Natacha tome 24 : Chanson d’Avril
La lecture est un moment d’évasion formidable où on ressent toutes sortes d’émotions en s’identifiant aux différents personnages dont l’ouvrage conte les tribulations. Il en va de même pour la vibrante Natacha, qui profite d’un vol Amérique / Europe pour finir de parcourir le journal de sa grand-mère qui, après les évènements de L’Epervier Bleu et de Sur les traces de l’Epervier Bleu, n’est pas au bout de ses surprises.

©Dupuis – Natacha tome 24 : Chanson d’Avril – F. Walthéry et Sirius
Alors qu’ils naviguent vers l’Europe à bord de L’Epervier Bleu, les grands-parents de Natacha et Walter (qui portent le même nom que leurs descendants), accompagnés de la petite Aïcha « Chacha » aperçoivent, étonnés, un mystérieux point lumineux qui traverse le ciel avant de disparaître. Après avoir assisté à ce phénomène inquiétant, ils croisent le « Wakiki », un paquebot de luxe, tous feux éteints sur l’océan. Suspectant une catastrophe, les trois aventuriers arrivent à pénétrer à bord du vapeur pour constater que tout le monde y est inconscient et que le coffre-fort a été éventré ! Lorsque les passagers et l’équipage se réveillent, Natacha, Walter et Chacha, sont accusés par l’étrange Steiner, second commandant du Wakiki d’avoir dévalisé la riche clientèle du paquebot. Un temps inquiétés par la police, les trois amis croisent la route d’un mystérieux fuyard traqué par une bande de voyous voulant l’éliminer. Avant de mourir, l’homme livre quelques mots ayant trait au cambriolage du Wakiki à Natacha. Dès lors, la jeune femme, Walter et Chacha vont être embarqués dans la plus extraordinaire des aventures qui va les mener loin, très loin, là où personne ne s’imaginerait aller. Natacha devra, en plus de son revolver nommé « Chanson d’avril », mobiliser toutes ses forces pour revenir vivante de l’épopée qu’elle va vivre.

©Dupuis – Natacha tome 24 : Chanson d’Avril – F. Walthéry et Sirius
Chanson d’Avril : Quand une légende adapte une légende
Après avoir adapté l’album de Sirius L’île aux Perles dans les 22ème et 23ème tomes de son héroïne Natacha, François Walthéry clôt avec ce 24ème opus, remake des Pirates de la Stratosphère, la trilogie hommage au héros de légende du Journal de Spirou imaginé par l’auteur Sirius : l’Epervier Bleu. Encore une fois, les aïeux de Natacha et Walter sont de la partie, dans ce récit se passant au lendemain de la seconde guerre mondiale. Transposant fidèlement l’intrigue, les dialogues et les récitatifs des Pirates (publiés en 1949), le scénario de cette aventure reprend des thématiques propres aux bandes dessinées de ces années-là, qu’on appelle « l’âge d’or de la BD ». On retrouve ainsi dans Chanson d’Avril un savant fou, le risque porté par les progrès de la science, des méchants caricaturaux ainsi que des héros agissant comme des boy-scouts, entraînés dans une aventure qui les dépasse. Cependant, même si elle respire le classique, revendiqué par Walthéry, auteur emblématique du 9ème art, ce 24ème tome de Natacha n’est en rien daté ou inadapté au monde d’aujourd’hui. En effet, même s’il lorgne du côté de la science-fiction, le scénario de Chanson d’Avril raconte l’histoire universelle et intemporelle du pouvoir et de la liberté, plus que jamais d’actualité. Par ailleurs, Walthéry, grand connaisseur de l’histoire de la BD apporte aussi certaines références dans son récit en mandatant Jo, Zette et Jocko, mais aussi Tintin lui-même, comme pour signaler que l’aventure, la grande aventure en bande dessinée, est aussi éternelle que ses héros.

©Dupuis – Natacha tome 24 : Chanson d’Avril – F. Walthéry et Sirius
Natacha tome 24 : un dessin qui attire dans une atmosphère inquiétante
Walthéry, après deux épisodes purement maritimes, propose avec Chanson d’Avril un opus aérien, mais pas forcément celui auquel on penserait ! Dans un univers de SF pouvant parfois rappeler l’album Les machines incertaines (9ème tome de Natacha), le dessinateur est tout aussi à l’aise et son trait est égal à lui-même : attractif, clair et fidèle au style de la fameuse école de Marcinelle. Dans une aventure souvent angoissante où le danger rode à tout moment, Natacha, la plupart du temps inhabituellement vêtue d’une lourde combinaison ne laissant deviner ses jolies courbes, lutte, fronce les sourcils et court face à son destin. Cette urgence dans l’action est parfaitement rendue par l’auteur qui crée une atmosphère pouvant rappeler L’Empire contre-attaque ou bien encore Moonraker. Les couleurs d’Usagi, froides, bleues, grises, renforcent l’aspect oppressant de l’histoire et contribuent avec succès au climat presque angoissant de l’ensemble. Si cette nouvelle aventure de l’hôtesse de l’air prend parfois des airs de huis-clos inquiétant, Walthéry y apporte toujours une touche de fraîcheur et d’humour notamment par un découpage rafraîchissant, où chaque page se termine par un suspense et où les épisodes dramatiques sont entrecoupés par une « running joke » venant détendre une atmosphère tendue.

©Dupuis – Natacha tome 24 : Chanson d’Avril – F. Walthéry et Sirius
Chanson d’Avril clôture avec talent la trilogie de L’Epervier Bleu initiée par Walthéry en 2014. Dans cette aventure sans temps mort, Natacha nous ramène vers des thèmes classiques, mais qui résonnent toujours dans le monde actuel. C’est le propre des séries de légende produites par des auteurs tout aussi légendaires : proposer aux lecteurs des albums qui ne seront jamais vraiment oubliés. De ce point de vue, Walthéry a, encore une fois, réussi son coup !

©Dupuis – Natacha tome 24 : Chanson d’Avril – F. Walthéry et Sirius
Une chronique écrite par : Mathieu Depit
Informations sur l’album :
- Scénario : Sirius
- Dessin : François Walthéry
- Couleurs : Usagi
- Editeur : Dupuis
- Date de sortie : Le 28 mars 2025
- Pagination : 56 pages en couleurs

©Dupuis – Natacha tome 24 : Chanson d’Avril – F. Walthéry et Sirius