La petite fille oubliée
La petite fille oubliée est la première bande dessinée de Hansith Soukanhgna, dit Souky, qu’il publie aux éditions Bubble. Ce roman graphique est le fruit d’un parcours personnel et artistique, concrétisé grâce à une campagne de financement participatif sur Ulule.
©Bubble éditions – La petite fille oubliée – Souky – 2025
« La seule chose que je peux faire, c’est écrire. Écrire pour la protéger, pour nous protéger »
Aleona va à l’école, elle a des amis, elle est drôle. En apparence, c’est une petite fille comme les autres mais en son for intérieur, elle cache un secret. Son père ne vivant plus à la maison, elle doit affronter seule la paranoïa et la bipolarité de sa mère. Rongée par des idées noires voire morbides, et ne lui épargnant rien, sa maman oscille entre euphorie et apathie. Pensant se protéger elle-même et par crainte d’être jugée, la petite fille trouve refuge dans l’écriture de son journal.
©Bubble éditions – La petite fille oubliée – Souky – 2025
En adoptant le point de vue d’Aleona, une enfant isolée qui s’enferme dans le silence, l’auteur choisit de mettre l’accent sur le poids des responsabilités qu’elle s’impose, sa solitude et sa détresse. L’album met en lumière la défaillance de la société à détecter son mal-être et à la protéger. Plus le récit avance, plus l’état de la mère s’aggrave et plus Aleona s’enfonce dans un abîme de désespoir très bien décrit, avec un ton très réaliste. Et pour cause : il est inspiré de l’enfance de l’auteur. La mère, c’est son père, et la petite fille, c’est lui.
« Mais la réalité parfois, nous rattrape »
Souky a commencé l’écriture de cet album alors qu’il faisait des cauchemars récurrents, notamment la scène d’ouverture de La petite fille oubliée. Parsemée de vérités et exploitant l’imaginaire comme un rempart face à la détresse du quotidien, cette bande dessinée autobiographique s’est avérée thérapeutique pour l’auteur.
©Bubble éditions – La petite fille oubliée – Souky – 2025
La notion d’oubli mentionnée dans le titre fait écho aux idées suicidaires de sa mère et à l’isolement subi par la petite, face à la folie. La mise en page est en parfaite adéquation avec le récit. L’œuvre est dessinée en noir et blanc pour sa grande majorité. Un noir et blanc qui se joue de l’ambiance oppressante du récit. Un noir profond qui évoque le repli sur soi et apporte de la puissance et de l’intensité, notamment sur les regards. Un blanc qui, lui, éclaircit les pages quand le quotidien d’Aleona s’allège. L’auteur exploite aussi la calligraphie du texte, alternant les écritures manuscrites du journal de la petite fille et les encrages épais des propos incohérents et des cris de sa mère qui explosent les cadres traditionnels de la mise en page et servent de décors.
©Bubble éditions – La petite fille oubliée – Souky – 2025
Suivant l’évolution et les émotions d’Aleona, les dernières pages qui promettent un avenir meilleur se parent de couleurs très douces réalisées à l’aquarelle et aux crayons de couleurs.
©Bubble éditions – La petite fille oubliée – Souky – 2025
La petite fille oubliée est un récit poignant et intime. Souky partage une bande dessinée cathartique et sensible qui lui permet à la fois d’affronter son passé et de rendre hommage à sa famille. L’album possède également une portée universelle : la détresse et la solitude des enfants face à un comportement parental inexpliqué et inexplicable.
Une chronique écrite par : Emmanuelle DESSEIGNE
Informations sur l’album :
- Scénario : Souky
- Dessin : Souky
- Éditeur : Bubble éditions
- Date de sortie : Le 15 mai 2025
- Pagination : 121 pages
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