Rédemption – T13 de Michel Vaillant Nouvelle saison
L’équipe Vaillante, véritable monument du sport automobile, a gagné sur presque tous les circuits du monde, dans tous les types d’épreuves qui se disputent derrière un volant. Après avoir participé aux 24 heures du Mans dans La Cible, le tome précédent de la série Michel Vaillant, l’écurie française s’attaque, avec ce T13 de Michel Vaillant Nouvelle saison, à une autre course mythique : les 500 miles d’Indianapolis.
Au moment où débute ce nouvel épisode de la « saison 2 », le sénateur du Texas, Steve Warson, est mis au secret par le FBI. Il est en effet toujours poursuivi par une tueuse insaisissable qui l’avait pris pour cible lors des 24 heures du Mans. Afin de pouvoir appréhender la criminelle, les autorités américaines proposent à la famille Vaillant de faire participer Steve aux 500 miles d’Indianapolis afin de provoquer celle qui veut l’assassiner, pour l’arrêter et comprendre ses motivations. L’américain va donc reprendre le volant, en compagnie de Michel et d’Elsa Tainmont, pilote officielle de Vaillante en IndyCar. Mais le voyage en Indiana ne va pas se passer comme prévu pour la team Vaillante, menée par Françoise, P-DG de la marque et femme de Michel, rongée par le cancer, et pour Steve, cible de nombreux personnages de l’ombre.
Une histoire qui ne finit pas d’en finir
À l’image de l’album précédent, La Cible, Rédemption est construit autour d’une course de légende bien connue des lecteurs – Michel Vaillant a disputé à de nombreuses reprises les célébrissimes 500 miles dans la « saison 1 » de la série –d’une intrigue prenant son origine à l’épisode précédent et se terminant en teasing du prochain opus. Le principe de la série moderne, type Netflix, est donc réutilisé, de manière à rendre plus actuelle une collection vieille de presque 70 ans. Cependant, en suivant le principe des « suites au prochain épisode », le scénariste Lapière étire durablement une histoire dont la trame, un peu mince, ne supporte pas une telle élasticité. Quelques éléments, placés ça et là dans l’album pour créer un mini suspense, donnent une impression de remplissage, tout comme les éléments explicatifs sur les 500 miles qui réduisent le dynamisme déjà restreint de l’album. Cette trame dénuée de peps fige l’action et nuit quelque peu aux « incroyables révélations » et au caractère « historique » (dixit l’éditeur) de cette histoire où l’émotion a du mal à passer. Rédemption, malgré son scénario un peu poussif, contient toutefois les marqueurs de la série Michel Vaillant, attendus par les lecteurs. On y suit, en plus d’une course et des dangers omniprésents, la vie de la famille Vaillant, les valeurs du travail et les doutes et sentiments des personnages que Lapière sait adapter aux temps présents. Les fans les plus assidus trouveront même une certaine ressemblance de l’album avec Le secret de Steve Warson (tome 28 de la « Saison 1 »).
Les héros sont fatigués
Le dessin de l’album est assuré par Bourgne et Eillam en remplacement de Bénéteau, parti vers de nouveaux projets. La transition est assurée avec soin et l’ensemble est visuellement réussi, tant au niveau des voitures que des personnages. Concernant ceux-ci, on note que, comme dans La cible, les héros Michel Vaillant et Steve Warson sont peu visibles et jouent les seconds rôles, laissant la vedette à Elsa, la pilote, et Jean-Michel, le neveu, qu’on découvre sous un autre jour. Les amateurs de la série seront ravis par le retour d’Eddy McGrath, dont la modernisation du physique est tout à fait réussie. On note que, malgré sa maladie, Françoise est toujours superbe. La couverture de l’album, en revanche, n’est pas vraiment lisible et n’apporte au lecteur aucun élément concret sur l’album. Par son aspect volontairement spectaculaire, elle s’intègre toutefois à certains albums de J. Graton, comme Le cirque infernal ou La révolte des rois. Les couleurs de Tatti restent, comme sur les opus précédents, très réussies, ni trop ternes, ni trop criardes, et sont parfaitement adaptées au style réaliste de l’ensemble.
En revenant à Indianapolis, qu’il découvre dès sa première aventure en 1957, Michel Vaillant continue de tracer sa légende. Si celle-ci, dans cette « saison 2 », s’oriente toujours vers le succès en course et les trophées, elle s’établit sur une trame qui dure en longueur, pour laquelle le lecteur pourra nourrir quelques frustrations. Malgré ces réserves, Michel Vaillant et sa bande restent, comme le veut la formule, des amis « forts, courageux et loyaux » qu’on aime suivre dans leurs aventures et qu’on retrouve quoi qu’il arrive avec plaisir !
Chronique écrite par Mathieu DEPIT
Informations sur l’album
- Scénario : Denis Lapière
- Dessin : Marc Bourgne
- Couleurs : Bruno Tatti
- Éditeur : Graton
- Date de sortie : 17 mai 2024
- Pagination : 56 en couleurs
