Les métiers de la BD – épisode 3 : Hélia Paillat, profession coloriste
Avec notre troisième épisode sur les métiers de la BD, nous continuons dans la création graphique, en explorant le métier de coloriste. Probablement le plus méconnu du trio dessinateur-scénariste-coloriste, pourtant, on dit que c’est la couleur qu’on regarde en premier dans un album. Pour en savoir plus, nous avons rencontré Hélia Paillat, qui a gentiment acceptée de répondre à nos questions.

Les Amis de la BD : Pouvez-vous nous parler de votre formation ?
Hélia Paillat : J’ai fait l’école Pivaut, un cursus de 3 ans à Nantes en section Illustration. J’ai eu une formation presque exclusivement traditionnelle: Peinture à l’huile, acrylique, fusains, crayon, modelage, feutres à alcool, encre de chine etc. Une toute petite partie était axée sur le numérique à l’époque, et lorsque j’ai décidé d’être coloriste, quelques mois après être sortie de l’école, je me suis moi-même formée sur Photoshop. J’ai quand même eu beaucoup de chance d’avoir eu ma formation de techniques traditionnelles, car cela me sert encore maintenant.

Les AmBD : Étiez-vous dessinatrice d’abord ou vous êtes-vous formé directement en tant que coloriste ?
Hélia Paillat : Je me suis d’abord formée en tant que dessinatrice, je ne connaissais pas ce métier durant mon cursus. Un.e coloriste doit savoir dessiner, car nous devons avoir en tête les volumes, afin de pouvoir être pertinents dans nos mises en scène /mises en lumière.
Les AmBD : Pouvez-vous nous parler de votre façon de travailler ?
Hélia Paillat : Je travaille en numérique, exclusivement sur Photoshop. J’ai deux Cintiq (des écrans sur lesquels on dessine directement) une pour mon atelier d’artiste, et l’autre que je garde chez moi.

Les AmBD : Quand vous réalisez un album, est-ce que vous pensez la couleur dans sa globalité ou au fur et mesure ?
Hélia Paillat : Cela dépend des albums, il y en a pour lesquels j’ai tellement l’habitude car je suis sur ces séries depuis 10 ans (par exemple A cheval , ou les Mythics) que je ne me pose plus trop de questions avant de commencer, mais globalement je dirais que sur ceux-là ou sur de nouveaux albums, je pense la couleur de manière globale. Car un album doit être cohérent d’un bout à l’autre, si on ouvre une page au hasard on doit être plongé dans l’univers immédiatement.

Les AmBD : Comment se passe le travail en équipe avec le scénariste et le dessinateur ?
Hélia Paillat : Ça dépend vraiment des albums et des équipes, certains dessinateurs prennent le lead sur les retours et la couleur, parfois ce sont les scénaristes… mais globalement soit on me donne un scénario que je peux consulter et dans lequel j’ai à peu près toutes les réponses que je me pose (est-ce qu’il fait jour ? nuit? en quelle saison se passe l’action ? Quelles sont les couleurs des personnages principaux ? ) soit j’ai un brief au téléphone, ou par message…

Les AmBD : Pensez-vous que le métier de coloriste est davantage mis en avant aujourd’hui ?
Hélia Paillat : Ça commence tout doucement à bouger, mais vraiment pas assez à notre goût. Par exemple on n’a pas systématiquement de droits d’auteur, (donc pas d’intéressement sur les ventes) et on est aussi rarement sur les couvertures des albums. On a même parfois juste une toute petite ligne qui nous désigne comme coloriste dans les mentions légales.

Les AmBD : Quels sont vos projets en cours ?
Hélia Paillat : Je viens de terminer Billie Bang Bang T3 (qui sortira en Octobre 2025), je suis sur la fin des Mythics 25, je vais commencer Cassiopée T2, et un nouveau projet avec l’Homme étoilé… ce début d’année 2025 j’ai eu quelques sorties : Souricia, Cassiopée T1, A Cheval T11, et Tu ne marcheras jamais seule…

Propos recueillis par : Adrien LAURENT
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