Les Schtroumpfs et les enfants perdus – T40 des Schtroumpfs

« Passe moi le… le truc… le schtroumpf ! ». Cette formule mythique, lancée par le schtroumpf costaud dès la première planche de cette nouvelle histoire en annonce le thème tout en faisant un clin d’œil aux historiens de la bande dessinée. C’est en effet la phrase qu’aurait   Peyo pour avoir la salière lors d’un repas, le mot lui échappant. Cette petite perte de mémoire a engendré un des plus gros succès du 9ème art. Le schtroumpf costaud, lui, ne fait qu’une erreur de grammaire schtroumpf mais celle-ci, à défaut de créer une formidable saga de BD, génère le point de départ de l’album Les Schtroumpfs et les enfants perdus, la nouvelle aventure des petits hommes bleus, ce qui n’est déjà pas mal !

Couverture de l'album Les Schtroumpfs et les enfants perdus
© Les Schtroumpfs – Alain Jost, Thierry Culliford et Miguel Díaz Vizoso – Le Lombard

Les petits personnages se rendent compte dès le début de ce 40ème opus que leur réserve de sel est vide, ce qui est ennuyeux pour les bons mangeurs qu’ils sont. Le grand schtroumpf accompagné de   de ses petits protégés dirige alors une expédition jusqu’à la mine où ils ont leurs habitudes pour regarnir leur stock.   n’est pas leur surprise de trouver l’endroit, supposé secret, découvert et régulièrement visité. Les lutins bleus vont bien vite s’apercevoir que des enfants viennent y trimer pour le compte d’une baronne peu scrupuleuse sur les conditions de travail et les obligations fiscales…

Planche 1 de l'album Les Schtroumpfs et les enfants perdus
© Les Schtroumpfs – Alain Jost, Thierry Culliford et Miguel Díaz Vizoso – Le Lombard

Ce nouveau tome des célèbres personnages est construit de façon assez traditionnelle, puisqu’on y suit les schtroumpfs dans la quête d’un élément manquant au village – ici, le sel – nécessitant un voyage où ils seront pris dans des intrigues imprévues. Ils y rencontreront des humains, auxquels certaines de leurs précédentes tribulations les avait habitués. Si les fondements de l’histoire restent donc assez classiques, sa construction ne l’est cependant pas. En effet, malgré l’apostrophe initiale du schtroumpf costaud, l’album est presque entièrement dépourvu des marqueurs historiques de la série. Il ne faut pas y chercher gags, drôlerie, grande aventure, schtroumpf grognon, cadeaux qui pètent à la figure ou bien le plus célèbre de leur antagoniste. Seule la running joke d’un schtroumpf agaçant son chef en posant la même question de façon incessante nous ramène à un cliché des histoires de la grande époque.

Planche 2 de l'album Les Schtroumpfs et les enfants perdus
© Les Schtroumpfs – Alain Jost, Thierry Culliford et Miguel Díaz Vizoso – Le Lombard

En revanche, on retrouve dans « Les schtroumpfs et les enfants perdus » les canons modernes des scénarios les plus récents des petits hommes bleus. L’ouvrage est ainsi tourné pour être porteur d’un message pédagogique, voire éducatif en traitant de l’exploitation d’enfants, en donnant un rôle plus important à la schtroumpfette et en intégrant des idées très réalistes comme la fraude à l’impôt des plus nantis. L’intrigue, si elle est pleine de bon sens, s’avère cependant un peu faible en densité et de multiples petits événements viennent s’additionner à l’histoire principale pour nourrir les 46 planches de l’album. De plus, on est étonné de voir que les schtroumpfs sont les seconds rôles de cette aventure dont le scénario traite surtout de problématiques liées aux humains dans lesquelles les lutins bleus vont « seulement » venir (et c’est le cas de le dire) apporter leur grain de sel pour que tout finisse bien

Planche 3 de l'album Les Schtroumpfs et les enfants perdus
© Les Schtroumpfs – Alain Jost, Thierry Culliford et Miguel Díaz Vizoso – Le Lombard

Les dessins sont, comme toujours, excellents. Familiers, rassurants et dans la droite lignée du style Peyo, ils entraînent  dès la couverture particulièrement réussie, un sentiment de bonheur pour le lecteur ne pouvant résister au capital sympathie des petits personnages. Les représentations de villages au temps médiéval sont extrêmement bien faites, tout comme les enfants, tellement bien croqués qu’on comprend tout de suite que les schtroumpfs aient acceptés sans trop réfléchir de leur apporter leur aide. Les couleurs variées, vives et de bon ton sont exécutées avec brio en respectant le style de la série mythique.

Planche 4 de l'album Les Schtroumpfs et les enfants perdus
© Les Schtroumpfs – Alain Jost, Thierry Culliford et Miguel Díaz Vizoso – Le Lombard

« Les Schtroumpfs et les enfants perdus » est un album non dénoué de qualités, notamment graphiques, mais dont le thème, porteur de message, masque un peu les marqueurs indélébiles attendus d’une histoire de nos sympathiques petits personnages. Cependant, il n’en reste pas moins qu’à la lecture, malgré un certain rationnement en termes de grande aventure, de magie, d’imagination, il est toujours joyeux de retrouver les petits hommes bleus et le rendez-vous annuel avec eux reste à coup sûr agréable ! Ne boudons pas notre plaisir, les schtroumpfs n’ont pas fini d’écrire leur légende !

Planche 5 du tome 40 des Schtroumpfs
© Les Schtroumpfs – Alain Jost, Thierry Culliford et Miguel Díaz Vizoso – Le Lombard

Chronique écrite par Mathieu DEPIT

Informations sur l’album

  • Scénario : Alain Jost et Thierry Culliford
  • Dessin : Miguel Díaz Vizoso
  • Éditeur : Le Lombard
  • Date de sortie : 14 octobre 2022
  • Pagination : 46 en couleurs

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