Spirite tome 3 : Échos

Dans les années 1930, un groupe de spiritologues est décimé par un assassin. Dans ce tome 3 de Spirite, Mara embarque ses lectrices et ses lecteurs dans un flash-back passionnant qui répond à certaines des questions soulevées dans les deux précédents opus.

Spirite tome 3 Drakoo couverture — ©Drakoo – Spirite T3 : Échos – Mara – 2025

Le saviez-vous ? Durant le premier tiers du XXe siècle, des chercheurs, que l’on nomme spiritologues, étudient les fantômes. On classe ces derniers de 1 à 10 selon leur degré de visibilité, la plus petite échelle indiquant une entité invisible, la plus grande représentant un être quasiment indiscernable d’un être humain. Ces scientifiques d’un genre particulier exercent toutefois un métier dangereux. Un redoutable criminel semble s’acharner sur certains d’entre eux qui étaient présents lors d’une mission en Sibérie, 23 ans plus tôt. Ainsi, Ian Davenport, étudiant en spiritologie, assiste au meurtre de son professeur. Aidé par une jeune journaliste, Nell Lovelace, il tente de retrouver la trace du tueur. Cette enquête est la trame des deux premiers épisodes de la série Spirite.

Ce troisième volume, Échos, délivre quelques réponses laissées en suspens dans les précédents opus à travers un double flash-back passionnant. D’un côté, Ian glane les confidences du tueur qu’il a retrouvé, de l’autre Nell recueille le témoignage d’Ania Eisenstern, une scientifique mêlée aux agissements du premier. Les deux confessions s’entremêlent de manière à lever petit à petit les mystères qui entourent cette sombre histoire.

Spirite tome 3 Drakoo planche — ©Drakoo – Spirite T3 : Échos – Mara – 2025

Un thriller chez les fantômes

Assurant à la fois le scénario, les dessins et les couleurs, Mara s’est lancée dans une quadrilogie électrisante qui mêle avec brio thriller et histoire d’ectoplasme. La présence de personnages ayant réellement existé – le professeur Duncan MacDougall qui chercha, en son temps à peser le poids de l’âme (21 gr) – donnent du crédit et une réelle profondeur à un scénario vraiment surprenant et atypique.

Au fil des pages, Mara décrit des femmes fortes qui se sont battues pour être reconnues dans leur milieu professionnel. Dans le premier opus, c’était déjà le cas avec Nell, jeune journaliste qui doit s’extraire de la volonté de son patron à la cantonner aux rubriques mineures du journal dans lequel elle travaille. Dans ce troisième volume, on y découvre Ania. Première femme étudiante de l’université d’Outsmouth aux États-Unis, elle doit se battre pour faire reconnaître son travail de scientifique auprès de ses collègues. Elle y réussit avec brio et collabore de manière étroite avec l’un de ses partenaires. On y retrouve un peu de l’esprit de Marie Curie dans la jeune scientifique de Mara.

Du Disney à la sauce steampunk

De son propre aveu, le trait de Mara est fortement inspiré des films d’animation de Disney. C’est effectivement visible, mais cela serait très réducteur de résumer son dessin à cette caractéristique. L’illustratrice y ajoute une dose d’univers steampunk non négligeable qui renforce le côté décalé et fantastique du récit. Si le dessin est sombre, l’ensemble est parfaitement léché. On y apprécie l’expression des personnages. Les lectrices et les lecteurs seront sans doute impressionnés par les séquences où l’une des protagonistes est violemment victime d’une crise liée à l’envoutement d’un esprit.

Histoire de fantômes, romance lesbienne, thriller ou récit fantastique, Spirite est inclassable. C’est un savant mélange de genres cinématographiques haut en couleur. Le tout est concentré dans une quadrilogie qui témoigne de la haute capacité de Mara à embarquer son lectorat dans une enquête au long cours passionnante. Ce troisième tome a la particularité de pouvoir se lire sans connaître la teneur des précédents. Toutefois, cela serait dommage de se priver d’une telle lecture constituée de personnages parfaitement construits et d’un récit fluide qui ne ménage aucune pause.

Une chronique écrite par : Bruce Rennes

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