EROSTRATE
Erostrate est devenu célèbre grâce à sa volonté profonde de passer par tous les moyens à la postérité dans l’histoire des hommes. C’est sur cette idée que Martin Veyron a choisi d’imaginer la vie de ce jeune vacher éphésien dont en réalité nous ne savons presque rien. L’auteur raconte, non sans un humour parfois grinçant et grivois, la vie dans l’Antiquité au milieu des dieux, des philosophes et des personnages illustres. Il met en perspective la bêtise humaine de l’époque, comme pour mieux éclairer la nôtre.

©Erostrate – Martin Veyron – Dargaud
En 356 avant J.C., Éphèse, cité grecque d’Asie Mineure (l’actuelle Turquie), la population assiste impuissante à la destruction par les flammes du temple d’Artémis, un édifice monumental en marbre de 127 colonnes et considéré comme l’une des sept merveilles du monde Antique. Mais qui est l’incendiaire et surtout pourquoi commettre un tel crime ? Acte divin ou attaque d’une cité rivale ? Le coupable est rapidement identifié et arrêté puisqu’il se vante de son méfait à qui veut l’entendre. Interrogé par le conseil des sages, Erostrate avoue fièrement son crime et sa motivation qui n’est pas prise au sérieux. Malgré des séances de tortures, il ne changera pas d’un pouce sa version à peine croyable. Il a agi pour devenir célèbre !

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Une immersion dans l’Antiquité
En inventant la vie et les pensées d’Erostrate et en imaginant son procès, Martin Veyron trouve l’occasion de faire revivre la Grèce Classique. Erostrate raconte sa vie, comment il en est arrivé à ce besoin de reconnaissance et cette nécessité d’en faire l’unique objectif de sa vie, quel qu’en soit le prix à payer. Ainsi, dans ses nombreuses digressions entrecoupées par l’interrogatoire des sages, auquel il se prête volontiers, le jeune homme offre une visite de la société antique tout en narrant les histoires plus ou moins connues des dieux, déesses, héros et autres grands noms de l’Antiquité (Hélios, Zeus, Héra, Aristote, Praxitèle, Platon, Diogène, …).
Tout au long de la BD, les récits se succèdent comme les couches d’un mille-feuille, mais pas besoin d’être un expert de la mythologie ou de l’Antiquité car l’ensemble reste très accessible et offre un rattrapage à ceux qui seraient passés à côté. Cela est d’autant plus aisé que les personnages, qui se côtoient, sont rendus vivants par les caractères qui leurs sont conférés, leur mauvaise foi et par leurs traits d’humour parfois grivois voire graveleux.

©Erostrate – Martin Veyron – Dargaud
Quatre années ont été nécessaires pour dessiner les 210 planches de l’album et même si elles ne sont pas d’une grande précision documentaire, elles sont riches dans les décors et grouillent de personnages. Marc Veyron a aussi réalisé un gros travail sur les hachures qui valorisent son trait. À cela s’ajoutent les planches monochromes et nuancées bleues, jaunes ou encore violettes pour les histoires racontées par Erostrate, en opposition aux pages multicolores de l’interrogatoire des sages qui ainsi rythment le récit.

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Erostrate ou le désir de célébrité
À notre époque, le culte de l’apparence et l’exhibitionnisme social est devenu un mode de vie. Les réseaux sociaux ont renforcé cette idée selon laquelle les personnes se définissent par l’approbation des autres, développant ainsi leur esprit narcissique. Ce culte du « soi » et cette absence d’humilité créés par cette célébrité relative ne font en réalité que cacher les faiblesses ou failles de leur existence qu’elles refusent de voir en face pour ne pas souffrir. Cela est connu sous le nom de « complexe d’Erostrate ». Le phénomène n’est donc pas nouveau et depuis longtemps déjà, l’homme et prêt à tout pour gagner en notoriété. Erostrate en est l’illustre exemple avec son action suicidaire, et la manière dont il réagit à l’annonce de sa condamnation « personnalisée ».

©Erostrate – Martin Veyron – Dargaud
Erostrate est une BD qui se savoure en plusieurs fois, comme un recueil de nouvelles liées entre elles. Cette succession de récits pour une seule et même histoire nous permet d’explorer l’Antiquité de manière ludique et instructive, tout en nous questionnant sur notre société et son besoin de narcissisme et d’exhibitionnisme accru.

©Erostrate – Martin Veyron – Dargaud
Une chronique écrite par : Xavier
Informations sur l’album :
- Dessinateur/scénariste : Martin Veyron
- Coloriste : Charles Veyron
- Editeur : Dargaud
- Date de sortie : Le 11 octobre 2024
- Pagination : 216 pages en couleurs

©Erostrate – Martin Veyron – Dargaud
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©Erostrate – Martin Veyron – Dargaud

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