Nocéan tome 3 : Fissures

Fissures est le troisième et dernier tome de Nocéan, première série entièrement écrite et dessinée par Efa. Celle-ci présente un monde post-apocalyptique dans lequel la montée des eaux a effacé tout continent sur Terre. C’est dans cet environnement difficile que tente de survivre Atari, menant d’infatigables combats pour sauver son prochain !

Dans cette trilogie d’anticipation, les lecteurs découvrent Systéma, ville entourée par le Nocéan, océan acide ayant rayé l’Europe de la carte et où nulle vie ne subsiste. Les classes sociales y sont inégales et se trouvent réparties par « secteurs » : plus une personne aura un rang élevé, plus son lieu de vie sera en hauteur au centre de Systéma. A contrario, plus un individu sera pauvre, plus il résidera à faible altitude et en bordure de la ville. Ainsi, ce sont les personnes les plus nécessiteuses qui sont en première ligne lorsque les barrages protégeant la cité lâchent.

De la dureté de la vie

Ayant perdu très tôt sa mère, Atari est une jeune hackeuse recueillie par Iaia, qui tient difficilement un restaurant dans un secteur bas de Systéma. Fille au caractère rebelle, Atari a tenté de se révolter contre les hauts dirigeants de la ville, qui ont tous les privilèges, sans succès. Elle fait néanmoins la rencontre de Tika, jeune fille au passé mystérieux, dont les origines, quoique floues, semblent prendre racine dans le Cumulus, plus haut bâtiment de Systéma.

Du mouvement au cœur des cases

Grâce aux personnages et aux décors très détaillés, le dessinateur crée efficacement des atmosphères distinctes entre les « pauvres » et les « riches ». De plus, rien qu’en regardant les vignettes, le lecteur peut être saisi par un dessin remarquable qui retranscrit à la perfection le dynamisme des vagues, ainsi que la force des mouvements de foule, lui faisant percevoir la pression ressentie par une Atari perdue au cœur de ces tensions. À cet effet, le dessin épaule totalement le récit, quitte même à rattraper quelques maladresses. Par exemple, si les ellipses ne sont pas flagrantes d’un point de vue narratif, le dessin rattrape à merveille ce problème grâce à la représentations réaliste des affres du temps sur tous les éléments, comme l’usure des vêtements.

Tika, personnage aux couleurs atypiques dans un monde sombre

La couverture vert-fluo attire l’œil, et Atari semble regarder au plus profond de l’âme de l’assistance, ce qui suscite l’intérêt de cette dernière. Afin d’entrer en accord avec le thème sombre abordé, toutes les couleurs de l’histoire sont foncées, majoritairement vert et gris. Seuls quelques éléments sont dans des couleurs plus flashy pour dénoter du reste. Par exemple, Tika, avec ses cheveux fuchsia, apporte un certain contraste et, de ce fait, va attiser la sympathie et la curiosité de la part des lecteurs, en attirant l’attention sur elle.

Une montée des eaux beaucoup trop rapide

Ballotté d’un bout à l’autre du récit, le spectateur a le sentiment d’être aussi perdu qu’Atari. En effet, le rythme rapide du récit, dès l’introduction, rend les informations difficiles à comprendre, et le lecteur est vite perdu dans ce flot de nouvelles données. Il doit s’y reprendre à plusieurs fois afin de bien s’imprégner de chaque information, et surtout faire un lien avec l’album précédent. Le reste de l’histoire ne ralentit pas, et même si les informations y sont plus claires, elles auraient gagné à avoir des explications plus poussées.

Cet album clôt de manière totalement inattendue, mais de façon épique, la série d’anticipation Nocéan. Cette BD pour les ados et adultes utilise des sujets très actuels pour dénoncer le pouvoir des minorités haut placées sur les populations exploitées. Mais même si les lecteurs veulent simplement passer un bon moment, ils y trouveront leur compte grâce à cette série entraînante. On attend avec impatience de nouvelles création d’Efa.

Une chronique écrite par : Serena Morciano

Informations sur l’album :