White Only
Harlem, 1940. Dans une Amérique profondément marquée par la ségrégation raciale, Julien Frey au scénario et Sylvain Dorange au dessin dressent le portrait d’Althéa Gibson, première Noire à participer au tournoi de Forest Hills (précurseur de l’US Open). White Only retrace son parcours, ses victoires et met en lumière sa carrière sportive brillante qui ouvriront la voie à d’autres grands joueurs comme Arthur Ashe ou Serena Williams dont les citations, en hommage à Althéa, préfacent la BD.

©Vents d’Ouest – White Only – Julien Frey et Sylvain Dorange – 2025
La première championne de tennis noire
Althéa Gibson est une jeune fille afro-américaine qui vit avec sa famille dans un petit appartement de la 143ème rue, dans le quartier pauvre de Harlem. Elle n’aime pas l’école qu’elle sèche souvent et préfère faire du sport : basket, athlétisme, baseball, tout lui plaît. Elle n’hésite pas à jouer contre les garçons qu’elle affronte régulièrement, même les chefs de gangs. Elle découvre le tennis, via un programme pour jeunes défavorisés, organisé par les policiers du quartier. Dotée d’une grande force de caractère et d’un talent sportif indéniable, elle veut prouver à son père qui n’y croit pas, qu’elle peut devenir une championne.

©Vents d’Ouest – White Only – Julien Frey et Sylvain Dorange – 2025
A cette époque, la politique de ségrégation raciale était en place essentiellement dans les états du sud, mais toute l’Amérique était touchée par le racisme. Au tennis, les Blancs n’autorisaient pas les Noirs à jouer avec eux. Ils avaient leurs propres clubs, leurs propres tournois et leur propre fédération. L’entraîneur d’Althéa, Fred Johnson impressionné par son talent, l’envoie en 1946 à Wilmington en Caroline du nord, à 200 km de New-York, chez son ami le Docteur Eaton, qui sera son mécène. Johnson et Eaton souhaitent intégrer des joueurs noirs aux tournois des Blancs et placent tous leurs espoirs dans la jeune fille. En 1950, la fédération de tennis des États-Unis cède.

©Vents d’Ouest – White Only – Julien Frey et Sylvain Dorange – 2025
En s’arrêtant sur des moments clés de sa vie et sur des rencontres marquantes, les auteurs mettent en lumière une femme oubliée de l’histoire qui a été la première joueuse de couleur à participer à des tournois du grand chelem et à en gagner une dizaine en commençant par Roland Garros en 1956, Forest Hills en simple et Wimbledon en double l’année suivante.

©Vents d’Ouest – White Only – Julien Frey et Sylvain Dorange – 2025
« Althéa ne changera pas de rêve. C’est le monde qui changera »
Le racisme est présent tout au long du récit, et ce, dès la couverture avec un titre percutant: White Only. Un titre qui fait écho à Blanc autour de Wilfrid Lupano et Stéphane Frêt, une autre BD parue aux éditions Dargaud en 2021 et qui dénonce également la ségrégation raciale aux États-Unis. Althéa a toujours refusé de lutter pour les droits civiques, de manifester. Elle voulait juste jouer au tennis, sans avoir à se soucier de sa couleur de peau, sans faire de politique. Sa combativité et sa ténacité à poursuivre son rêve, quels que soient les obstacles, ont ouvert la voie à d’autres joueurs et ont œuvré à faire bouger les mentalités.

©Vents d’Ouest – White Only – Julien Frey et Sylvain Dorange – 2025
A l’image du titre qui annonce la couleur, la couverture fait mouche. Dans le décor urbain du Harlem des années 40, une jeune afro-américaine en tenue de tennis apparaît déterminée, presque conquérante, et s’apprête à échanger quelques balles de tennis. Althéa livre bataille. Une bataille personnelle, une bataille familiale et une bataille politique. Cette ambiance combative du récit est adoucie visuellement par le choix de cases aux bords arrondis.

©Vents d’Ouest – White Only – Julien Frey et Sylvain Dorange – 2025
Le dessin semi-réaliste de Sylvain Dorange brosse le portrait de cette femme forte et déterminée avec un trait simple. Les personnages sont facilement reconnaissables et très suggestifs dans les expressions du visage comme dans les expressions corporelles. Les bâtiments, les rues et l’ambiance du quartier de Harlem sont parfaitement reconstitués avec des teintes ocre et terre-de-Sienne qui ne sont pas sans rappeler les terrains en terre battue de Roland Garros. Cette palette de teintes chaudes fait ressortir le blanc éclatant des tenues des joueurs et joueuses portées à l’époque.

©Vents d’Ouest – White Only – Julien Frey et Sylvain Dorange – 2025
En 150 pages divisées en quatre chapitres chronologiques, les éditions Vents d’Ouest proposent avec cette biographie, de commémorer le long combat des gens de couleurs dans la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. L’arme d’Althéa Gibson sera le sport. Même si l’ouvrage a tous les atouts pour ravir les passionnés de tennis, elle regarde au-delà du prisme sportif. White only est également le récit d’une fille qui veut prouver à son père qu’elle peut réussir, tout autant que l’histoire d’une femme qui par son obstination, va faire bouger les règles ségrégationnistes.
Une chronique écrite par : Emmanuelle DESSEIGNE
Informations sur l’album :
- Scénario : Stéphane Frey
- Dessin : Sylvain Dorange
- Couleurs : Sylvain Dorange
- Éditeur : Vents d’Ouest
- Date de sortie : Le 19 février 2025
- Pagination : 152 pages en couleurs
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