Rétro – L’Aorte sauvage – T19 des Femmes en blanc

Mythique série du Journal de Spirou, Les Femmes en blanc, du regretté Raoul Cauvin et du vivace Philippe Bercovici, dérouillent les zygomatiques. Attention, ce 19e tome “L’aorte sauvage” multiplie les gags au point d’être déconseillé à toute personne cardiaque. Qu’à cela ne tienne :  investi dans sa mission, l’auteur du présent texte a décidé de changer la sienne, d’aorte, avant de se plonger dans la lecture de cet album rétro. Petite chronique cathartique. 

Couverture de L'Aorte sauvage
© Les Femmes en blanc – Philippe Bercovici et Raoul Cauvin – Dupuis

Depuis plus de 35 ans, le Dr Minet et son équipe nous plongent dans un univers hospitalier pas si loufoque que ça puisque les auteurs en profitent pour dénoncer, mine de rien, un système de santé à la dérive depuis des décennie entre manque de moyen matériel (pas assez de lits, ascenseur en panne, etc.) et des ressources humaines limitées (des infirmières surmenées). Résultat : le système D prédomine avec pour objectif de soigner des patients toujours plus atypiques. Et, même si le résultat des soins n’est pas toujours à la hauteur des attentes du corps médical, avec quelques décès à la clé, on rigole bien souvent : humour noir quand tu nous tiens !  Le Dr Minet est un médecin et chirurgien multidisciplinaire capable le temps d’un album de se spécialiser dans les opérations des yeux, de soigner des abcès consécutifs à des erreurs médicales ou de transplanter un genou sans aucune expérience : “il faut une première fois à tout.”  Tantôt compréhensif, tantôt colérique, il se débrouille avec une équipe d’infirmières dévouées, mais pas si naïves, qui tentent d’échapper à son autorité parfois abusive et à des horaires interminables agrémentés de conditions de travail laborieuses. 

Page 3 de L'Aorte sauvage
© Les Femmes en blanc – Philippe Bercovici et Raoul Cauvin – Dupuis

Disparu en 2021, Raoul Cauvin, “l’homme qui soignait par le rire”, nous a livré un 19e tome cohérent avec l’ensemble de la série. Il comporte des gags alternant scènes de vie ou de bloc opératoire invraisemblables (encore que !) et des anecdotes qui fleurent bon l’ironie sur le système hospitalier actuel. Le regretté Cauvin aura su nous faire rire avec la maladie et la mort le temps de 42 albums. 

Page 4 de L'Aorte sauvage
© Les Femmes en blanc – Philippe Bercovici et Raoul Cauvin – Dupuis

Le précoce Philippe Bercovici a été publié dans le journal de Spirou dès la fin des années 70. Au fil du temps, il prend de plus en plus de place dans le magazine au point d’obtenir le titre honorifique de dessinateur le plus rapide de la profession. Il s’illustre notamment en 1999 en dessinant les 48 pages du Spirou n°3183 du 14 avril 1999. A l’instar de toute son œuvre, son trait est toujours rapide, reconnaissable parmi tous, et dynamique, nous offrant quelques scènes habituelles d’anthologie de la vie hospitalière. 

Page 5 de L'Aorte sauvage
© Les Femmes en blanc – Philippe Bercovici et Raoul Cauvin – Dupuis

Certes, “L’aorte sauvage” n’est pas plus représentatif qu’un autre parmi les 42 tomes de la série imaginée par l’inoubliable duo Cauvin / Bercovici. Pendant plus de trois décennies, ils auront rendu hommage à une profession récemment placée sous le feu des projecteurs le temps d’une pandémie interminable. Toutefois, parmi les albums publiés et les nombreux jeux de mots qui en constituent les titres, le choix de cet album rétro aura été guidé par l’aventure estivale du rédacteur de la présente chronique dont l’été 2022 aura été consacré à dompter cette fameuse artère indisciplinée.

Page 6 de L'Aorte sauvage
© Les Femmes en blanc – Philippe Bercovici et Raoul Cauvin – Dupuis

Chronique écrite par Bruce RENNES

Informations sur l’album

  • Scénario : Raoul Cauvin
  • Dessin : Philippe Bercovici
  • Couleurs : Vittorio Leonardo
  • Éditeur : Dupuis « Tous publics »
  • Date de sortie : 4 août 1999
  • Pagination : 48 en couleurs
  • Format : 218 x 300

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