Le Fils du Viking noir – T2 de Buck Danny Origines

La seconde guerre mondiale a produit d’innombrables drames, désastres et atrocités, mais elle a aussi permis des aventures incroyables propulsant ses acteurs au rang de héros. Buck Danny, as de l’aviation devant l’Éternel, n’est pas en reste et ses combats contre les fameux « Zéros », « Japs » ou autres « Fils du Ciel » sont entrés dans la légende du 9ème art. Mais les exploits du fringant militaire n’avaient pas tous été dévoilés ; sa jeunesse non plus. C’est l’objet de Le Fils du Viking noir le tome 2 de « Buck Danny Origines ».

Couverture de l'album Le Fils du Viking noir
Couverture de l’album Le Fils du Viking noir © Buck Danny Origines – Giuseppe De Luca et Yann – Dupuis

A la fin du 1er tome de cette nouvelle collection, nous avions laissé Buck (seulement capitaine), revenu d’une bien mauvaise situation, sorti vainqueur d’une mission quasi impossible dans le Pacifique. On retrouve le personnage dans le même décor et avec les mêmes extraordinaires capacités au début de cet album. Dans celui-ci, il va cette fois ci se confronter à l’Histoire avec un grand H, en côtoyant le jeune John « Jack » Kennedy, dont l’héroïsme pendant cette guerre équivaut bien à celui de notre militaire préféré. Mais Buck va surtout, avec son escadrille des « Gremlins », participer au commando en charge d’éliminer l’amiral Yamamoto. Cette mission, effectuée au mépris de toutes les règles de combat, va ramener l’aviateur à des souvenirs douloureux, du temps de ses premiers émois et de la découverte du honteux passé secret de son père…

Page 3 de l'album Le Fils du Viking noir
© Buck Danny Origines – Giuseppe De Luca et Yann – Dupuis

Sur le modèle du 1er tome de cette série dérivée, on retrouve donc un tout jeune Buck Danny, sérieux, patriote et courageux, mais surtout nostalgique. Dans les courtes périodes séparant deux missions suicides, le valeureux capitaine se remémore ses années d’apprentissage de la vie quand il n’était encore que le fils d’un mécanicien sans le sou et au passé mystérieux. Le récit de Yann alterne ainsi entre scènes de guerre dans le Pacifique et flash-backs dans le New Jersey des années 30 qui permettront aux lecteurs de mieux connaître l’insondable militaire. Ce retour sur l’adolescence de Buck est l’occasion pour le scénariste d’humaniser, voire de moderniser, un personnage qui, depuis le début de sa carrière de héros de papier, garde l’image sobre et froide de celui qui agit par devoir en cachant ses sentiments. A travers force anecdotes, on découvre comment le futur as de l’aviation a appris à piloter, mais aussi, avec une dramaturgie ostentatoire sa rencontre avec une jeune fille et la raison de la fracture entre lui et son père. Cette dramaturgie, justement, n’est pas sous-pesée et, si elle est censée expliquer l’attitude d’un héros qui, quoi qu’il arrive, garde une cuirasse de fer depuis plus de 70 ans, est tellement omniprésente qu’elle peut en donner le tournis. On passe de situation triste en tragédie déchirante tellement vite qu’on peut parfois se demander si les malheurs qu’a connu Buck ne sont pas des anecdotes qui ne font que se succéder, tant il en a vécu !

Page 4 de l'album Le Fils du Viking noir
© Buck Danny Origines – Giuseppe De Luca et Yann – Dupuis

Malgré cela, la forme de l’histoire reste dynamique et se suit sans déplaisir. L’absence de récitatif ou d’explication technique parfois indigeste ou didactique fluidifie l’ensemble et peut faire penser aussi bien à « Mémoire de nos pères » qu’aux « Diables de Guadalcanal ». On notera que l’album ne comporte aucune touche d’humour, comme c’était déjà le cas dans le premier album de ce diptyque, de façon tout à fait logique, car faisant référence aux premiers tomes de la série principale qui étaient des récits de guerre sans fantaisie.

Page 5 de l'album Le Fils du Viking noir
© Buck Danny Origines – Giuseppe De Luca et Yann – Dupuis

Le dessin harmonieux de De Luca s’inscrit dans l’héritage de celui d’Hubinon, dans une facture tout à fait traditionnelle, rassurante pour les lecteurs de longue date. Les décors de la jungle asiatique sont particulièrement réussis et rappellent parfois « La proie des vautours » ou « Le pont de la rivière Kwaï ». Les couleurs, simples et efficaces de Formaggio et Romanazzi servent tout à fait l’univers d’un personnage clef de la bande dessinée.

Page 6 de l'album Le Fils du Viking noir
© Buck Danny Origines – Giuseppe De Luca et Yann – Dupuis

En refermant l’album, on en sait donc un peu plus sur Buck Danny. On connaît les soubresauts et autres catastrophes qu’il a connus adolescent et on découvre d’autres exploits d’un personnage qui n’en manquait pourtant pas. Cependant, cette nouvelle série dérivée apporte-t-elle une vision nouvelle à un héros aimé depuis si longtemps qu’il fait maintenant partie du Panthéon du 9ème art ? Le lecteur décidera, et, s’il décide que cette collection « Origines » n’est pas indispensable à la grande aventure de Buck Danny, elle lui permettra cependant de lire deux récits de guerre assez divertissants.

Page 7 de l'album Buck Danny Origines tome 2
© Buck Danny Origines – Giuseppe De Luca et Yann – Dupuis

Chronique écrite par Mathieu DEPIT

Informations sur l’album

  • Scénario : Yann
  • Dessin : Giuseppe De Luca
  • Couleurs : Ketty Formaggio et Valeria Romanazzi
  • Éditeur : Dupuis « Grand public »
  • Date de sortie : 24 mars 2023
  • Pagination : 48 en couleurs
  • Format : 240 x 320

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