Nephilims tome 3 : Le sang des autres

Clap de fin pour le western fantastique du trio Runberg, Dusa et Créty. Cette conclusion de la saga Nephilims se veut épique et spectaculaire. Elle l’est !

©Le Lombard – Nephilims tome 3 : Le sang des autres – D. Dusa, S. Runberg, S. Créty

Mont Ozark, 1864. Le pillage d’une tombe des géants, les Nuhallos, a attisé la colère de ces derniers sur les différentes factions humaines présentes sur place. Un groupe aussi hétéroclite que désespéré composé de soldats sudistes, une Indienne, un soldat noir de l’Union et un scientifique obsédé par sa découverte décident de rapporter les ossements volés dans une tombe afin d’obtenir le pardon des Nuhallos.

©Le Lombard – Nephilims tome 3 : Le sang des autres – D. Dusa, S. Runberg, S. Créty

Du travail d’artisans

Sylvain Runberg et David Dusa ont fait un travail appréciable sur cette trilogie : le premier volume plantait le décor, le deuxième était plus sombre voire même horrifique mais bien mené et ce troisième tome confirme les qualités de conteurs des deux hommes. De nouveau, il y a des moments épiques, l’histoire est bien rythmée, l’ambiance de peur bien présente, la quête des personnages est compréhensible. Non vraiment, c’est un bon travail d’artisan.

Mais comme les deux premiers volumes, le lecteur trouvera cela un peu trop classique. Car si l’histoire est bien racontée, il faut admettre qu’elle n’est pas très originale jusqu’au dénouement finalement assez convenu.

©Le Lombard – Nephilims tome 3 : Le sang des autres – D. Dusa, S. Runberg, S. Créty

De plus, dans le deuxième volume, les auteurs proposaient une réflexion sur le racisme et la lutte des classes. La thématique du racisme est toujours présente mais elle se cantonne à l’arrière plan. Les scénaristes se contentent de placer ici et là une ou deux insultes bien senties par l’officier sudiste à l’encontre d’Asa, l’Indienne, et du soldat de couleur.

Le sujet de la lutte des classes est aussi moins prégnant mais peut se ressentir lors de la bataille entre Cherokees et Sudistes. Alors que la situation est plus que mal engagée et que ses hommes demandent de battre en retraite, l’officier refuse car il faut « montrer sa bravoure aux sauvages » ! Honneur mal placé d’un homme éduqué face à des soldats qui ne le sont pas.

©Le Lombard – Nephilims tome 3 : Le sang des autres – D. Dusa, S. Runberg, S. Créty

Une continuité graphique

Stéphane Créty (Nains) après avoir été assisté par Juliette Créty sur le premier album, était seul aux commandes des deux derniers volets de Nephilims.

Tout comme le scénario, les dessins sont réussis : les personnages sans rigidité et même assez expressifs, des décors bien réalisés, des géants impressionnants, le découpage est toujours un peu conventionnel mais se révèle efficace et lisible pour les scènes d’action.

Cela dit, le lecteur pourrait trouver tout cela décidément bien académique. Certes, c’est déroutant lorsque les Nuhallos attaquent mais le reste du temps, les planches restent dans les normes : tout est bien rangé, rien ne dépasse.

Les couleurs ont été confiées à Elvire de Cock. Le côté « horreur » du second volume étant moins présent ici, le choix des couleurs est plus fonctionnel et moins créateur d’une ambiance oppressante. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas d’ambiance mais que, par rapport aux deux tomes précédents, le lecteur la ressent moins.

©Le Lombard – Nephilims tome 3 : Le sang des autres – D. Dusa, S. Runberg, S. Créty

Un travail régulier du début jusqu’à la fin

De la première vignette jusqu’à la dernière, la trilogie Nephilims aura été constante. Aussi bien dans la qualité de l’histoire que des graphismes, le standard qualité sera resté le même. Cela est dû aux compétences de ses auteurs qui savent raconter une histoire bien rythmée qui emporte le lecteur mais aussi proposer des scènes d’action ou de batailles bien mises en scène et lisibles.

Cependant, le tout reste finalement bien dans les clous et ne se distingue pas de la production actuelle. Car une fois le choc de la révélation des Nuhallos passé, tout le reste manque d’originalité pour espérer devenir un indispensable de la BD.

Encore une fois, le lecteur sent que des artisans plus que compétents ont bien travaillé, sans fioriture mais sans grande surprise non plus.

Une chronique écrite par : Frédéric P.

Informations sur l’album :