Anita Conti
Après Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges, Joséphine Baker et Alice Guy, le duo Catel Muller (dessins) et José-Louis Bocquet (scénario) consacrent leur nouvelle « bio-graphique » à la première océanographe française : Anita Conti.
© Casterman – Anita Conti – Catel & Bocquet
Née en 1899 d’un père médecin accoucheur et d’une mère femme au foyer, Anita va grandir près de la mer et se passionner pour les vastes espaces aquatiques.
D’abord journaliste, elle n’hésite pas à embarquer avec les marins pour rendre compte de la vie sur les bateaux pêcheurs. Elle va rapidement alerter sur le phénomène de la surpêche.
© Casterman – Anita Conti – Catel & Bocquet
Anita Conti : une « clandestine de l’Histoire »
Lorsqu’ils publient en 2007 l’album consacré à Kiki de Montparnasse, Catel et Bocquet expliquaient qu’ils avaient constaté que plusieurs femmes ayant joué un rôle important dans l’Histoire de France avaient été oubliées. Ce sont ces « clandestines de l’Histoire », comme ils les appellent, que les auteurs ont décidé de sortir de l’ombre.
José-Louis Bocquet écrit ses scenarii après un gros travail préparatoire, ce qui lui permet de proposer la chronologie présentée en fin d’album. Tout ce travail se ressent dans le résultat final : il fait plus de trois cents pages mais le lecteur n’a jamais envie de le lâcher. Comme toujours, Bocquet a fait preuve de pédagogie dans sa narration et le lecteur n’est donc jamais perdu malgré le vocabulaire spécifique du monde marin. Raconter la vie de quelqu’un signifie aussi s’intéresser à sa vie privée en plus de sa vie publique. Sur ce point aussi le scénariste avait de la matière : pour des raisons inconnues, Anita Conti a tourné le dos à son père dès 1927, elle a épousé le diplomate Marcel Conti, mais le couple vivra séparément afin de ne pas entraver leurs trajectoires personnelles. Elle a probablement été la compagne de Pâquerette de Quénétain et elle a aussi été recouvreuse d’art, écrivaine, cinéaste, etc. Tout cela donne de la chair et de l’humanité à ce personnage de femme libre, affranchie des codes de son époque.
© Casterman – Anita Conti – Catel & Bocquet
La bichromie : la marque de fabrique
Le style semi-réaliste de Catel donne l’impression que la diplômée de l’école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg a trouvé un équilibre entre la reconstitution historique suffisante pour que le lecteur se sente immergé et la simplicité de son trait et de ses décors.
De plus, cet album, de par sa nature, représentait un petit défi graphique : dessiner les bateaux et la mer… ce qui intimidait cette dessinatrice pourtant expérimentée. De nouveau, Catel s’en sort admirablement grâce, encore une fois, à un gros travail de recherche et en s’inspirant des peintres de marine.
Pour les « Clandestines de l’Histoire », les auteurs ont fait le choix de la bichromie. Un travail graphique qui est devenu la marque de fabrique de la série. Chaque tome est à chaque fois une nouvelle leçon de simplicité. Le découpage, l’encrage, les traits, la bichromie, le format de l’album et le papier, tout cela mis ensemble donne un charme difficilement définissable à ces « bio-graphiques » comme les appellent Catel et Bocquet.
© Casterman – Anita Conti – Catel & Bocquet
Une (re)découverte
Comme à chaque publication des « clandestines de l’Histoire », on redécouvre le style Bocquet-Catel en même temps que se révèle la vie de l’héroïne choisie.
Tout cela résulte notamment de l’énorme travail de documentation, de recherches et d’interviews, mais également du talent des auteurs. Ils ont le mérite de faire connaître au grand public des figures féminines parfois injustement oubliées.
Une chronique écrite par : Frédéric P.
Informations sur l’album :
- Scénario : José-Louis Bocquet
- Dessins : Catel Muller
- Couleurs : N.A
- Éditeur : Casterman
- Date de sortie : 18 septembre 2024
- Pagination : 368 pages bichromie
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