Les mondes perdus : interview de Aucha, Isabelle Lemaux et Aurélie Frémineur

Cette année, le festival Spirou, nous a incontestablement réussi. Une journée au parc Spirou Provence riche en rencontres ! Pour finir en beauté sur ce bel évènement : voici l’échange que nous avons eu avec Isabelle Lemaux et Aucha, les autrices de la BD « Les mondes perdus ». De plus, vous pourrez lire également les propos de la coloriste Aurélie Frémineur, absente au festival, mais avec qui nous avons pu échanger pour l’ajouter dans la retranscription de l’échange, car nous tenions à mettre en avant la valeur et l’importance du rôle des coloristes !

Les mondes perdus tome 1 couverture

© Dupuis – Les mondes perdus tome 1 : Le crâne de Lubaantun – Lemaux et Aucha

Les Amis de la bande dessinée : Bonjour, merci de nous accorder du temps pour répondre à nos questions ! Pourriez-vous commencer par vous présenter en nous partageant votre parcours et vos études ? Et nous expliquer comment vous êtes-vous retrouvés ici avec cet album ?

Isabelle Lemaux : Bonjour, je m’appelle Isabelle Lemaux. Petite, je voulais faire de la BD ou du dessin animé. Je me rappelle être sortie du cinéma après avoir vu le Roi Lion, et j’ai dit à ma mère « Je serai un jour dans les crédits » (rires). Puis j’ai grandi en lisant beaucoup de mangas et je passais mon temps à dessiner. Vers 13 ans, je tombe amoureuse du dessin d’Alessandro Barbucci avec les Witch et je participe à un concours pour Minnie Mag : « Faites comme les Witch, inventez les magics ! » Je travaille d’arrache-pied pendant 10 jours et… je suis publiée ! C’est là que je me suis dit que je ferai de la BD mon métier. 

Isabelle Lemaux portrait

© Dupuis – Isabelle Lemaux

Après le bac, j’ai fait une prépa d’arts plastiques en école privée (EAP). Pendant un an, j’ai énormément dessiné, on était tous avec nos carnets de croquis avec plein de projets à réaliser, Ensuite, je suis entrée dans une licence d’arts plastiques, je faisais de la peinture, j’essayais de faire des choses que les professeurs appréciaient, c’est-à-dire tout sauf ce que j’aimais dessiner (rires), parce qu’à chaque fois c’était « c’est très manga ce que vous faites madame, nous n’aimons pas du tout ». J’avais l’impression de me faire rabrouer par l’ensemble des enseignants. Je me suis tout de même beaucoup amusée en peinture, mais les enseignants voulaient de l’art contemporain et ce n’est pas ce que je souhaitais faire initialement. 

Isabelle Lemaux planches

© Isabelle Lemaux

J’ai fini ma licence et ensuite, ne pensant pas trouver de travail dans le dessin, j’ai décidé de suivre une licence et un master d’arts plastiques spécialisé en cinéma d’animation 3D et effets spéciaux (Arts et Technologies de l’Image – Paris 8). Je me disais qu’au moins je pourrais, d’une façon ou d’une autre, toucher du doigt ce deuxième rêve d’enfance qu’est le dessin animé, même si c’était en faisant de la 3D et non du dessin. 

Isabelle Lemaux Amy essai

© Isabelle Lemaux

Lorsque j’ai fini mon master, à mon premier entretien d’embauche, on m’a dit que l’on m’imaginait plus en dessin, notamment en storyboard. Sur le moment je me suis dit « c’est une blague » (rires). Ce n’est pas ce que j’avais travaillé pendant 3 ans mais c’était encore mieux si je pouvais dessiner ! C’est le studio Toulousain TAT qui me donne ma chance et m’embauche sur « Les As de la Jungle ». Je travaille sur la fin de la saison 1, la saison 2, et le film ! Enfin mon nom dans les crédits d’un film !  Ensuite, je remonte à Paris, où je vais travailler sur pas mal de séries, dont un passage express de 2 épisodes sur « Miraculous Ladybug » mais c’est ce que tout le monde retient (rires).

Isabelle Lemaux Amy et son père

© Isabelle Lemaux

Les Amis de la bande dessinée : Ça ne m’étonne pas (rires). 

Isabelle Lemaux : Sinon j’ai travaillé sur le reboot de « Denver, le dernier dinosaure ». C’est là que j’ai rencontré Justine Cunha (« Dans les yeux de Lya » …) qui est également chez Dupuis. Nous sommes devenues très amies à ce moment-là. Et il y a 3 ans de cela environ, j’étais en burn-out, je voulais faire autre chose que de l’animation mais je ne pensais pas que la bande dessinée serait possible car je n’avais pas de scénario et que je ne faisais pas mes propres couleurs. Puis j’ai eu un enfant, donc encore moins de possibilités de travailler dans le dessin animé en storyboard, trop chronophage. C’est à ce moment-là que Justine entre en scène, en me disant « mais Isa pourquoi tu ne ferais pas de la BD ? ». Et je lui réponds « mais je n’ai pas de scénario, pas de couleurs… c’est mort ». Elle me motive en affirmant « Tu sais, il y a des gens qui sont scénaristes, c’est leur travail ! D’autres sont coloristes, c’est leur travail ! [rires] Si ça peut te plaire je peux parler de toi à mon éditrice ». Lorsque je rencontre Camille, son éditrice, elle me dit qu’elle a quelque chose pour moi, et c’était le scénario d’Aucha.

Isabelle Lemaux essai de personnages

© Isabelle Lemaux

Aucha : Quand j’étais petite je dessinais. J’avais même un bon coup de crayon, tout le collège et tout le lycée j’avais été repérée par les professeurs. À 11-12 ans, je suis tombée amoureuse de la BD franco-belge. Je sais que la plupart ont viré au manga mais pas moi (rires). Même s’il y a beaucoup de choses que j’apprécie dans le manga. Je trouvais que les dessins se ressemblaient souvent. De plus, le manga est très générationnel alors que la BD franco-belge est intergénérationnelle, je trouve que c’est sa grande force. Là où le manga va être un plus restreint sur une ou deux générations. Pour moi, elle apporte quelque chose en plus.

Aucha portrait

© Dupuis – Aucha

Les Amis de la bande dessinée : Personnellement, je ressens beaucoup d’émerveillement dans la BD franco-belge.

Aucha : Oui de l’émerveillement, de la nostalgie, beaucoup de choses sont décrites de manière différente. Là où le manga est très codifié, je trouve que dans la bande dessinée on a davantage de liberté dans les couleurs, les scénarios et le dessin. Ce qui est intéressant dans le manga c’est l’aspect très émotionnel dans ses histoires. Là où la BD franco-belge pêche un peu car elle a été créée par des hommes d’une certaine culture et d’une certaine époque et donc sûrement moins portée sur les émotions. Je comprends que les filles s’identifient moins à la BD. Pour ma part, je suis tombée amoureuse de Valérian, Perceval, Thorgal quand j’avais 12 ans. J’adorais l’aventure. Et je pense que le genre ne m’arrêtait pas.

Isabelle Lemaux planche

© Isabelle Lemaux

Mais pour ma mère ce n’était pas possible que je fasse de la BD ou du dessin, ce n’était pas un vrai métier à ses yeux. Elle m’a obligée à partir dans une voie plus conventionnelle et je l’en remercie quand même. J’ai fait donc du commerce international. Avec le temps, j’ai fini par perdre confiance en moi et j’ai arrêté le dessin. A côté, j’écrivais des histoires depuis mes 7 ans. C’était l’écriture qui restait ma meilleure amie, car j’étais toujours avec mes carnets. J’ai continué ma vie. En 2017, j’ai commencé à questionner des scénaristes notamment Dobbs, sur comment faire une histoire. Il me dit « beh écris un scénario, si tu as des histoires plein les tiroirs. De quoi t’as peur ? ». J’avais peur de me prendre un refus. Puis je rencontre mon conjoint Jean-Charles Poupard auteur de BD aussi. On en discute ensemble et il me donne le contact d’un autre scénariste pour que je lui demande son avis. Alors je lui envoie et le scénariste en question me dit que mon projet est génial et que je dois me lancer.

coiffure Amy

© Isabelle Lemaux

Un deuxième scénariste me dit la même chose et me donne le contact de Camille, qui est mon éditrice aujourd’hui. On signe et elle me demande quel dessin je vois pour cette histoire. J’avais des idées mais je n’arrivais pas à trouver de référence car je ne connaissais pas assez d’illustrateurs. De plus, pour la sensibilité je préférais travailler avec une femme qu’avec un homme. Elle m’envoie des dessins, beaucoup très beaux, surtout les Italiens qui sont très forts techniquement mais je trouvais que sur certaines choses ça manquait de sensibilité. Après elle m’envoie le compte insta d’Isa, et je dis à Camille que ça correspond totalement avec mon histoire et mon idée. C’est comme ça que mon projet est sorti de mon tiroir, il aura fallu 4 ans. 

Isabelle Lemaux copain Amy
© Isabelle Lemaux

Les Amis de la bande dessinée : Ah oui ! Vous avez maintenu le suspens quand même.

Aucha : Oui (rires). J’avais trop peur de le montrer.

Les Amis de la bande dessinée : C’est tout à fait compréhensible, si vous aviez peu de confiance en vous, vous deviez vous dire, si j’envoie mon projet pour qu’on me dise c’est nul…

Aucha : Oui, c’est ça. J’ai eu une famille très compliquée et un parcours de vie complètement atypique. On a beau avoir un certain caractère, une certaine indépendance, ce n’est pas évident de garder cette confiance et d’aller au bout du projet. J’étais partie du principe que tout le monde allait trouver mon projet nul. Alors que, la preuve, il faut toujours croire. Aujourd’hui, si on me disait non, je pense que je le prendrais différemment. Je me demanderais ce que je peux améliorer. Mais, il y a un petit cap à passer avant. Maintenant quand je croise des jeunes qui veulent faire de la BD, j’essaie d’être une alliée, même si le but n’est pas d’enjoliver et qu’ils se prennent un mur parce qu’on a été « trop gentille ». Je veux conseiller dans la justesse, j’y accorde énormément d’importance.

Isabelle Lemaux couple

© Isabelle Lemaux

Les Amis de la bande dessinée : On ne vous le reprochera pas je pense. C’est normal d’être critique s’il y a un manque de cohérence ou d’autres problèmes. La critique n’est pas envers la personne mais envers le travail.

Aucha : Oui, exactement.

Aurélie Frémineur : J’ai toujours voulu travailler dans le dessin animé ou la BD. Petite je voulais mettre en couleur les dessins animés. J’ai reçu une formation artistique à l’Académie des Beaux-Arts de Tournai de 2001 à 2004, option animation 2D – 3D, bien que diplômée, je n’ai pas souhaité poursuivre dans ce domaine. Un peu plus tard, j’ai découvert le travail de Barbara Canepa ce qui m’a donné l’envie de retourner à la couleur. En sortant de l’école j’ai remporté quelques prix pour mon travail.
 Ma 1ère publication à la couleur parait dans le Lanfeust Mag. Parallèlement à la BD, je deviens plasticienne, je fais de la sculpture et de la création artistique tout en continuant à beaucoup travailler pour avoir un bon niveau de maîtrise de la couleur. Je publie quelques albums chez différents éditeurs et en 2019, je suis contactée par Christophe Arleston pour rejoindre Drakoo. Depuis, j’ai également rejoint d’autres maisons éditons. Je suis arrivée sur le projet par un heureux hasard, la dessinatrice Mini Ludvin cherchait quelqu’un pour reprendre les couleurs sur “Le grimoire d’Elfie”.

Isabelle Lemaux croquis

© Isabelle Lemaux

Un ami m’a tagué sur la publication Facebook de Mini Ludvin et lui et moi avons commencé à nous taquiner sous forme de “combat rôle-play” du genre : “je sors ma hache pour te pourfendre”, ” non tu ne peux pas, j’ai une compétence qui va te contrer”, etc. Notre échange a beaucoup fait rire Isabelle, qui a vu que j’étais coloriste et qui elle aussi avec le reste de l’équipe des “Mondes perdus” cherchait un/une coloriste. Elle est allée voir mon profil et l’a soumis à Camille notre éditrice. Mon travail leur ayant plu, j’ai reçu un mail me proposant de rejoindre l’équipe. J’ai donc fait un test sur une des planches, ça a plu et l’aventure était lancée pour moi.

Isabelle Lemaux Les mondes perdus

© Isabelle Lemaux

Les Amis de la bande dessinée : Merci pour vos présentations très complètes. Alors comment avez-vous eu vent de la légende des crânes de cristal car elle n’est pas très répandue. Personnellement, j’ai beaucoup entendu parler de l’Atlantide, mais principalement au niveau européen et méditerranéen.

Aucha : Dans les années 1920, l’Atlantide c’est vraiment une trame de fond qui existait. Je me suis basée sur beaucoup de faits réels pour cette histoire. Amy s’est inspirée d’une personne qui a vraiment existé, qui a vraiment suivi son père aventurier dans les années 1920, aux prémices de l’archéologie.

Lady Astor

© Isabelle Lemaux

Les Amis de la bande dessinée : Elle avait 13 ans aussi.

Aucha : Alors, je l’ai juste rajeuni, la jeune fille dont je me suis inspirée avait entre 15 et 16 ans lorsqu’elle a commencé à suivre son père. Je suis tombée sur des articles qui expliquaient que même aujourd’hui, les enfants d’archéologues suivent souvent leurs parents sur les sites, et j’ai trouvé ça complètement fou et incroyable. Sûrement le fait qu’elle soit une femme, elle a été un peu oubliée, la seule chose qui l’a suivie c’est ce scandale autour des crânes de cristal qui avaient été créés de toute pièce pour être vendus comme des artefacts Maya. Cette légende est assez floue. Je voulais une porte pour introduire de la spiritualité chez les jeunes. Mais je me rends compte quand je lis beaucoup de commentaires que les lecteurs sont passés à côté, la plupart font un parallèle avec Indiana Jones (rires). Personne n’est allé chercher ce qui se cachait derrière. On a beaucoup travaillé les pages où elle part à l’intérieur d’elle-même, en transe et personne n’a commenté ça. Et ça m’amuse.

Isabelle Lemaux mimiques Amy

© Isabelle Lemaux

Les Amis de la bande dessinée : J’avoue que pour ma part, je n’ai pas vu ces scènes sous cet angle. Pour moi, c’était simplement de la magie. Et lorsque je lis de la BD, je ne cherche pas à comprendre le phénomène. Pourtant dans la vie au quotidien, je veux comprendre tout, avoir toutes les explications d’un phénomène ou d’une situation. Ce que j’ai vraiment adoré dans ce tome, c’est la volonté qu’avaient les personnages de chercher à comprendre les autochtones, à comprendre leur culture. Accepter qu’il n’ait pas la même vision que nous. Je m’éloigne un peu, mais c’est également ce que l’on retrouve dans le Disney Pocahontas.

Aucha : Oui c’était le but ! On a vraiment posé plein de choses afin de les développer dans les tomes suivants.

Isabelle Lemaux : Le tome 2 va être super !

Les Amis de la bande dessinée : Ya-t-il eu une difficulté particulière à mêler faits historiques et votre part de fiction et d’imaginaire ?

Aucha : C’est venu assez naturellement. La difficulté a plus été de me replonger dans des codes BD, parfois on est obligé de suivre certaines règles pour ne pas perdre le lecteur. On a l’inconvénient d’être limité en nombre de pages pour dire tout ce que l’on veut dire. Il faut que j’amène la dessinatrice à comprendre ma vision de l’histoire en amenant son univers bien sûr. Mais moi en amont il faut que j’effectue le travail du cadreur, de la réalisatrice et d’écrivain.

mimiques garçon

© Isabelle Lemaux

Aurélie Frémineur : C’est vrai que travailler sur les couleurs des “Mondes perdus” n’a pas été de tout repos, nous avons dû trouver notre méthode de travail et jongler avec les envies de chacune d’entre nous.
 Ça m’a beaucoup fait sortir de ma zone de confort, car j’ai dû travailler différemment de ce que je fais habituellement, mais nous avons réussi à nous accorder. Nous avons également eu la chance d’avoir une pré-publication, ce qu’on appelle un “Work in Progress” pour les libraires, l’album non terminé avec des planches en couleur et le reste encore en noir et blanc, c’était une superbe opportunité, mais ça a complètement chamboulé mon planning parce qu’il a fallu avancer la date de rendu des 40 premières planches d’environ 2 semaines, j’ai fini l’album en étant vidée et sur les rotules, mais ça en valait la peine.

Isabelle Lemaux Amy première version

© Isabelle Lemaux

Les Amis de la bande dessinée : D’ailleurs, comment s’est fait le choix des couleurs ?

Aurélie Frémineur : Je suis assez libre de mes choix en général. Sur les “Mondes perdus” j’ai tout de même eu des contraintes historiques et des contraintes de lieux. J’avais aussi une demande pour Amy notre héroïne, à savoir : blonde mais pas blonde platine aux yeux bleus, une héroïne qui s’oriente vers un blond chaud comme un blond miel. Aucha met à notre disposition tout un tas de documents qui sont une très bonne base pour s’imprégner de l’ambiance générale, des costumes, des pays et des traditions. Mais parfois, je n’ai que des photos en noir et blanc alors je complète mes recherches.
 Par exemple, quand Amy et Tikal découvrent l’intérieur de la pyramide encore intacte, je n’avais pas de références, j’ai donc cherché de mon côté à quoi ressemble l’intérieur d’une pyramide maya qui n’a pas été altérée par le temps et ma réaction a été la même qu’Amy : surprise et émerveillement. Ce sont des couleurs très brutes, très riches et qui sont saturées en pigments. Il a fallu adapter cette découverte pour avoir un rendu le plus fidèle possible à la réalité, tout en restant proche de ce qui avait déjà été fait dans l’album.  

Isabelle Lemaux visage Mayien

© Isabelle Lemaux

Les Amis de la bande dessinée : D’accord, et vous faites d’abord plusieurs propositions avant que le choix définitif soit fait ?

Aurélie Frémineur : Pas vraiment, parfois quand on ne sait pas trop vers quoi partir, il m’arrive de faire une proposition grossière des couleurs de type croquis. Mais en général, avec les indications que j’ai dans le scénario ou après en avoir discuté, j’envoie une 1ère version de la planche quasi-définitive, chacune me donne son avis et on revient sur des points de détail. Il arrive parfois que je me sois trompée et que je doive tout refaire (nuit au lieu de jour) mais ça reste rare.

Les Amis de la bande dessinée : Je suppose que la plupart des avis sont positifs ?

Isabelle Lemaux : Oui, on a eu pour la majeure partie des retours très positifs. On est très contentes. Après on sait qu’on ne peut pas plaire à tout le monde.

Aurélie Frémineur : Oui c’est vrai que les avis ont été très positifs. Le métier de coloriste est souvent très peu mis en avant, les lecteurs ont tendance à avoir une vision globale de l’album et le travail de la couleur se noie dans le dessin. Sur les “Mondes perdus”, beaucoup de retours de lecteurs dithyrambiques se font non seulement sur le dessin, mais également sur la couleur, et bien sûr, sur l’histoire. N’oublions pas Aucha qui fait un travail tout aussi remarquable et important. Nous avons également eu le plaisir de faire des dédicaces à trois (Aucha, Isabelle et moi), et le fait d’être à trois à la table des dédicaces fait prendre conscience aux lecteurs et lectrices qu’il peut y avoir d’autres métiers dans la chaîne du livre. J’ai eu beaucoup de questions sur mon travail et énormément de bienveillance de leur part. Bien plus encore que ce que j’avais imaginé. Je n’avais pas de doutes sur le fait que l’album rencontrerait son public, mais ça a été bien au-delà de mes espérances.

Isabelle Lemaux croquis

© Isabelle Lemaux

Les Amis de la bande dessinée : Je sais bien que pour cette question, votre réponse sera limitée. Pour le tome 2, est ce que ce sera une suite dans l’univers de l’Atlantide ou ce sera une aventure complètement distincte dans un autre pays ? 

Isabelle Lemaux : On ne peut pas vous donner la destination, mais l’idée est que pour chaque tome on découvrira un pays et une culture différente.

Aucha : L’Atlantide va rester en trame de fond, mais de manière plus subtile.

Isabelle Lemaux : De toute façon, ça se suit. Et au fur et à mesure on va la voir grandir.

Aucha : Le but, c’est de suivre les questionnements que se posent les adolescents en grandissant.

Les Amis de la bande dessinée : Intéressant, c’est agréable de voir un personnage évoluer avec le temps. Est-ce que dans les tomes suivants, on en apprendra plus sur la famille d’Amy, par exemple sur ses frères et sœurs ?

Aucha : Alors pas dans le tome 2 parce qu’on avait envie de poser d’autres choses. Je commence à réfléchir à comment mettre de la place pour la famille d’Amy. C’est vrai que ce n’est pas facile, à chaque tome il y a énormément d’éléments à présenter et à expliquer. Je dois faire attention à équilibrer les choses.

Les Amis de la bande dessinée : En tout cas vous avez vraiment créé un bel univers donc c’est normal qu’il y ait beaucoup de travail.

Isabelle Lemaux : Oui et c’est ce qui est intéressant dans cette BD. On fait beaucoup de recherches pour rendre hommage aux différentes cultures et respecter l’aspect historique. Il faut trouver des références de 1920 et ce n’est pas toujours évident ! Je ne savais pas qu’ils avaient déjà des lampes de poche par exemple !

Les Amis de la bande dessinée : Mise à part ce projet en avez-vous d’autres ? 

Isabelle Lemaux : Je donne un coup de main en storyboard sur le tome 2 « Le monde des cancres ». Si ça fonctionne bien, je ferai sûrement ceux des tomes suivants.

Aurélie Frémineur : Oui beaucoup, j’attaque le tome 2 des “Mondes perdus” cet été. J’ai également une sortie young adult chez Drakoo en juillet, “Les apprentis” avec Olivier Gay et Olivier Boiscommun.
 Je travaille en ce moment sur un hors-série spécial Halloween de la série jeunesse “Migali” chez Auzou avec Alexandre Arlène et Fabien Ockto Lambert. Et j’ai 2 autres projets qui doivent aussi arriver en 2025 pour Drakoo et Jungle, mais je ne peux pas encore en parler. J’écris actuellement une histoire, mais j’ai du mal à trouver du temps pour la finir.

Les Amis de la bande dessinée : Vous n’allez pas vous ennuyer à ce que je vois (rires). Et pour finir un petit mot pour nos lecteurs.

Aucha : Eh beh ACHETEZ LA BD (rires).

Isabelle Lemaux : (rires) Oui, découvrez les aventures d’Amy. J’espère que cela donnera envie de voyager et de découvrir le monde.

Aucha : On a créé une BD familiale, n’hésitez pas que ce soient les grands à la faire découvrir aux plus jeunes et inversement. D’ailleurs, Dupuis a mis en ligne une chasse au trésor gratuite sur le site, pour les librairies, les bibliothèques, les enseignants, et même pour les goûter d’anniversaire, n’hésitez pas à en profiter.

Aurélie Frémineur : À ceux qui n’ont pas encore découvert les “Mondes perdus”, je vous attends pour l’aventure, et j’espère que vous serez embarqué avec nous. À ceux qui sont déjà dans l’aventure, préparez-vous, faites de nouveau votre valise, nous embarquons bientôt pour un nouveau pays, et une nouvelle quête.

Isabelle Lemaux, Aucha, Aurélie Frémineur : Merci !

Les Amis de la bande dessinée : Merci à vous !

Propos recueillis par Manonn’ des sources

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