Niveau 1 : Bêta-test – T1 de Rob

Que vaut-il mieux, avoir un petit diable du nom de Nelson qui fait les 400 coups dans la maison, ou bien investir dans un robot apte à faire le ménage et féru de philosophie ? Quand Clunch achète un robot domestique pour faire les « trucs pénibles » à sa place, dans Niveau 1 : Bêta-test, il ne sait manifestement pas encore ce qui l’attend.

Couverture de Niveau 1 : Bêta-test
© Rob – Boris Mirroir et James – Delcourt

Un robot malicieux et son humain pantouflard

Rob Niveau 1 : Bêta-test forme discrètement une histoire suivie, malgré le découpage en gags de six cases. En une soixantaine de pages d’un même niveau (très bon), la relation entre un adulte pantouflard et son robot passe par de nombreux stades.

Rob apporte beaucoup de surprises à son propriétaire, que ce soit en donnant un prénom à tous les électroménagers et en sortant avec Chantal l’aspirateur ou en le remplaçant totalement à son travail à l’usine après avoir démontré son plus grand productivisme. Des périodes de contestation n’ont pas manqué non plus, par exemple lorsque Rob refuse de continuer à faire le ménage. Rob comprend vite les choses et ne se laisse pas faire !

Page 3 de Niveau 1 : Bêta-test
© Rob – Boris Mirroir et James – Delcourt

Bien entendu, Clunch et Rob passent aussi du bon temps ensemble et finissent par se donner des conseils en amour, à regarder des films assis côte à côte sur le canapé ou à simplement se chamailler, comme s’ils étaient humains tous les deux. De robot-serviteur, Rob s’est rapidement fait une place de premier choix dans le monde des hommes, dont il apprend les codes au fur et à mesure, tout en apportant sa touche personnelle, quelquefois déconcertante. Pendant ce temps, celui qui ne change quand-même pas énormément, c’est Clunch…

Page 4 de Niveau 1 : Bêta-test
© Rob – Boris Mirroir et James – Delcourt

Un coup de crayon savoureux et des gags finement ciselés

James au scénario et Boris Mirroir au dessin et aux couleurs nous livrent avec Rob Niveau 1 : Bêta-test, une superbe bande-dessinée truffée de qualités malgré son apparente simplicité. On pourrait la dire « sobrement décalée ». On rit des attitudes du robot, de ses paroles et des situations.

Dans un décor minimaliste, la plupart du temps le salon de Clunch avec son canapé et la télévision, on apprécie particulièrement le trait affuté qui donne vie aux personnages, même ceux composés de ferraille. Plus remarquable encore, les couleurs pastel, qui donnent beaucoup de cachet à l’album. Souvent, une source de lumière provenant d’une lampe ou de la télévision oriente le regard vers les personnages tandis que les murs de l’appartement ou du bureau passent au fur et à mesure par toute la palette des couleurs, ni trop flashy ni trop fades.

Page 5 de Niveau 1 : Bêta-test
© Rob – Boris Mirroir et James – Delcourt

Rob Niveau 1 : Bêta-test toujours d’actualité

Cette bande dessinée de Rob est un très bel album, l’un des rares qui s’intéresse aux relations plus terre-à-terre entre humains et robots. On encore dans un monde qui croit pouvoir gérer les robots qui ne seraient là que pour nous aider à remplir les corvées. Sans compter qu’à travers ses gags, James apporte d’intéressantes réflexions tout en faisant passer ses idées à travers un ton léger et amusant.

Très vite, Clunch est dépassé par les attitudes de Rob et étant lui-même assez paresseux et peu engagé, s’aventure dans une relation ambiguë avec l’engin à la personnalité finalement bien affirmée. Particulièrement bien pensé : l’insertion de bulles carrées pour le robot et de bulles arrondies pour Clunch et les êtres humains. Le style dessert particulièrement bien l’histoire et les gags s’enchaînent avec virtuosité jusqu’à la dernière page.

Page 6 de Niveau 1 : Bêta-test
© Rob – Boris Mirroir et James – Delcourt

Un humour constant à ne pas manquer

Rob a beau manquer de publicité actuellement, il mérite plus que tout d’être mis en avant pour la modernité de son style et de ses thématiques. Ne parle-t-on pas sans cesse dans l’actualité du désintérêt des humains pour le travail, du remplacement de ceux-ci par des robots et des apports de l’intelligence artificielle ? Tout ça est évoqué dans Rob avec un humour vraiment très savoureux !

Page 7 du tome 1 de Rob.
© Rob – Boris Mirroir et James – Delcourt

Chronique écrite par Aurélie DORCHY

Informations sur l’album

  • Scénario : James
  • Dessin : Boris Mirroir
  • Couleurs : Boris Mirroir
  • Éditeur : Delcourt « Pataquès »
  • Date de sortie : 6 février 2019
  • Pagination : 61 en couleurs

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