Léonarde tome 2 : Les Nains de la Gorge aux Leus

Léonarde est de retour, après un premier tome récompensé du Prix des Écoles à Angoulême. Toujours aussi maladroite, exubérante et diablement attachante, et bien sûr accompagnée de ses amis, la voilà lancée dans une mission diplomatique qui ne peut évidemment pas se passer sans… contretemps.

Un an après avoir rétabli la paix entre les humains, les Leus et les Goupil, Léonarde et la princesse Eldorise sont envoyées au royaume voisin du Breitwihr afin d’y porter un message d’entente entre les peuples. Pour cette mission elles seront accompagnées de leur ami goupil Larsan, mais aussi de la froide Nechka du peuple leu. Mais la situation du Breitwihr est plus complexe que le petit groupe ne le pensait…

Le loup, le renard et la princesse

Après une première aventure annoncée comme une histoire complète, comment proposer une nouvelle histoire qui ne soit ni répétitive ni opportuniste ? Isabelle Bauthian a eu l’excellente idée de développer son monde en envoyant ses protagonistes en mission diplomatique dans un royaume encore inexploré dans le premier tome. Et qui dit nouveau royaume, dit nouveaux personnages et nouveaux enjeux. Ainsi, la scénariste parvient à renouveler son récit, proposant de nouvelles péripéties, forçant ses protagonistes à trouver de nouvelles ressources, notamment Eldorise, qui devra s’affirmer de plus en plus en tant que princesse.

Mais renouvellement ne veut pas dire remise à zéro, et on retrouve dans ce second tome tout ce qui faisait le charme du premier, à commencer par ses héros des plus attachants. Dès la première planche, Léonarde nous offre une scène qui fait sourire du bonheur de la revoir. Il faut dire que l’humour, déjà bien présent dans la précédente aventure, parcourt de nouveau l’ensemble de l’album avec une efficacité redoutable. Les gags visuels sont fréquents, soutenus par le rythme haletant du récit. S’il n’y a que peu de suspense ou de réelle surprise dans l’aventure, on ne s’y ennuie jamais.

Very fun trip

Une des autres grandes forces du premier tome de Léonarde, de nouveau présente ici, est la qualité graphique de ses planches. Là encore les personnages sont particulièrement réussis. Avec un style simple et épuré, Anne-Catherine Ott parvient à leur donner, à tous, premiers rôles comme simples figurants, une vraie personnalité et des expressions aussi variées que lisibles. Les moues contrariées ou enjouées de Léonarde et Eldorise, et bien sûr du petit frère de celle-ci, Pippin, sont vraiment efficaces et offrent de grands moments de rigolade. La dernière apparition du petit Pippin est, à ce titre, hilarante.

Quant à la froide et hautaine Nechka, son charisme tranche, dans le bon sens, avec la bonhommie de ses compagnons, au point qu’elle devient vraiment touchante quand quelques fissures apparaissent dans sa carapace. Niveau décors, l’efficacité prime sur le grandiose, les paysages ruraux comme urbains sont simples mais permettent toujours de bien se repérer et, surtout, mettent toujours les protagonistes en valeur, aidés en cela par une mise en scène aussi dynamique que les petits héros. Les couleurs, assurées par Tanja Wenisch, font certes assez artificielles, mais leur coté très pop participe au ton déjanté du récit.

Loin de décevoir, la seconde aventure de Léonarde et ses amis est totalement à la hauteur de l’excellente surprise qu’avait représentée la première. Les planches d’Anne-Catherine Ott sont toujours aussi dynamiques et les bonnes tronches sont un régal. En gardant les caractères bien trempés de ses attachants protagonistes tout en leurimposant de nouvelles responsabilités, Isabelle Bauthian développe son univers tout en faisant évoluer ses héros. Avec l’ouverture de la narration vers un autre royaume, la scénariste s’offre de nombreuses possibilités de suites qui s’annoncent réjouissantes.

Une chronique écrite par : Cédric « Sedh » Sicard