T60 de Buck Danny - Air Force One - Chronique des Amis de la BD

L’aviateur le plus célèbre de la bande dessinée continue son aventure mouvementée face aux Intelligences Artificielles de combat, débutée dans le tome précédent. Entre la chasse aux traîtres, le retour de personnages emblématiques, les coups du sort et les coups de chance, Buck Danny et ses amis ne vont – et c’est une habitude pour eux ! – pas avoir la tâche facile pour éviter le chaos planétaire envisagé par des méchants sans scrupules…

Couverture du T60 de Buck Danny © Buck Danny – Gil Formosa et Frédéric Zumbiehl – Dupuis

A la fin de « Programme Skybord », le tome 59 de la série, nous avions laissé Buck et son ailier Tumbler en bien mauvaise situation : ils venaient, non sans mal, de débusquer un traître dans leur équipe et d’apprendre que leur compère Sonny Tuckson venait d’être enlevé par leur ennemi régulier, le machiavélique Sato… Aidé par la belle navajo Yumane, le blond colonel prend la direction des rocheuses pour retrouver Sonny, tandis que Tumbler, lui, suit une autre piste qui va le mener à bien des surprises et notamment vers un ancien collègue disparu des mémoires depuis bien longtemps. Et si l’objectif des ennemis se cachant dans l’ombre était le plus évident possible : un marasme international visant à éliminer le personnage le plus puissant du monde ? Nos courageux aviateurs vont devoir redoubler d’efforts pour éviter le pire !

Page 3 du T60 de Buck Danny — © Buck Danny – Gil Formosa et Frédéric Zumbiehl – Dupuis

Un héros en pleine routine

Dans la famille Danny, on demande… la série principale ! Depuis que l’univers Buck Danny est devenu une franchise, la collection mère semble être, paradoxalement, un peu oubliée et dépassée par les autres, notamment par « Classics », qui rencontre un grand succès auprès des fans. Buck Danny, lui-même, en aurait-il pris ombrage ? Il semble en effet être un peu absent de cette 60ème aventure qui le voit, lui et ses collègues, expédier un travail courant pour eux, celui de sauver le monde. Si le scénario de Zumbiehl se suit sans ennui, il ne dégage cependant aucune passion ou émotion, mais plutôt une impression de « déjà vu ». Développant le schéma classique de héros luttant contre la montre pour faire échouer un projet démoniaque de puissants adversaires leur ayant, étrangement, dévoilé le pot aux roses par mépris ou démonstration de domination, « Air Force One » déroule une aventure dynamique et haletante, mais sans surprises. Le lecteur suit, tout au long des 45 planches de la BD une histoire rassurante, tout à fait dans l’esprit de « Buck Danny », sans toutefois obtenir le surcroît d’adrénaline et de tension que font ressentir les bandes dessinées d’aventures sortant du lot. Zumbiehl apporte pourtant des éléments nouveaux, comme une course-poursuite dans les superbes décors des rocheuses, le grand rôle tenu par la belle Yumane, le retour d’un ami oublié depuis des lustres ou bien encore le statut de héros à part entière pour le trop discret Tumbler (aux tempes grisonnantes !), tout cela, développé de façon trop rapide ressemblant un peu trop à des ficelles scénaristiques pour être totalement apprécié. La dernière page de l’album nous donne cependant l’espoir d’un véritable changement dans la série mère, en espérant qu’elle redonne un coup de boost à l’aviateur le mieux coiffé du monde.

Page 4 du T60 de Buck Danny — © Buck Danny – Gil Formosa et Frédéric Zumbiehl – Dupuis

La fin d’une époque pour des avions qui volent

Ce changement se fera sans Formosa. Le dessinateur, par un texte montré dès la page de garde, avertit les lecteurs qu’ « Air Force One » sera son dernier Buck Danny… Il promet cependant, sans préciser comment, de rester dans l’univers du mythique aviateur. Concernant ce tome 60, le dessin est, encore une fois, excellent et dans la droite lignée du travail rendu depuis que Formosa a repris la série, 7 albums plus tôt. Les paysages traversés par les héros, et notamment les Rocheuses, sont splendides ; les personnages bien faits, rassurants pour tout fan historique de la série. On peut toutefois souligner que les traîtres sont reconnaissables bien avant d’être démasqués, tant leur regard fait frémir… Les combats aériens, indispensables à tout opus de Buck et ses amis, sont parfaitement exécutés et, comme on a pu le dire du grand Bergèse, avec Formosa, on sent les avions qui volent !

Page 5 du T60 de Buck Danny — © Buck Danny – Gil Formosa et Frédéric Zumbiehl – Dupuis

L’impression de vitesse et de dynamisme dans le dessin de ce tome 60 peut toutefois engendrer des images un peu complexes à appréhender, mais l’ensemble reste tout à fait lisible et agréable. Le modernisme apporté par Formosa a fait un bien fou à la série et il sera difficile de trouver mieux…

Page 6 de l'album Air Force One — © Buck Danny – Gil Formosa et Frédéric Zumbiehl – Dupuis

Au final, « Air Force One » constitue une aventure classique, déroulant un cahier des charges traditionnel que les fans pourront apprécier. Cependant, après « Programme Skyborg » on peut ressentir une légère déception, tant on pouvait s’attendre à une fin de diptyque exceptionnelle ! Gageons toutefois que, dès le prochain album, avec un nouveau dessinateur, Buck Danny, toujours professionnel et bien coiffé, saura rebondir comme il sait le faire depuis si longtemps.