Louca tome 11 : La coupe du Griffon

Le sport est souvent synonyme d’aventures collectives, de dépassement de soi et de vie saine et équilibrée. Ce n’est pas Louca, écolier maladroit et un peu flemmard qui va dire le contraire. Mais l’adolescent a découvert le sport d’une manière pour le moins inédite : il est devenu footballeur aguerri depuis sa rencontre avec le fantôme de Nathan, un lycéen génie du ballon rond, fauché par une voiture de façon criminelle. Malheureusement pour Louca, si le sport lui a apporté succès et popularité, le revers de la médaille a exercé son inquiétant pouvoir et l’a contraint à un exil forcé sans qu’il n’en sache la raison…

©Dupuis – Louca tome 11 : La coupe du Griffon – Bruno Dequier

A l’heure où débute cette nouvelle histoire, la « Coupe du griffon », un championnat de foot entre équipes de jeunes, bat son plein. L’équipe des Phoenix doit jouer les quarts de finale dans une ambiance survoltée : son fondateur, Louca, est de retour ! L’adolescent, qui s’est mystérieusement volatilisé trois ans plus tôt, a enfin écrit une lettre à son jeune frère et supporter le plus enthousiaste Antin pour annoncer qu’il viendrait disputer le match avec ses coéquipiers. Mais tout n’est pas si simple… Au même moment, Louca et son mentor de fantôme Nathan, sont encore au bout du monde, sur un vieux bateau en bien mauvaise posture. Tandis que les fans des Phoenix sont impatients de revoir enfin le créateur de leur team, de sombres menaces pèsent dans l’ombre, entre le père de Louca toujours coincé dans ses sinistres magouilles et les parents de Nathan qui ont pris une difficile et déchirante décision…

©Dupuis – Louca tome 11 : La coupe du Griffon – Bruno Dequier

Une arlésienne nommée Louca

Après avoir exploré en flashback l’histoire de Nathan dans le tome précédent, Bruno Dequier, auteur complet de la série, nous replonge dans le vif du sujet et la suite directe des aventures de Louca. Mais le temps a passé depuis Game Over, le 9^ème opus qui s’achevait sur la fuite du héros. Si celui-ci, dont le retour est espéré par ses amis pendant presque tout ce nouvel album, brille par son absence physique, son aura est l’essence même de La coupe du griffon. Trois ans après son départ, personne, pas même sa famille, ne sait comment on va retrouver le personnage. Donnant ça et là quelques indices, Dequier entretient le suspense avec brio et le lecteur est impatient de savoir ce qu’est devenu Louca. Ses copains et supporters, sans l’avoir oublié, ont grandi, évolué, à la fois physiquement et mentalement. Le scénariste le montre en décrivant des adolescents posés, réfléchis et presque calmes, en tous cas bien différents des enfants qu’ils étaient dans les premiers tomes. La marque du temps se sent particulièrement dans les dialogues et les attitudes de tous. On sent les membres de l’équipe des Phoenix, leurs fans et les lycéens plus matures et empreints d’une certaine gravité. Que s’est-il passé pendant ces trois ans ? Dequier crée habilement une ellipse pour entraîner le lecteur à se poser des questions sur le destin du jeune héros. Louca, tiré de sa vie quotidienne de façon brutale alors qu’il commençait à s’affirmer et à connaître le succès. Est-il devenu plus mature ? Que va-t-il devenir alors que la vie, durant son exil, a continué sans lui ? Est-il prêt à affronter la vie en étant seul ? L’enfance semble en tous cas être bien finie pour lui.

©Dupuis – Louca tome 11 : La coupe du Griffon – Bruno Dequier

Un dynamisme à toute épreuve

La coupe du griffon est un album qui porte bien son nom dans le sens où il traite quasi intégralement de cette compétition de football. Cela se traduit par un rythme trépidant durant les 64 pages de ce nouvel opus. Le dessin de Dequier traduit parfaitement cette vitesse et cette rapidité, notamment lors des (nombreuses) scènes se déroulant sur la pelouse du stade où se jouent les matchs. Le style de Dequier, ultra lisible et allant à l’essentiel se rapproche de celui des dessins animés, et le lecteur pensera instantanément au mythique Olive & Tom, rappelé dans des cases où le ballon est frappé si fort qu’il en devient ovale, ou lorsque les joueurs sautent à une hauteur impressionnante (voire improbable) pour tirer au but. Ce dynamisme et cette vitesse sont accentués par de larges traits et des onomatopées montrant l’action et le mouvement de façon visible et presque palpable. Il ressort de l’album un sentiment de course folle, voire d’urgence, tant les cases se suivent les unes après les autres à un rythme soutenu, selon un découpage et une mise en page savamment étudiés, de fait que le lecteur lit l’album d’une traite. En choisissant d’imposer beaucoup d’action pour le retour de Louca, Dequier semble vouloir montrer que le temps est compté pour lui, mais aussi, et de façon plus dramatique, pour Nathan.

©Dupuis – Louca tome 11 : La coupe du Griffon – Bruno Dequier

La coupe du Griffon signe, après la parenthèse de L’histoire de Nathan, la suite des aventures de Louca. Il pose également beaucoup de questions qui devront être résolues dans les albums à venir. Le suivant, Phénoménal devrait déjà, si l’on en croit la couverture dévoilée à la fin de La coupe du Griffon, montrer en quoi le personnage principal, ayant mystérieusement disparu de son quotidien pendant trois ans, a changé. De quoi donner hâte de découvrir le prochain opus de cette belle série.