L’île de minuit tome 1 : Le réveil de l’automate
Une île déserte au bout du monde, un groupe d’enfants débrouillards, un mystère, des surprises inquiétantes, sans oublier le cliffhanger final… La bande dessinée est un continuel recommencement et montre que différents éléments peuvent être utilisés par des auteurs imaginatifs et ambitieux. Le réveil de l’automate, premier tome de la nouvelle série L’île de minuit, s’empare de tous ces marronniers pour inaugurer une histoire aventureuse et pleine d’évasion.

©Dupuis – L’île de Minuit tome 1 : Le réveil de l’automate – Lylian et Grebil
Lorsqu’Elijah se réveille sur la plage d’un lieu exotique qu’il ne connaît pas, il a tout oublié ou presque. Il en va de même pour Elena, Maya et Victor, qu’il rencontre peu après. Où sont-ils ? Que font-ils là ? Ces quatre adolescents, courageux, ne cèdent pas à la panique et décident d’explorer l’endroit où ils ont échoué. Ils y découvrent rapidement un ancien orphelinat, qu’ils adoptent pour refuge. Elena l’intellectuelle, Elijah, plein de sang-froid, Maya, la forte tête courageuse et Hector, le jeune un peu gaffeur apprennent à vivre ensemble et à se répartir les tâches pour comprendre ce qui leur arrive. Quand ils découvrent un étrange automate qui leur impose de mener à bien une mission, sous peine de forte sanction, les enfants ne savent alors que faire. Y répondre ? L’ignorer ? Leur vie sur l’île, déjà difficile, va alors prendre une toute autre tournure, d’autant plus qu’il leur faudra s’attendre à toutes les surprises, même aux pires d’entre elles…

©Dupuis – L’île de Minuit tome 1 : Le réveil de l’automate – Lylian et Grebil
Un terrain conquis… toujours à reconquérir !
Dès les premières pages du Réveil de l’automate, le lecteur se sent entraîné sur un terrain rassurant qu’il connaît déjà. Des enfants formant une petite bande devant résoudre une énigme est une intrigue déjà vue et les auteurs ne s’en cachent pas. Le scénariste Lylian cite notamment comme sources à son histoire Sa Majesté des mouches, Lostou L’île du Dr. Moreau. En parcourant l’ouvrage viennent à l’esprit d’autres classiques, comme La balade au bout du monde, Ils étaient dix (comme on dit maintenant), et bien sûr Seuls, la BD star de Gazzotti et Vehlmann. Malgré la présence relativement forte de ces références, ce premier tome de L’île de minuit se suit sans qu’un sentiment ennuyeux de redite ou de déjà vu se manifeste. L’action est présente, les rebondissements ingénieux et le suspense suffisamment entretenu pour procurer un moment de lecture agréable. Si les personnages sont relativement figés, voire plats au début de l’histoire – ils ont l’air assez peu surpris de se retrouver perdus sur leur île et de s’y rencontrer – au fur et à mesure des pages, ils gagnent en épaisseur et deviennent attachants. Comment arriveront-ils à s’organiser et à surmonter tous les obstacles qui se dressent devant eux ? Lylian arrive à appâter le lecteur, qui attend déjà la suite de l’histoire…

©Dupuis – L’île de Minuit tome 1 : Le réveil de l’automate – Lylian et Grebil
Du classique sur du classique
Le scénario de Lylian est illustré de belle manière par N. Grebil, néophyte en BD. Le dessinateur, dans un style classique semi réaliste, s’intègre parfaitement dans le moule classique de l’école de Marcinelle. Il y apporte un peu de modernité, notamment par les décors suggérés, sans être précis, ce qui souligne l’absence de repère qu’ont les enfants, perdus au milieu de nulle part. Les personnages, eux, sont ultra traditionnels et ont chacun leurs caractéristiques physiques (une fille blonde, un garçon châtain, une fille de couleur, un gamin en salopette et casquette à l’envers), de sorte que le lecteur peut rapidement les reconnaître. L’auteur parvient toutefois à retranscrire sur leurs visages, particulièrement au niveau des regards, le tempérament et les intentions de chacun des adolescents. Ces quatre héros montrent par ailleurs, peut-être encore plus que dans le scénario, une référence directe à la BD Seuls. Grebil, également à la palette, utilise les couleurs de très belles manières et crée des atmosphères particulières, notamment lors des scènes d’intérieur et d’orages, où il manie les nuances les plus sombres pour matérialiser l’angoisse et le malaise naissant sur une île où tout peut arriver.

©Dupuis – L’île de Minuit tome 1 : Le réveil de l’automate – Lylian et Grebil
Le réveil de l’automate est le premier tome de la série L’île de minuit, qui s’annonce intrigante. S’appuyant sur un postulat classique et rassurant pour le lecteur, elle semble être promise à un bel avenir. Évidemment, le concept de groupe d’enfants auxquels le lecteur s’identifie est très connu et utilisé dans toutes les formes de fiction. Mais, à l’image du bonheur parfois ressenti lors de la lecture ou le visionnage d’un remake ou d’une suite, ne boudons pas notre plaisir et réjouissons-nous que les recettes et formules les meilleures soient encore exploitées et ce, avec une belle imagination.

©Dupuis – L’île de Minuit tome 1 : Le réveil de l’automate – Lylian et Grebil
Une chronique écrite par : Mathieu Depit
Informations sur l’album :
- Scénariste : Lylian
- Dessinateur : Grebil
- Couleur : Grebil
- Editeur : Dupuis
- Date de parution : Le 17 janvier 2025
- Pagination : 72 pages en couleurs
- Age : 9 ans et plus