#lesmémés tome 5 - Punks à chien

Régulier comme un pacemaker, voici le rendez-vous annuel avec les mamies les plus déjantées du neuvième art pour un cinquième tome nommé Punks à chien! Tout un programme !

Huguette, Paulette et Lucette ne sont (toujours) pas mortes, bien au contraire ! Toujours aussi caustiques et grivoises, mais aussi acerbes et cyniques, les mémés marrantes et leurs copines continuent de mordre la vie à pleine du peu de dents qui leur restent. Les voilà qui volent dans un supermarché, qui font des séances de spiritisme, qui graffent les murs ou montrent leur fessier à tout va !

Mamies’notdead

Au centre de #lesmémés, il y a bien sûr… les mémés. Trois drôles de dames nommées Huguette, Paulette et Lucette, entourées de leurs copines, des souvenirs de leurs défunts maris, et de différents personnages de leur quartier. Chacune a sa personnalité bien forgée avec les années. Huguette, la rebelle marrante, est la véritable star de la série, et c’est encore plus frappant dans ce tome où elle brave à nouveau les interdits : voler dans un supermarché et trouver comment clouer le bec du vigile, lever un doigt pas très poli à une caméra avant de lui montrer son postérieur. Huguette, ça pourrait être la grande sœur de Pierrot des Vieux Fourneaux ! Face à cette tornade Paulette et Lucette font office de faire-valoir de luxe, la première par son côté renfrogné, la seconde par sa naïveté.

Godsave the Mémés !

Pas facile de se renouveler dans le genre gaguesque en se cantonnant à trois petites vieilles, aussi caustiques soient-elles. Alors Sylvain Frécon axe ses historiettes selon différents angles : les gags purement visuels, les blagues sur la vieillesse et la mort, celles sur la technologie et l’humour grivois, s’ajoutent à l’esprit punk mis en avant dans ce tome. Les gags visuels, assez rares, sont, pourtant, les plus percutants, assurément : l’incident du ballon de foot ou la peur que suscite le rembobinage sauvage du câble de l’aspirateur sont efficacement mis en images dans des scènes muettes burlesques. Les mamies deviennent alors des Buster Keaton du quatrième âge, l’auteur ayant un excellent sens du timing et du découpage. La première planche est un modèle du genre, d’ailleurs, quatre cases au rythme d’un déambulateur se finissant par quelques mots simples, touchants et diablement drôles.

No future ? Et puis quoi, encore ?

Les autres registres d’humour n’ont pas la même efficacité et sont parfois inégaux, mais l’ensemble de l’album est très plaisant. Certes, les blagues graveleuses sont un peu gratuites et ne reposent généralement que sur le fait d’être prononcées par des mamies, mais elles parviennent tout de même généralement à arracher un sourire. Certes, les planches traitant des aléas de la vieillesse et du rapport à la mort ne sont pas vraiment drôles mais elles deviennent touchantes pour peu qu’on accepte que #lesmémés n’est pas seulement une série humoristique. Certes, certains gags tombent complètement à plat et il n’est pas toujours aisé de comprendre le propos recherché par l’auteur. Sylvain Frécon lorgne même parfois, avec réussite, sur des moments plus poétiques ou absurdes. Combien de temps le temps met-il à passer ? Comment regarder une machine à laver le linge peut devenir romantique ? Quelles chaussures sont adaptées à monter un cabas sur cinq étages ? Les gags sur les nouvelles technologies sont également savoureux avec la compréhension décalée que peuvent avoir nos supers mamies du piratage ou de l’intelligence artificielle.

Ça se crête le chignon !

Côté dessin, le travail de Sylvain Frécon est toujours aussi efficace. Avec ses cases sans bordures, parce qu’on ne peut pas enfermer ses héroïnes du quotidien dans un cadre, ses traits caricaturaux hyper expressifs et ses plans statiques au rythme d’un déambulateur à pleine vitesse, son sens de la mise en scène renforce pleinement ses gags les plus réussis. Cette simplicité graphique au service de l’humour ne parvient toutefois pas à sauver les gags moyens, même si la trogne de ses personnages suffit à susciter le sourire. Et ce n’est pas seulement le cas des trois super nannys, puisque les seconds rôles, ou même les simples figurants bénéficient du même soin, comme le dentiste blasé, le vigile renfrogné ou, bien sûr, l’inénarrable madame Dubois.

Après un quatrième tome quelque peu en dessous, les mémés reviennent en mode « toutafond » pour remuer les zygomatiques tout en distribuant quelques chouquettes de tendresse et d’émotion. Même si les gags sont assez inégaux, on ressort de la lecture de cet album le sourire aux lèvres. Attachiantes, gueulardes, cyniques, mais tellement humaines, ces trois vieilles fournaises ne sont sans doute pas près de casser leur pipe et nous réservent encore leur lot de bons (gros) mots !

Une chronique écrite par : Cédric « Sedh » Sicard

Informations sur l’album :