Nephilims Tome 2 : Hurlements

En proposant un western mélangé avec du fantastique voire même de l’horreur, les scénaristes Sylvain Runberg et David Dusa, associés au dessinateur Stéphane Créty, évoquent des maux comme le racisme et la lutte des classes.

Arkansas, 1864. Au Smithsonian Institute, Kennicott est sans nouvelle de l’expédition envoyée dans les monts Ozarks sur les traces d’une civilisation ancienne. Il décide de partir à leur recherche. Sur place, le détachement de soldats noirs de l’armée du Nord, les Sudistes et les scientifiques tentent de survivre à une effrayante menace qu’ils ont eux-mêmes réveillé.

Un western fantastique rythmé

Sylvain Runberg (Zaroff) possède une maîtrise en histoire contemporaine, ce qui explique certainement son attrait pour les sujets historiques comme par exemple les Griffes du Gévaudan. Il travaille ici avec David Dusa, réalisateur suédois d’origine hongroise dont c’est la première bande dessinée.

Le premier volume de Nephilims était assez classique : il s’agissait de planter le décor, d’introduire les personnages et d’exposer clairement les enjeux de la série. Le lecteur pouvait donc s’attendre à un deuxième volet plus haletant et plus rythmé. Et c’est bien le cas : le scénario enchaîne les morceaux de bravoure sans relâche.

Un petit tour de force car l’album compte beaucoup de personnages répartis dans différents camps opposés mais la narration parvient à rendre tout cela lisible sans que le lecteur ne se sente perdu.

Sur le fond, l’album aborde plusieurs thèmes comme le racisme (les soldats nordistes et sudistes bien sûr mais aussi entre tribus indiennes) et la lutte des classes (les scientifiques instruits face aux soldats illettrés). Tout cela est intéressant et donne une épaisseur bienvenue à l’album.

Le souci est que ça n’a rien de surprenant : l’histoire est assez classique de nouveau et le lecteur expérimenté aura tôt fait de deviner ce qu’il pourrait arriver dans le troisième et dernier volume. Aux auteurs de déjouer les attentes !

Un aspect graphique plutôt réussi

Le dessin a été confié aux pinceaux de Stéphane Créty (Nains). Pour le premier album, il était assisté par Juliette Créty.

C’est dans la lignée du scénario, tout est bien fait : les visages sont expressifs, les scènes d’action sont plutôt bien rendues grâce à un découpage certes convenu mais efficace, etc…

Le manque d’innovation du dessin est le seul reproche que l’on peut faire : il manque un petit quelque chose qui lui permettrait de se distinguer de la masse comme une double page impressionnante avec les géants par exemple.

Elvire De Cock a été chargé de la mise en couleurs des planches. Vu l’aspect « film d’horreur » du scénario, les couleurs sont surtout sombres et jouent sur les ombres. Encore une fois, le tout est raccord avec le scénario mais ça manque d’un peu d’originalité. Il n’y a pas ce petit truc en plus (une innovation dans le découpage, le dessin ou le choix des couleurs) qui aurait fait passer cet album de « bon » à « excellent ».

De l’artisanat sans fioriture

L’équipe de cet album est très compétente : les scénaristes savent raconter une histoire rythmée malgré les nombreux points de vue, le dessinateur sait mettre en scène les personnages et les décors et les couleurs bien choisies participent à créer une atmosphère d’horreur.

Mais l’ensemble manque d’originalité pour faire de cet album un véritable incontournable. En résumé : on sent que des artisans efficaces ont fait leurs travail sans fioriture mais sans grande surprise non plus.

Une chronique écrite par : Frédéric P.

Informations sur l’album :