L’interview-dédicace Yoann, auteur de SuperGroom
De passage à Aigle, en Suisse, pour participer au festival BD au Château, Yoann s’est gentiment prêté au jeu de l’interview, le temps d’une dédicace pour les Amis de Spirou. On y parle bien évidemment de SuperGroom
Les Amis de Spirou : Bonjour Yoann, c’est ta première fois à Aigle ?
Yoann : À Aigle, oui. Mais, je suis déjà venu 5 ou 6 fois en Suisse. Si je suis ici aujourd’hui, c’est à l’invitation de mon ami Thierry Capezzone.
Les Amis de Spirou : Alors bien évidement, tu présentes ton travail. Ici, on retrouve des albums de la série Spirou et Fantasio, mais également de SuperGroom. Peux-tu nous rappeler en quelques mots la genèse de cette série ?
Yoann : SuperGroom, c’est parti d’une idée que j’ai eue après l’album La face cachée du Z qui expédiait Spirou sur la lune. Notre héros avait des effets secondaires plutôt dérangeants. Il se transformait en loup garou ou avait des pouvoirs qui lui restaient. Je me suis dit que cela serait rigolo d’imaginer un Spirou en super-héros, avec des pouvoirs qu’il ne maîtrise pas. L’idée en est restée là.
Les Amis de Spirou : Et tout redémarre avec une demande du journal…
Yoann : Oui, un jour le Journal de Spirou nous demande d’imaginer une histoire à l’occasion d’un spécial Batman. Ce qui tombe bien puisque dans un album précédent, Dans les griffes de la Vipère, Spirou rencontre Batman qui fait partie des personnages collectionnés par un drôle de milliardaire. Donc, avec Fabien (NDLR : Vehlmann, le scénariste), on imagine Spirou qui va en Amérique à la rencontre de Bruce Wayne. Ensemble, ils participent à une aventure contre un Joker un peu bizarre.
Les Amis de Spirou : C’est le début d’une bonne histoire…
Yoann : On imagine un personnage de Spirou avec son masque noir et puis une petite cape. Arrivé là, l’idée a bien plu chez Dupuis.
Les Amis de Spirou : Est-ce qu’il a tout de suite été question d’une série ?
Yoann : Alors, non pas tout de suite. Il y a eu une autre numéro spécial super-héros et c’est là que nous avons eu l’idée de créer SuperGroom. Spirou met un simple masque, devient un super-héros et plus personne ne le reconnaît. C’était rigolo de se dire : sans le masque, c’est Spirou, avec le masque, il devient un peu Clark Kent lorsqu’il enlève ses lunettes et devient Superman. Fabien a trouvé ça chouette. On est parti d’un personnage qui travaillait à promouvoir le Journal de Spirou qui, suite à un malencontreux incident, est obligé ensuite de garder son identité secrète.
Les Amis de Spirou : Quelles sont été les réactions sur ces premières pages ?
Yoann : Cette histoire-là a été assez bien accueillie par la rédaction, par les éditeurs et par les lecteurs. On a eu beaucoup de bons retours. Ainsi, l’éditeur nous a dit que c’était génial et nous a proposé de développer une nouvelle série, à partir de cet univers-là.
Les Amis de Spirou : C’est un très beau cadeau, non ?
Yoann : On avait une sorte de carte blanche pour raconter nos histoires, donc c’était chouette. Au contraire des aventures de Spirou et Fantasio, là, on était sur notre truc à nous. Personne ne pouvait empiéter sur notre projet, on est donc parti sur notre projet de SuperGroom.
Les Amis de Spirou : Comment se déroule le travail pour imaginer les histoires de chaque album ?
Yoann : Là, c’est un peu le talent de Fabien Vehlmann. Les histoires ont été créées pour un public un peu plus jeune que celui de Spirou. Plutôt pour les ados ou jeunes adultes. L’idée était d’imaginer une équipe de super-héros, les X-Men belges en quelque sorte. Donc, on part d’un projet : il y a un super-héros, donc forcément, il y un super-méchant. S’il y en a un premier, il peut y en avoir un autre. Puis un autre super-héros rejoint l’équipe. On crée une mythologie complète.
Les Amis de Spirou : Et les différents personnages habituels de la série mère y passent…
Yoann : C’était très excitant d’imaginer tout un tas de situations. C’est Spirou et personne ne le reconnaît, puis Fantasio est un fan de SuperGroom et veut le rencontrer. Il se crée lui aussi un personnage de super-héros, FantastiK le Mirifique.
Les Amis de Spirou : Alors qu’ils vivent ensemble, Spirou et Fantasio ne se reconnaissent pas lorsqu’ils sont vêtus en super-héros.
Yoann : Oui, on part dans un délire. Spirou est un super-héros, Fantasio également et chacun ignore l’identité de l’autre. Puis, Seccotine, amoureuse de SuperGroom, devient SuperGlue. On est vraiment parti sur des trucs assez rigolos. On s’amuse beaucoup avec cette série, on y ajoute encore un petit côté protection de l’environnement et de défense des plus faibles.
Les Amis de Spirou : Comment avez-vous imaginé l’album La guerre olympique ?
Yoann : L’histoire de La guerre olympique est vraiment inspirée de choses comme Battle Royale ou Fortnite, des références que les gamins connaissent. Tu mets plusieurs personnes dans une arène, elles s’affrontent et il n’y a qu’un seul vainqueur. Donc, on y place Spirou face à des personnages qui sont bien plus puissants que lui. Et, on regarde comment il arrive à s’en sortir.
Les Amis de Spirou : Comment se déroule la phase d’écriture avec Fabien ?
Yoann : On écrit un petit peu à deux. Moi j’apporte les idées un peu farfelues et Fabien fait le tri et apporte une vraie structure au récit. On se voit régulièrement pour des sessions de travail. Lui note toutes les idées, puis arrive avec un scénario et un synopsis. Ça constitue ensuite la base de notre travail.
Les Amis de Spirou : On a parlé du retour des lecteurs dans le Journal, quel est le retour en festival ?
Yoann : Il est plutôt très positif. Pour le moment, on peut dire que la mission est accomplie. Ce sont beaucoup de jeunes qui lisent SuperGroom, ça fait plaisir. Ensuite, des parents nous disent qu’habituellement leur gamin ne lit que des mangas, et là, il a adoré la BD et attend la suite avec impatience. On est donc très contents.
Les Amis de Spirou : Ça pourrait envoyer ensuite ces jeunes à la découverte de la série mère qui souffre d’un déficit d’image chez les plus jeunes…
Yoann : Oui, pourquoi pas. C’est vrai que la série principale a un déficit au niveau du lectorat « jeune ». C’est sans doute pour ça que le projet de Dupuis est de repartir vers des Spirou plus classiques, dans la même veine de ce qui se fait pour Blake et Mortimer ou Corto Maltese, pour séduire ces lecteurs qui ont aimé la période des années soixante.
Les Amis de Spirou : Quels sont tes prochains projets, à quand la sortie du prochain SuperGroom ?
Yoann : Le troisième album est en cours de réalisation, là j’ai 20 des 80 pages prévues qui sont prêtes. Il devrait être pré-publié dans le Journal courant 2023 et sortira en album en 2024.
Les Amis de Spirou : Merci Yoann pour ta disponibilité
Yoann : Avec plaisir.
Propos recueillis par Bruce RENNES
