L’homme qui plantait des arbres
En 1953, Jean Giono crée la nouvelle « L’homme qui plantait des arbres » pour répondre à un concours littéraire du Reader’s Digest autour du « personnage le plus extraordinaire (…) jamais rencontré ». En 2025, Florence Lebonvallet et Daniel Casanave s’associent pour mettre en scènes et en bulles cette nouvelle et le personnage d’Elzéard Bouffier, une personnalité véritablement extraordinaire…

© L’homme qui plantait des arbres – Florence Lebonvallet et Daniel Casanave – Gallimard BD – 2025
1913, dans les Alpes de Haute-Provence. Jean a 20 ans et sillonne ces déserts arides où ne poussent que des lavandes sauvages. Il marche depuis plusieurs heures, cherchant désespérément de l’eau. Au milieu d’un paysage de désolation, il rencontre Elzéard Bouffier, un berger de 55 ans qui vit là avec son chien et ses brebis. Elzéard s’est installé dans ces montagnes après avoir perdu sa femme et son fils. Solitaire et taiseux, il sait pourtant recevoir et va accueillir Jean pendant quelques jours. Les deux hommes vont nouer une amitié qui perdurera au fil des ans, jusqu’au décès d’Elzéard en 1947.

© L’homme qui plantait des arbres – Florence Lebonvallet et Daniel Casanave – Gallimard BD – 2025
L’homme qui plantait cent arbres par jour
Depuis 1910, Elzéard plante des arbres dans ce désert de cailloux et d’herbes sèches. Chaque jour, il collecte et sélectionne une centaine de glands qu’il plante, méticuleusement. Depuis trois ans, il a ainsi planté 100 000 chênes, 20 000 ont poussé et 10 000 ont résisté au temps. Jean est fasciné : en trois ans, 10 000 arbres ont grandi à un endroit où il n’y avait rien auparavant ! Jean va ensuite être mobilisé pour la Première Guerre mondiale et va « presque » oublier cette fabuleuse rencontre avec Elzéard. Au sortir de la guerre, il n’a pourtant qu’une envie, respirer l’air pur et retrouver Elzéard et la magnifique forêt qui l’entoure désormais, composée de chênes, de hêtres et de bouleaux. Le changement des paysages est impressionnant, les villages alentours se repeuplent et l’eau rejaillit !

© L’homme qui plantait des arbres – Florence Lebonvallet et Daniel Casanave – Gallimard BD – 2025
Grâce à Elzéard, Jean retrouve foi en l’humanité: « Quand on se souvenait que tout était sorti des mains et de l’âme de cet homme, sans moyens techniques, on comprenait que les hommes pourraient être aussi efficaces que Dieu dans d’autres domaines que la destruction ».
Une fiction militante
Elzéard Bouffier ne vit que dans l’imagination de Jean Giono. Pourtant, son histoire est si forte et porteuse de sens que nous aurions tous aimé rencontrer un tel personnage. En 1953, lorsque The Reader ‘s Digest reçoit la nouvelle de Jean Giono, elle fait l’unanimité. Mais l’engouement sera de courte durée car, lorsque les membres du magazine se rendent sur place en Provence pour rencontrer Elzéard Bouffier, qui n’existe pas, la nouvelle est disqualifiée.

© L’homme qui plantait des arbres – Florence Lebonvallet et Daniel Casanave – Gallimard BD – 2025
Jean Giono, dès 1953, appelle aux consciences, à la protection de l’environnement et dénonce les conséquences de la cupidité humaine. Cette fiction est une fable, une ode à l’écologie qui incite à prendre le temps pour changer les choses, chacun à son niveau. L’album, avec une économie de mots, va pourtant à l’essentiel et touche en plein cœur.
Graphiquement, c’est une déclaration d’amour aux terres de Haute-Provence, chères à Giono. Les illustrations sont lumineuses, faisant honneur à la complexité de ces paysages : des terres arides et sèches et des aléas climatiques mêlés à une sérénité et à une douceur de vivre. La Provence prend vie, sous nos yeux, grâce à des couleurs vives et des tons ocres, tout comme l’annonce la couverture. Daniel Casanave jongle, avec brio, entre différents styles graphiques et passe de planches très épurées (pour les temps de guerre) à des planches qui pourraient être issues d’un livre de botanique.

© L’homme qui plantait des arbres – Florence Lebonvallet et Daniel Casanave – Gallimard BD – 2025
72 ans plus tard, la nouvelle de Jean Giono est remise au goût du jour et dans les mémoires par un ouvrage éclatant, qui sent bon la garrigue. Un album qui nous rappelle la beauté et la fragilité de la Nature et que « Seul, on va vite, ensemble on va plus loin.»
Une chronique écrite par : Claire
Informations sur l’album :
- Scénario : Florence Lebonvallet d’après l’oeuvre de Jean Giono
- Dessin : Daniel Casanave
- Couleurs : Claire Champion
- Éditeur : Gallimard Bande Dessinée
- Date de sortie : Le 03/09/2025
- Pagination : 176 pages en couleurs