AVA, quarante-huit heures dans la vie d'Ava Gardner

Adulée et admirée dans le monde entier, Ava Gardner est l’une des plus grandes icônes du cinéma Hollywoodien des années 50. Emilio Ruiz et Ana Mirallès ont choisi de superbement nous raconter cette femme à la beauté inégalable, en s’attardant sur un bref évènement de sa vie de star aussi inattendu que méconnu. Ava, quarante huit heure dans la vie d’Ava Gardner, est un portrait réaliste de l’actrice et de sa personnalité.

À l’apogée de sa carrière, Ava Gardner est en tournée triomphante en Amérique Latine pour la promotion du film «La Comtesse aux pieds nus » et dans lequel elle incarne son plus grand succès. En provenance de la Havane, où elle a passé du temps avec son ami Ernest Hemingway, elle arrive à Rio. Bien avant son atterrissage, la personnalité de l’actrice, une situation politique locale instable et la ferveur des cariocas, annoncent un séjour tumultueux.

Effectivement, les évènements vont s’enchaîner et pousser Ava dans ses retranchements. Une histoire de falsification de passeports, des fans surexcités, des journalistes et paparazzi envahissants, sa récente séparation avec Franck Sinatra, un amour insistant qui l’espionne et dont elle ne veut pas, son image archétype de femme fatale, son goût pour l’alcool et la fête, l’orgueil des brésiliens qui se sentent offensés par son attitude…, vont, en l’espace de 48h, faire tomber la star de son piédestal et certainement motiver sa décision future de vivre en Europe libre de toutes contraintes professionnelles.

Qui est Ava Gardner ?

Fille de fermier née le 24 décembre 1922 dans une famille nombreuse, Ava vit une jeunesse pauvre dédiée aux études. Impressionnée par la beauté de ses 18 ans, son beau frère new-yorkais expose des photos qu’il a prises d’elle et les adresse aux studios de la MGM qui lui feront aussitôt signer son premier contrat à 19 ans. De nombreuses apparitions et petits rôles lui feront apprendre le métier. En 1946 elle donne la réplique à Burt Lancaster dans « les Tueurs », un film noir inspiré d’une nouvelle de son futur ami Ernest Hemingway, qui lui vaudra ses premières critiques élogieuses.

Son nom devient synonyme de sex appeal et quel que soit son talent, elle crève l’écran. Elle côtoie alors les plus grands : Clark Gabble, Robert Taylor, Gregory Peck, Robert Mitchum… Elle enchaîne les succès en même temps que les mariages. Devenue une star internationale incontournable et l’épouse de Franck Sinatra (son 3ème mari), elle est nommée aux oscars pour Nogambo en 1953. L’année suivante, préférée à Elisabeth Taylor ou encore Joan Collins, elle obtient le rôle principal refusé par Rita Haythworth dans « la Comtesse aux pieds nus » qui deviendra son film le plus marquant. C’est à ce moment précis que nous retrouvons Ava Gardner racontée par Emilio Ruiz et Ana Mirallès, lors de sa tournée de promotion à la sortie du film en 1954.

Une adaptation réaliste

Après s’être intéressé de très près au mythe Ava Gardner, Emilio Ruiz a eu l’idée de scénariser sa version des 48h de l’actrice à Rio sur la base de moult informations relatives à la vie de l’actrice. Ainsi se mêlent des évènements qui ont eu lieu à cet instant et à d’autres moments comme le passage avec Howard Hughes.

Le scénario contextualise très bien cette séquence dans la vie de l’actrice et fait ressortir à merveille ses traits de caractère et la manière dont ils sont pervertis par la presse et les autorités brésiliennes pour la désacraliser. De son mépris pour le star system et tout ce qui peut représenter l’autorité à sa compassion et son respect pour les « petites gens », l’auteur met ensuite en avant son image caricaturée par les médias : arrogante, alcoolique, hautaine, fêtarde et briseuse de couples. Le travail d’Ana Mirallès n’est pas en reste : réaliste, il fait partie intégrante de la narration et dit beaucoup de choses qui ne sont pas racontées sur Ava Gardner et Rio : la beauté des décors et de la baie de Copa Cabana merveilleusement mise en lumière et en couleurs, le goût d’Ava pour l’alcool, sa classe naturelle, le bonheur que lui procure le chant… Et même si les traits du visage ne sont pas toujours exactement ceux de la star, sa personnalité saute aux yeux et elle semble vivante tant les regards sont expressifs.

Celle qui fut surnommée « le plus bel animal du monde » et qui est décrite dans ses mémoires (1990 éditions Presse de la Renaissance) comme « une sirène fatale aux hanches ondulantes, capable de flanquer le feu à la planète en restant adossée contre un piano », reste toujours au firmament. Aujourd’hui elle est magnifiquement mise en image par Ana Mirallès et avec lescénario d’Emilio Ruiz, ils rendent grâce à la beauté d’Ava Gardner et à sa personnalité. Ils expliquent dans cette adaptation très documentée les péripéties de son court séjour à Rio et justifient les raisons quiont donné à l’actrice la force de s’affranchir des sociétés de production cinématographiques et de partir vivre en Espagne.

Une chronique écrite par : Xavier

Informations sur l’album :

Scénariste : Emolio Ruiz

Dessinatrice : Ana Mirallès

Editeur : Dargaud

Date de parution : Le 18 octobre 2024

Pages : 112 pages en couleurs