Mille femmes blanches, tome 1

Mille Femmes Blanches, premier épisode de la trilogie éponyme, est tout d’abord un roman fleuve de l’auteur américain Jim Fergus publié en 1998. Prenant comme contexte historique l’échange par le président Grant de mille femmes contre mille chevaux cheyennes, ce premier roman reçut un très bon accueil du public et de la critique, notamment en France. Bien que Hollywood travaille sur un film depuis de nombreuses années, c’est bien la bande dessinée de Lylian, Bernabé et Poupelin chez Dargaud qui en est la première adaptation graphique.

Mille femmes blanches couverture

© Anais Bernabé, Lylian, Hugo Poupelin – Dargaud Benelux (Dargaud Lombard s.a) 2024 

Internée par ses bourgeois de parents pour dépravation sexuelle alors qu’elle avait juste épousé un homme de condition inférieure et avec qui elle avait eu deux enfants, May Dodd ne rêve que de liberté. Quand, en 1875, le gouvernement américain recherche des femmes volontaires pour épouser des Cheyennes afin d’assurer leur descendance et maintenir la paix entre les nations, la jeune femme y voit sa seule porte de sortie. Ainsi commence un voyage vers une vie nouvelle et pleine de mystères.

Mille femmes blanches planche

© Anais Bernabé, Lylian, Hugo Poupelin – Dargaud Benelux (Dargaud Lombard s.a) 2024 

De la réclusion aux grands espaces

Si Lylian n’en est pas à son coup d’essai pour ce qui est des adaptations d’œuvres littéraires, son travail était surtout plus connu pour les romans jeunesse, notamment ceux de Pierre Bottero (Ewilan, Ellana), Benoît de Saint Chamas (Strom) ou Yves Grevet (Méto). Revenant sur les plaines américaines qu’il avait déjà explorées à ses débuts avec le Révérend, le scénariste livre, avec ce premier tome Un Train pour la gloire, une relecture fidèle et intelligente du premier quart du roman de Jim Fergus. Reprenant le concept de carnets rédigés par May Dodd, Lylian réussit à faire avancer rapidement son histoire. Quelques lignes du carnet suffisent à poser les enjeux, à présenter les personnages secondaires, et à passer d’un événement à un autre sans perdre le fil du récit… Ainsi, en 54 planches, le scénariste parvient à adapter la centaine de pages qui représente l’introduction de l’aventure de May Dodd, de son internement à sa première rencontre avec les Cheyennes.

Avec cette utilisation de la première personne et les ressentis profonds de sa protagoniste, la narration nous plonge au cœur de son récit et de ses implications émotionnelles. Les doutes de la jeune femme sont mis en avant et crédibilisent les sentiments de May, même si le lecteur sait pertinemment qu’elle ne fera pas demi-tour. Si l’histoire est donc recentrée sur May Dodd, ses carnets introduisent des seconds rôles hauts en couleurs. Nul doute que ces femmes joueront un rôle plus déterminant dans les prochains tomes et la diversité de leurs caractères promet de beaux moments, comme l’une d’elles en propose déjà dans ce premier album.

Mille femmes blanches planche 4

© Anais Bernabé, Lylian, Hugo Poupelin – Dargaud Benelux (Dargaud Lombard s.a) 2024 

Murs ternes et nature rayonnante

Habituée aux personnages féminins forts après les tomes 3 et 4 de Sasmira, la Pluie des Corps ou encore le Champ des Possibles, Anaïs Barnabé démontre encore une fois son talent pour mettre en avant le charisme de ses héroïnes. Que ce soit dans ses postures, ses expressions faciales mais surtout son regard d’une intensité folle, May Dodd subjugue du début à la fin de l’album, de sa colère emplie de peurs, à sa détermination à assumer son choix. Les autres personnages ne sont pas en reste sous le trait semi réaliste de la dessinatrice, même si le nez un peu exagéré d’Helen peut trancher dans l’ensemble du casting. Toutefois, le côté comique et sans gêne de la jeune femme rend ce choix plutôt judicieux : la présence d’Helen ne sera jamais discrète et elle mettra son fameux nez dans les affaires des autres…

Anaïs Barnabé semble également très à l’aise avec les décors, que ce soient les intérieurs austères de l’asile ou les paysages sauvages et, bien que ces derniers soient pour le moment plutôt rares, ils laissent déjà entrevoir tout le potentiel des scènes à venir. Pour la première fois, la dessinatrice confie les couleurs de ses cases à Hugo Poupelin qui avait déjà travaillé avec Lylian sur le western le Révérend. La gamme du coloriste se marie parfaitement aux scènes, aussi variée que peuvent l’être les émotions de May. Des tons ternes de l’internement de May à ceux beaucoup plus vifs et chatoyants des moments en nature, des chaleureux rayons de soleil aux éclairages doux et intimistes des scènes de nuit en passant par des couchers de soleil somptueux, chaque page est un plaisir à regarder. 

Mille femmes blanches planche 5

© Anais Bernabé, Lylian, Hugo Poupelin – Dargaud Benelux (Dargaud Lombard s.a) 2024 

Après une première planche au texte quelque peu pompeux, Un train pour la gloire nous plonge au cœur d’un récit intense et passionnant, aux côtés d’une protagoniste charismatique et émouvante. Si, comme toute adaptation d’une œuvre littéraire, le récit perd de la richesse de sa source, ce premier tome parvient à introduire une histoire dont on ne peut avoir que l’envie de connaître la suite. Sublimée par un dessin à la fois puissant et doux aux couleurs toujours parfaitement adaptées, Mille femmes blanches ravira les fans du romans comme celles et ceux qui ne le connaissent pas.

Chronique écrite par Cédric « Sedh » Sicard

Mille femmes blanches planche 6

© Anais Bernabé, Lylian, Hugo Poupelin – Dargaud Benelux (Dargaud Lombard s.a) 2024 

Informations sur l’album :

  • Scénario : Lylian, d’après Jim Fergus
  • Dessin : Anaïs Bernabé
  • Couleurs : Hugo Poupelin
  • Éditeur : Dargaud
  • Date de sortie : 6 septembre 2024
  • Pagination : 56 pages

© Anais Bernabé, Lylian, Hugo Poupelin – Dargaud Benelux (Dargaud Lombard s.a) 2024 

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