T1 de Guerres et Dragons - La Bataille d'Angleterre

Période de prédilection des uchronies ou histoires alternatives, la Seconde Guerre mondiale a été réinterprétée à toutes les sauces avec des récits plus ou moins réalistes et d’autres où l’imagination l’emporte totalement sur la réalité historique. Le T1 de Guerres et Dragons fait partie de ces derniers avec l’intervention des plus célèbres reptiles de la culture populaire aux côtés des Stukas et des Spitfires en pleine bataille d’Angleterre.

Couverture du T1 de Guerres et Dragons — © Guerres et Dragons – David Courtois, Nicolas Jarry et Vax – Soleil

L’Allemagne nazie attaque le Royaume-Uni depuis les cieux avec des bombardiers et des dragons, terrorisant la population britannique. Les différents membres de la famille de Kent doivent chacun à leur manière faire face à cette menace. Tandis qu’Edward combat les Allemands et leurs reptiles volants, sa sœur Alexandra doit prendre soin de son petit frère Michaël pendant leur fuite vers l’Amérique. Séparés par les aléas du conflit, ils se retrouvent tous liés à un mystérieux et puissant dragon qui semble être leur ange gardien.

Page 6 du T1 de Guerres et Dragons — © Guerres et Dragons – David Courtois, Nicolas Jarry et Vax – Soleil

Les ailes de la guerre

Contrairement à ce que pourrait faire croire le titre et la couverture, le récit est surtout centré sur le vécu et les épreuves de cette fratrie et non pas uniquement sur les duels aériens entre avions et dragons. Le grand frère Edward doit se montrer digne de feu son pilote de chasse de père et doit autant affronter des avions ennemis que leurs auxiliaires draconiques. Alexandra quant à elle découvre qu’elle possède un don qui permet d’appeler un dragon quand elle ou son petit frère sont en danger. Tout un chacun apprendra à exceller dans son domaine respectif avec pour principale motivation de protéger les êtres qui leurs sont chers et non de détruire l’adversaire. C’est en se focalisant sur le parcours de cette famille que le scénario de Nicolas Jarry et David Courtoi tire sa force car on ne peut que s’attacher à cette fratrie qui survit et combat à la fois dans cette fresque où humains et dragons sont mêlés.

Page 13 du T1 de Guerres et Dragons — © Guerres et Dragons – David Courtois, Nicolas Jarry et Vax – Soleil

Ces derniers sont d’ailleurs peu présents vu que ce sont les humains qui sont au cœur de l’histoire. Cela ne va pas en défaveur du récit car les interventions de ces reptiles volants sont très impressionnantes, ce qui les rend d’autant marquantes. Surtout que leurs apparitions constituent souvent un point de bascule du récit et qu’ils font avancer l’intrigue et le parcours des différents personnages.

Au niveau narratif, les fonctions des dragons sont d’ailleurs bien marquées et réparties en fonction du camp auquel ils appartiennent. Tandis que les dragons britanniques sont présentés comme les protecteurs de la Grande-Bretagne, les dragons allemand apparaissent comme destructeurs. Ces créatures fantastiques sont donc mobilisées à bon escient comme des évocations des différentes forces aériennes en présence, l’une pour défendre, l’autre pour menacer.

Le récit n’explique pas exactement les origines des dragons et de leurs liens avec les humains, ce qui pourrait faire croire à un manque d’élaboration du contexte de cette Histoire alternative. Or, les quelques éléments de la toile de fond exposés par-ci par-là permettent de rendre l’existence de ces créatures crédible aux yeux du lecteur. Nicolas Jarry et David Courtois ont donc réussi à nous faire accepter cette cohabitation entre dragons et humains.

Page 21 du T1 de Guerres et Dragons — © Guerres et Dragons – David Courtois, Nicolas Jarry et Vax – Soleil

Quand le ciel s’embrase

Le dessinateur Vax recourt beaucoup à des cases larges afin de retranscrire l’ampleur des forces aériennes et des événements marquants voire même les éléments déchaînés dans le ciel ou sur les mers. Cela lui donne surtout l’espace suffisant pour illustrer des dragons très impressionnants et majestueux. Le lecteur prendra plus que du plaisir à les admirer car ces monstres ailés sont retranscrits dans des décors et évènements qui leurs donnent une ampleur à la fois visuelle et narrative.

Le style graphique sert donc à merveille la narration et cela fonctionne d’autant plus avec l’allure des différents dragons qui se démarque en fonction de leur camp respectif. L’aspect destructeur des dragons allemands s’incarne par leur couleur rouge sombre ainsi que leurs cornes, procurant une allure diabolique à ces cracheurs de feu.Les Britanniques quant à eux sont d’un bleu très pâle, incarnant ainsi une force calme et majestueuse, protectrice et non destructrice.

Page 30 du T1 de Guerres et Dragons — © Guerres et Dragons – David Courtois, Nicolas Jarry et Vax – Soleil

Dans l’ensemble des cases, le coloriste Vincent Powell use aussi d’un habile jeu de couleurs et de lumière qui forgent une atmosphère propre à chaque évènement ou décor du récit.Le lecteur peut ainsi autant ressentir la chaleur d’une aube lumineuse ou encore le froid des journées et nuits humides typiquement britanniques.

Bien que les dragons soient bien retranscrits, il n’en est pas de même pour les avions. De temps à autre les silhouettes de certains appareils sont bien rendues mais sous d’autres angles, elles perdent un peu de leurs particularités. Seuls les passionnés d’aviation pourraient regretter ce petit bémol qui, en soi, ne gâche en rien le style graphique de cet album.

Mêlant les dragons à notre histoire réelle, ce premier tome de Guerres et dragons est une réussite car il parvient à la fois à nous émerveiller de part sa patte visuelle et à nous émouvoir avec le récit d’une famille devant faire face aux tourments de la guerre. Un début prometteur dont on espère que la qualité et les forces se retrouveront dans les prochains albums, qui seront dédiés à d’autres périodes et d’autres personnages.