Les classes « Ulis » permettent aux enfants porteurs de handicap, comme la trisomie ou l’autisme, de pouvoir aller à l’école et d’apprendre au même titre que les autres élèves. Fabien Toulmé propose un nouveau récit, de fiction cette fois, pour mettre en avant ces classes et leurs difficultés.
Ulis raconte l’incroyable odyssée d’Ivan, ancien ingénieur devenu chômeur suite à un burn-out, qui se retrouve soudainement dans un collège, en tant qu’AESH (un Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap). Ce travail, proposé par Pôle emploi, va le faire sortir de ses habitudes et découvrir un monde difficile dont il ignorait l’existence. Pendant un an, il va œuvrer avec des jeunes gens en difficulté, apprendre leurs façons de voir le monde, pour lui-même se reconstruire et recommencer à avancer.
Le trait simpliste de Fabien Toulmé n’enlève en rien les sentiments véhiculés par l’artiste, et surtout par ses personnages. Les lecteurs peuvent comprendre la lassitude, la joie, ou encore la colère de chaque situation sans difficulté. Si certaines scènes mériteraient plus de précision, cela n’enlève en rien la fluidité de la narration. Les couleurs douces permettent de se faire transporter dans cet univers entre fiction et réalité, sans brusquer le lecteur dans les moments plus durs, comme lorsque certains personnages traversent une crise.
L’histoire fait le lien avec Ce n’est Pas Toi que j’Attendais, dans lequel Fabien Toulmé livre un récit autobiographique sur l’arrivée de sa fille, porteuse de la trisomie 21, et Et Travailler, Et Vivre, qui parle des difficultés du monde du travail et du burn-out. Ulis a beau être un récit de fiction, le lecteur ressent l’implication de l’auteur dans les deux sujets qui lui tiennent à cœur. Fabien Toulmé réussit le tour de force de créer une histoire accessible à tous, qui permet de connaître le point de vue de chaque acteur d’une école accueillant une classe Ulis : le professeur, les AESH, les élèves, mais aussi les parents, la directrice, les autres profs et élèves.
Grâce à Ulis, le lecteur adopte un nouveau regard face aux difficultés des AESH, des porteurs de handicap et de leurs proches. Peut-être qu’à force de mettre ces difficultés en avant, cela fera bouger nos sociétés. Mais en attendant, l’album fera passer un bon moment au lecteur, qui verra la progression de ces élèves plus que particuliers.