Neuf de Pelaez et Grabowski

Nouvel horizon pour une humanité en perpétuelle quête d’exploration et de découverte, l’espace fait rêver tant les scientifiques que les écrivains. Avec Philippe Pelaez comme navigateur narratif et Guénaël Grabowski aux manettes graphiques, Neuf nous propose d’embarquer à travers un voyage spatial et humain vers la voûte céleste.

Traumatisé par la disparition de son père, Johnny C. Hubel décide pourtant de suivre ses pas et de partir à la découverte de l’espace intersidéral. Son voyage à travers le cosmos l’amènera non seulement à explorer la planète Neuf, dont l’existence serait hypothétique, mais aussi son propre passé.

Entre l’espace et le temps

Le cœur même de l’intrigue ne concerne pas les obstacles techniques et scientifiques de la conquête spatiale mais davantage les tourments et le parcours psychologique du protagoniste. Le lecteur suivra l’évolution de cet astronaute en devenir, de sa formation de pilote jusqu’à sa grande mission d’exploration de la planète Neuf.

Dès les premières pages, Philippe Pelaez fait comprendre que Johnny Hubel possède déjà toutes les aptitudes pour le voyage interstellaire et il s’intéresse davantage à ses relations pour le moins compliquées avec son entourage. Que cela soit avec sa petite amie, son mentor ou encore un psychologue, l’aspirant astronaute peut se montrer vif et enthousiaste mais il finit par révéler une nature assez morose et parfois indifférente.

Tout comme ses proches, le lecteur ne peut qu’apprécier ce personnage plus que profondément humain qui ne vit absolument pas les choses de la même façon que les autres. En effet, la deuxième originalité narrative de cet album est la capacité de Johnny Hubel de deviner, voire d’anticiper certains événements comme s’il les avait vécus.

Vers l’infini et au-delà

Au fur et à mesure que le récit avance, le lecteur et le personnage principal découvrent l’origine et le potentiel de ce don. Même s’il est efficace scénaristiquement parlant, cet atout narratif peut de temps à autre paraître difficile à concevoir en raison de son abstraction. D’autant plus que, sans divulgâcher, cela empêche d’avoir une fin qui clôt le récit et donne une légère impression d’inabouti.

La trame principale se focalisant principalement sur les relations humaines sur Terre, la patte graphique de Guénaël Grabowski nous présente des personnages avec des traits et des expressions réalistes. L’importance de ces dernières est surtout mise en avant par le recours à des plans rapprochés afin de mieux les communiquer aux lecteurs qui éprouveront de l’empathie à l’égard de Johnny Hubbel et de ses proches.

Les environnements spatiaux sont plus rares et font l’objet de cases plus grandes. Ceci a évidemment pour objectif d’illustrer leur ampleur mais le choix des plans et les compositions ne permettent pas de la ressentir. Les vaisseaux spatiaux et les décors terrestres, eux, en bénéficient beaucoup plus, par des cadres et des jeux de couleurs qui se laissent admirer.

Le lecteur ne trouvera donc pas dans cette bande dessinée une énième interprération du voyage spatial car les auteurs ont préféré se focaliser sur des thématiques plus terre à terre et touchantes. En effet Neuf est un récit qui se met à un niveau humain et invite le lecteur à voyager émotionnellement avec un astronaute prometteur qui cherche avant tout le bien-être des siens avant de dépasser les frontières de la voûte céleste.