La Neige était sale
Simenon, La neige était sale, c’est l’adaptation de l’un des romans les plus sombres de l’auteur Georges Simenon. La descente aux enfers d’un jeune homme qui a choisi délibérément de teinter sa vie de gris, de noir et de rouge sang.

Franck Friedmaier habite chez sa mère, que les prostituées qu’elle fait travailler sur place appellent par son nom, Madame Lotte. Âgé seulement de dix-huit ans, il a de très mauvaises fréquentations, se prend déjà pour un terrible gangster et agit comme tel.

Pour son ami Fred Kromer, un peu plus âgé que lui, il trouve régulièrement des jeunes filles de préférence vierges. Depuis quelque temps, Franck s’intéresse de très près à Sissy, sa jeune voisine, dont le père, Holst, est conducteur de tram.
De mensonges en mauvais coups, de vols en meurtres, La neige était sale, bien sale même, autant que l’âme humaine.

Simenon, La neige était sale, une oeuvre majeure de Georges Simenon
Scénariser, illustrer une telle œuvre et retransmettre sa profonde noirceur n’était pas chose facile et pourtant c’est un pari amplement réussi pour José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental. Les dialogues sont percutants et directifs, il n’y a rien en trop.
Les dessins nous donnent parfois une impression furtive de vision en 3D, sans doute est-ce dû à l’immersion dans cette atmosphère pesante voulue par Georges Simenon. Les auteurs nous la retranscrivent parfaitement ainsi que le mal-être général qui plane tout le long du récit.

La couleur principale est le gris ainsi que ses dérivés et correspond tout à fait au terme de sale qui figure dans le titre. Les visages sont graves et ternes, les yeux sont cernés. Le regard du personnage principal est aussi triste que l’est son histoire et le monde qui l’entoure.
Le récit se passe sous une période qui se veut similaire à celle qu’à connu notre pays sous l’occupation allemande. Surveillance, restriction, oppression sont désormais le lot quotidien de la population. Chacun essaye de survivre, les uns restent dignes et honnêtes, les autres ont embrassé une vie de débauche où règnent les crimes en tout genre.

Simenon et les romans durs
C’est John Simenon, fils de l’écrivain Georges Simenon, qui est à l’origine de la mise en images par la voie de la bande dessinée d’une partie de l’œuvre de son père, celle nommée les romans durs. Ceux-ci sont caractérisés par le fait qu’ils ne font pas partie de la série du très célèbre inspecteur Maigret et qu’ils ne sont pas essentiellement tournés vers le polar, mais plutôt sur des histoires sombres relatives à la nature humaine. Qualifiés de durs pour la difficulté de mettre des mots sur les maux de cette noirceur qu’a choisi et voulu Simenon père. Il existe deux autres adaptations en bande dessinée avec Le passager du Polarlys (mai 2023 aux éditions Dargaud), Simenon, L’ostrogoth, (octobre 2023).
Souillée par la crasse humaine, la neige est bien plus que sale mais en grattant sa surface peut-être y-a-t-il la lueur d’un espoir salvateur…

Chronique écrite par Fanny H.
Informations sur l’album
- Scénario : Jean-Luc Fromental
- Dessin : Yslaire
- Couleurs : Yslaire
- Éditeur : Dargaud « Simenon, Les Romans Durs »
- Date de sortie : 26 janvier 2024
- Pagination : 97 en couleurs
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