, frère et sœur, qui vivent dans un monde vaguement futuriste. Une météorite vient de se disloquer au dessus de la Terre et les fragments qui tombent parfois donnent un pouvoir absolument incroyable et aléatoire à celui qui les touche. Dans ce monde, toute personne peut devenir super-héros en touchant les débris ou en achetant les bons gadgets (mais c’est pas bon marché…).
Les Amis de Spirou : Il y a deux tomes qui sortent simultanément. Peux-tu nous en expliquer l’intérêt ?
Fabio Lai : On peut lire la série en commençant par l’album de Ziad ou Louna, comme vous préférez, chaque tome constitue un point de vue unique et original. Cette série offre une bonne dose d’humour, action, émotions fortes et quelques réflexions inattendues, la dessiner a été un peu pour moi comme des montagnes russes. J’espère que les lecteurs pourront ressentir les mêmes sensations que nous avons ressenties en la créant.
Les Amis de Spirou : Lmlpddm, comme tu dis, c’est un travail d’équipe, comment vous organisez-vous ? Comment dessines-tu ?
Fabio Lai : Notre méthode de travail est assez simple, Olivier m’envoie le scénario en lots de deux pages ou plus par semaine. Je m’occupe d’en tirer des storyboards que je vais réaliser sur ma Cintiq 24 HD, une palette , j’ai commencé à travailler en numérique depuis “Les Nombrils” et pour l’instant, j’essaie de ne pas dévier de cette approche. Les storyboards sont discutés avec Olivier et Benoit, pour toute modification et amélioration. A partir de là, j’ai totale liberté pour mener à bien les planches. Enfin,c’est Fabien Alquier qui s’occupe de tout coloriser à la vitesse de la lumière, façon de respecter les délais et donner l’impression que nos retards ne sont pas si excessifs.
Les Amis de Spirou : Quels sont tes projets à venir ?
Fabio Lai : Ma première priorité est de continuer cette série de la meilleure façon possible, comme vous qui lisez les albums, moi aussi je découvre le déroulement du récit petit à petit, je suis déjà très attaché à Louna et Ziad, je dois savoir ce qui va leur arriver dans les prochains épisodes. J’ai l’impression que peu à peu mon style est en train de changer, je suis curieux de voir ce que je peux faire avec ces personnages. En dehors de cela, j’espère à l’avenir pouvoir bosser encore sur des projets qui me permettront d’utiliser mon approche cartoon, pas réaliste, mais pas non plus strictement humoristique. En plus j’aimerais avoir du temps pour approfondir mon expérience dans le domaine des jeux vidéo. Mais on verra, pour l’instant, c’est mieux de se concentrer sur le présent !
Propos recueillis par Paul Chirac
A lire en complément, notre chronique du tome 1 de la série Le Métier le plus dangereux du monde
