American parano T2 : Black House (2/2)
La grande ville, dans son atmosphère moite et brumeuse, cache ses dangers derrière un rideau de pop culture et de tolérance factice. San Francisco abrite pourtant un tueur sataniste qui échappe au « Police Department ». En cette fin des années 60, il n’y a pas que des hippies et des pacifistes à tout crin en Californie. L’inspectrice Kim Tyler et ses collègues naviguent en eaux troubles pour arrêter un tueur sadique coupable des immondices décrites dans le premier volume de ce diptyque Black House.

Au moment d’ouvrir ce second volet, la police fait toujours chou blanc dans la résolution des deux meurtres ayant choqué la « city by the bay ». L’arrestation du gourou Baron Yeval, fondateur d’une inquiétante « Eglise de Satan » ne change rien à l’affaire : le tueur cavale toujours et peut frapper à tout moment. De quoi échauffer les esprits des policiers en charge de l’affaire, et particulièrement de Kim Tyler. Celle-ci, voulant prouver son efficacité, est d’autant plus tendue que, de manière totalement inattendue, cette enquête pourrait lui apporter des éléments sur le suicide de son père, qu’elle n’a jamais pu comprendre. Alors qu’elle tourne en rond et que les interrogatoires avec Baron Yeval obscurcissent davantage l’affaire, comme un miracle, un ex-GI devenu marginal, se rend à la police et se présente comme étant l’auteur des crimes. La résolution de cette énigme semble trop facile aux yeux de la jeune femme. Elle va reprendre l’enquête de zéro en explorant à nouveau toutes les pistes, quitte à y perdre un peu d’elle-même…

Une police californienne en plein mystère
Après un premier tome où, tout en mettant en place l’intrigue typiquement policière, le scénariste H. Bourhis avait insisté sur l’ambiance de la ville, de l’époque et surtout sur l’introduction de personnages mystérieux dont l’état psychologique intriguait. Dans ce second opus, il se focalise davantage sur l’action et la résolution du « detective case ». Black House 2/2 multiplie en effet les pistes, les agissements policiers classiques et la ferveur développée par les enquêteurs qui galopent dans tous les sens pour stopper le tueur en série. Les confrontations subtiles avec des antagonistes inquiétants et le lourd climat d’un San Francisco menaçant en sont un peu mis de côté, même si les protagonistes rencontrés par Kim démontrent parfaitement que l’univers décrit est tout sauf sain. On assiste ainsi à une poursuite en voiture dans les rues de la ville façon Bullitt et à une résolution d’énigme finalement banale et attendue, quand le premier tome laissait à présager d’une conclusion surprenante et inédite.

Même si on en apprend davantage sur Kim, et qu’elle dévoile dans ce second épisode une part insoupçonnée de sa personnalité, le scénario laisse cependant le lecteur sur sa faim, notamment concernant les tourments majeurs de l’héroïne. De quoi laisser penser que ceux-ci seront le fil rouge de la série et que l’inspectrice Tyler va reprendre du service prochainement…
L’avancée dans le danger de la jungle urbaine dans American Parano tome 2
On ne change pas une méthode efficace et, pour Black House 2/2, le dessinateur L. Varela réalise un travail abouti rendant la BD visuellement attrayante et facile à lire. Si le scénario, davantage focalisé sur l’action, ne permet pas à Varela de développer toutes les nuances du précédent opus, il parvient toutefois à intriguer le lecteur et à donner une signification particulière aux éléments essentiels de l’histoire. Les expressions des personnages, en particulier des individus les plus surprenants, enrichissent le scénario d’une certaine profondeur. Les fous ont l’air inquiétants, les camés presque dangereux, même les simples passants d’une rue sont à surveiller, tant ils ont l’air suspects. Comme dans le tome précédent, les couleurs sont une des grandes forces (si ce n’est LA force) de l’album. L’univers sombre montre un danger omniprésent, les rares nuances de couleurs, la vitesse ou l’échappatoire au drame, particulièrement quand le rouge annonce le péril à venir ou souligne un climat mortifère. Signalons aussi la jolie couverture qui, si elle ne coïncide pas totalement avec l’histoire, en annonce toutefois la tendance : une enquêtrice perdue dans les soubresauts d’une ville où chaque coin de rue peut être synonyme de rendez-vous fatal.

Black House 2/2 marque la fin du premier cycle de la série American Parano et la résolution de l’énigme du tueur sataniste. Cette fin est davantage focalisée sur l’action pure et classique que sur la psychologie, centre du premier tome. L’héroïne Kim Tyler, si elle a résolu sa première enquête, n’en conserve pas moins des failles qu’on espère être exploitées dans un prochain cycle de cette nouvelle série.
Une chronique featuring écrite par : Mathieu Depit et Bruce Rennes
Informations sur l’album :
- Scénario : Hervé Bourhis
- Dessin : Lucas Varela
- Couleurs : Lucas Varela
- Éditeur : Dupuis
- Date de sortie : le 30 août 2024
- Pagination : 64 pages