Randolph Carter tome 1 : La Ville sans nom

Figure incontournable de l’horreur cosmique, Howard Phillips Lovecraft a marqué l’imaginaire collectif avec ses monstres et ses divinités tentaculaires à la nature et aux pouvoirs inconcevables pour l’esprit humain. Avec Randolph Carter tome 1 : La Ville sans nom, le scénariste Simon Treins et le dessinateur Jovan Ukropina s’emparent de cet héritage littéraire pour se focaliser sur un personnage imaginé par l’auteur, l’archéologue Randolph Carter.

Randolph Carter tome 1 La ville sans nom couverture

© Editions Soleil, 2023 – Simon TREINS, Jovan UKROPINA

Engagé dans la Légion étrangère, l’américain Randolph Carter se retrouve dans l’enfer des tranchées aux côtés des Poilus durant la Première Guerre mondiale. Blessé et unique survivant d’une attaque de créatures monstrueuses et mystérieuses, il est transféré vers une mission au Moyen-Orient. Durant son parcours, l’archéologue enquêtera sur l’origine de ces êtres étranges ainsi que sur un culte secret très ancien lié à son histoire familiale.

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© Editions Soleil, 2023 – Simon TREINS, Jovan UKROPINA

Indiana Jones et la Cité sans nom

Comme tout bon récit d’aventures, le lecteur accompagne le principal protagoniste durant son voyage à travers des destinations exotiques et le dépaysement est au rendez-vous, des tranchées du nord de la France jusqu’au Proche-Orient. Cependant, ce n’est pas Randolph Carter qui décide du voyage mais ses supérieurs, ce premier profitant juste de l’occasion pour enquêter sur des affaires mystérieuses en chemin. Au fur et mesure, le récit dévoile ce qui lie tous ces événements entre eux, notamment un culte secret de créatures cosmiques terrifiantes.

Durant son enquête, Randolph Carter découvrira justement les éléments caractéristiques des récits horrifiques lovecraftiens, notamment des divinités ou des lieux mystérieux et effrayants. Tout ce décorum est certes efficacement amené tout au long du récit mais ni le lecteur ni le personnage principal n’en sont affectés par ce qui devrait être des horreurs qui dépassent l’entendement comme les œuvres originales de Lovecraft.

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© Editions Soleil, 2023 – Simon TREINS, Jovan UKROPINA

Ce récit d’aventures/enquêtes manque en effet d’enjeux émotionnels à tel point que le protagoniste semble toujours calme et serein même quand il découvre que sa famille est liée à ces menaces surnaturelles.

Le scénariste Simon Treins mobilise surtout son érudition avec des références littéraires à la fois françaises et anglo-saxonnes de l’époque. En effet, sont cités à différents moments du récit des poèmes qui n’ont aucun rapport avec les monstruosités lovecraftiennes. C’est en les inscrivant dans ce contexte que les textes prennent un tout autre sens bien adapté.

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© Editions Soleil, 2023 – Simon TREINS, Jovan UKROPINA

Exotisme et occultisme dans ce 1er tome de Randolph Carter

Au niveau visuel, une des réussites de cet album est le jeu des couleurs et des lumières réalisé de la main de Stéphane Paitreau. En effet, à chaque ambiance correspond un ensemble de couleurs retranscrivant la chaleur et la luminosité de la scène illustrée. Grâce à ce procédé, le lecteur se laisse agréablement submerger par les scènes les plus combatives, les plus exotiques ou les plus mystérieuses.

La ville sans nom page 39

© Editions Soleil, 2023 – Simon TREINS, Jovan UKROPINA

L’autre réussite est la représentation des créatures et autres monstruosités avec le trait efficace et élaboré de Jovan Ukropina. Le dessinateur fait en effet le bon choix d’évoquer le gigantisme de certaines créatures en les implantant dans des décors imposants par rapport à un humain ordinaire. Cette impression de taille est d’autant plus mise en scène avec des humains représentés souvent très petits dans les grandes cases où les créatures titanesques occupent une place importante. Pour ce qui est des créatures à taille humaine, leur corps est atrocement difforme, recouvert de divers pustules et autres bubons visqueux, voire ravagé. Même si cela ne semble pas affecter les personnages, le lecteur amateur de morts-vivants ou autres revenants en ressentira une once de dégoût et d’horreur.

Même si le premier tome de ce diptyque ne fait pas ressentir l’angoisse cosmique propre aux récits lovecraftiens, il reste néanmoins un agréable récit d’aventures où l’exotisme et le fantastique sont au rendez-vous. Tout cela est bien mis en valeur par une érudition et un style graphique qui colle parfaitement au récit et à l’atmosphère des lieux et de l’action. Les fans de l’auteur de Providence apprécieront et auront envie de découvrir l’issue de ces péripéties dans le tome suivant.

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© Editions Soleil, 2023 – Simon TREINS, Jovan UKROPINA

Chronique écrite par : Stéphane Triquoit

Informations sur l’album

  • Scénario : Simon Treins
  • Dessin : Jovan Ukropina
  • Couleurs : Stéphane Paitreau
  • Éditeur : Soleil
  • Date de sortie : 5 juin 2024
  • Pagination : 56 pages en couleurs

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