UK in a bad way
Les éditions Sarbacane ont choisi d’éditer en version française cette BD britannique qui décrit une amitié émouvante et explosive entre deux âmes solitaires pour lesquelles la rue est un terrain de jeu. Au cœur du dédale londonien, la rencontre entre ces deux outsiders, sera explosive.

©Sarbacane – UK in a bad way – James Harvey – 2025
UK in a bad way, c’est l’histoire d’une rencontre improbable entre deux électrons libres : Jin, l’étudiante coréenne en art, un peu punk, qui fuit son père, plus gros diamantaire de Corée du Sud et Edward, le magicien de rue, anarchiste. Ensemble, ils vont refaire le monde. Leur amitié se noue et se dénoue au gré des tourbillons de leur vie et de leur ville.

©Sarbacane – UK in a bad way – James Harvey – 2025
« Londres a plus de caméras de sécurité que tout le reste du monde réuni. Tu le savais ? »
UK in a bad way c’est aussi une critique de Londres, la capitale britannique, présentée comme un Big Brother en devenir. Par extension, ce sont toutes les dérives sécuritaires de nos sociétés modernes que dénonce l’auteur. Il charge sans détour la surveillance généralisée, via les caméras de rues ou nos smartphones, la fracture sociale ou encore le rapport à l’argent et à l’art d’une contre-culture qui, en définitive, reste très bourgeoise et intellectuelle.

©Sarbacane – UK in a bad way – James Harvey – 2025
Le récit est organisé en deux parties. Si la page d’introduction est assez déstabilisante, la première moitié du récit est brillante et surprenante. Les dialogues sont percutants, drôles, un brin perchés à l’image de nos deux protagonistes et de leur amitié fragile. La seconde partie est, en revanche, plus onirique et brouille les pistes avec un scénario un peu haché par des ellipses et une chute tellement ouverte qu’elle laisse une impression d’inachevé.

©Sarbacane – UK in a bad way – James Harvey – 2025
« Pour moi, faire de l’art, c’est dire la vérité. L’art apporte de la lumière à l’obscurité. »
Graphiquement, le dessin de cette BD est parfaitement maîtrisé mêlant de nombreuses inspirations. Inspiration comics, bien sûr, sans surprise, puisque James Harvey a collaboré à deux numéros de Doom Patrol chez DC Comics. Mais inspiration manga également dans les expressions de Jin. Le récit est raconté de son point de vue, passant parfois en vue subjective, permettant au lecteur de partager sa perspective, notamment lors de soirées où elle abuse de la kétamine.

©Sarbacane – UK in a bad way – James Harvey – 2025
Le trait est précis, autant pour le décorum de la ville que pour l’expressivité des personnages. Le noir et blanc domine, tranché uniquement par des touches de couleurs choisies avec précision : uniquement les trois couleurs primaires jaune, bleu et rouge. Ce choix n’est pas purement esthétique mais sert le propos d’Edward : « Les couleurs primaires sont les outils de l’institution. (…) Le gouvernement nous contrôle avec les couleurs ! » Les touches de couleurs semblent baliser l’espace public, soulignant les pubs et les panneaux de façon presque agressive, dans le but de pousser au consumérisme. Le style graphique est brut, dans une ambiance très britannique punk et underground.

©Sarbacane – UK in a bad way – James Harvey – 2025
James Harvey signe une œuvre décalée et pertinente qui interroge sur certaines dérives de nos sociétés urbaines et contemporaines. Malgré une narration un peu confuse et déstabilisante dans la seconde partie, l’auteur propose une BD originale qui joue avec les métaphores et pousse à la réflexion bien au-delà de son récit.

©Sarbacane – UK in a bad way – James Harvey – 2025
Chronique écrite par : Emmanuelle Desseigne
Informations sur l’album :
- Scénario: James Harvey
- Dessins et couleurs : James Harvey
- Éditeur : Sarbacane
- Date de sortie : Le 7 mai 2025
- Pagination : 64 pages
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