Les sœurs Grémillet tome 6 : La villa des mystères
Il y a de l’eau dans le gaz entre les sœurs Grémillet dans ce 6e album, La villa des mystères. Di Gregorio et Barbucci y introduisent un grain de sable qui grippe la belle unicité de la fratrie, tout en conservant cette part de magie d’une série toujours enthousiasmante.
Sarah, Cassiopée et Lucille accompagnent leur maman au mariage de l’une de ses meilleures amies. Un événement mondain qui se déroule sur une île enchanteresse, sur laquelle la future mariée, Virginie, organise encore les moindres détails à quelques heures du deuxième plus beau jour de sa vie. Mais, les perspectives de ces réjouissances ne sont pas du goût de Sarah, l’aînée des sœurs qui avait initialement un tout autre projet pour les vacances.
La jeune fille est en colère contre ce manque de liberté. Mais, elle se lie d’amitié avec Aurélie, la fille de Virginie. Cette dernière est également en colère contre sa mère qui a choisi le jour de son anniversaire pour se remarier. Les deux adolescentes se soutiennent mutuellement, quitte à briser le trio que Sarah formait avec ses sœurs.
C’est dans cette ambiance passablement tendue qu’un mystère se révèle dans la villa où se déroule le mariage. Sarah et Aurélie, d’un côté, Cassiopée et Lucille de l’autre, découvrent des pièces de puzzle sur lesquelles sont inscrites des citations évoquant la liberté et l’indépendance. Les deux duos entrent ainsi en concurrence pour retrouver le maximum de pièces et être ainsi le premier à résoudre cette énigme.
Une amitié toxique
Au cours des 5 premiers albums, les sœurs Gremillet se sont souvent fâchées entre elles, tellement leurs caractères respectifs s’opposent. Mais ils sont également complémentaires et ont permis au Club des frangines de résoudre de nombreux mystères par le passé. Dans ce nouvel opus, Di Gregorio casse la belle harmonie des trois sœurs en y introduisant le personnage d’Aurélie. Cette adolescente solitaire, sans frère, ni sœur, un brin manipulatrice et dont les parents ne s’occupent pas, cherche une belle amitié. Mais, sa personnalité s’avère toxique.
La série Les sœurs Grémillet continue l’exploration des relations humaines. Cet épisode s’attarde sur les relations mères-filles et sur la quête d’indépendance, voire de reconnaissance et de confiance des adolescentes. D’ailleurs, on remarquera que les hommes sont très peu présents tout au long du récit. Les interventions de la gent masculine représentent moins de 20 bulles sur les quelques 450 de l’album. C’est dire s’ils sont « minorisés ».
Du mouvement sous les étoiles
Comme pour les précédents albums, Barbucci régale les lectrices et les lecteurs d’ambiances qui varient au rythme des événements de ces jours passés sur cette île paradisiaque. Les couchers de soleil sont magiques et précèdent des nuits étoilées qui ne le sont pas moins. Ce n’est là qu’un tout petit exemple tant le soin apporté aux lumières est une nouvelle fois très réussi. L’ensemble forme des planches lumineuses, jamais ennuyantes, qui gardent l’œil éveillé.
Au-delà de ces considérations colorimétriques, il est relevé que le trait de l’italien n’est pas toujours marqué avec précision, mais il souligne un certain dynamisme de l’action avec des héroïnes, souvent en mouvement, que cela soit physiquement ou même psychologiquement.
Les fans des trois sœurs ne seront pas déçus par ce nouvel album, et les nouveaux venus découvriront des héroïnes attachantes. On y questionne la solitude, la profondeur des amitiés, ou la complexité des liens familiaux. Autant de thèmes qui font de cette BD une série dans laquelle lectrices et lecteurs se plongeront avec ravissement.
Une chronique écrite par : Bruce Rennes
Informations sur l’album :
- Scénario : Di Gregorio
- Dessin : Barbucci
- Couleurs : Barbucci
- Éditeur : Dupuis
- Date de sortie : Le 30 août 2024
- Pagination : 72 pages en couleurs