Arcana tome 3 Les cauchemars de la Lune

Initialement prévue en quatre volumes, c’est finalement avec un troisième tome à la pagination très conséquente que se conclut l’aventure des jumelles Fauna et Flora dans la série magique et onirique Arcana de l’autrice française Serena Blasco.

Depuis leurs récentes nominations aux titres de Grande Prêtresse et d’Arcane Majeure de la Mort, la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour Fauna et Flora. Si la sérénité de la première lui permet d’appréhender ses nouvelles responsabilités avec une relative tranquillité, la seconde est en proie à un doute constant et à un syndrome de l’imposteur. Alors que Flora va se lancer dans un défi périlleux afin de prouver aux autres et à elle-même sa légitimité, Fauna va découvrir de son côté qu’une prophétie destructrice pèse sur sa sœur.

Ombres et lumières dans le tome 3 d’Arcana

La principale qualité de la série Arcana est son indéniable cohérence entre scénario et esthétique. Principalement connue en France pour son adaptation des Enquêtes d’Enola Holmes, la scénariste et illustratrice française Serena Blasco a un style graphique très particulier et identifiable : des personnages aux grands yeux étirés et expressifs, une mise en page poétique et riche, une palette de couleurs douces et lumineuses, des décors féériques presque intangibles… Si cette originalité pourrait laisser des lecteur·ice·s sur le côté, il est indéniable qu’elle sert parfaitement l’univers d’Arcana.

Chaque page est un vrai plaisir pour les yeux mais tout en restant au service du récit. Serena Blasco parvient par sa mise en scène à transmettre toute la palette des ressentis de ses protagonistes. Les jumelles gagnent encore en charisme depuis les tomes précédents. Leurs émotions se font de plus en plus intenses. Les personnages secondaires sont toujours aussi agréables visuellement, toujours bien identifiables malgré leur nombre important. L’autrice se permet même d’introduire un nouveau personnage capital dans son récit, un ajout intelligent et parfaitement intégré au récit.

Cartes sur table

A la fermeture de ce tome double, le choix de cette imposante pagination semble une évidence. Si le livre est découpé en deux chapitres, la séparation entre les deux ne se situe pas au milieu du récit : plus de 80 planches pour le premier et une soixantaine pour le second. La publication en deux tomes aurait donc pu imposer à l’auteure de raccourcir la première partie et diluer quelque peu la seconde. Or, le premier chapitre est déjà très dense en informations, au point de risquer parfois de perdre légèrement le lecteur avec ses nombreux personnages et rebondissements. Tout vient heureusement se mettre parfaitement en place lors d’un second chapitre grandiose, captivant et émouvant.

Serena Blasco, afin de conclure son récit intimiste, s’offre une fin épique qu’on sent monter au fil des pages de ce troisième tome par une construction intelligente qui rend le final à la fois évident et surprenant. L’auteure a su bâtir un univers d’une richesse incroyable dont elle explore encore plus la profondeur à l’aide de nombreuses pages encyclopédiques, ici sous la forme d’extraits d’un magazine « people » que les habitants de son monde dévorent à chaque parution. De toute évidence, ces pages sont un réel plus pour mieux saisir toute la diégèse d’Arcana sans ralentir le récit principal.

Avec son récit à la fois intimiste et plein d’aventures et de rebondissements, son univers magique intemporel mais aux enjeux résolument actuels, comme la quête de soi, la peur de l’avenir, ou l’entrée dans l’âge adulte, et ses personnages attachants enrichis par la thématique des tarots, cet imposant troisième tome offre une super conclusion à cette œuvre à la thématique des tarots si originale. Mais est-ce vraiment la fin, ou la planche « post générique » est-elle une promesse de revenir dans cet univers à la fois narrativement passionnant et visuellement sublime ?