Le Signe de Pao

De prime abord, une BD ayant pour thème l’art pariétal à une époque du paléolithique supérieur se situant entre l’aurignacien et le magdalénien, risque d’en repousser plus d’un. Et pourtant, la BD, Le signe de Pao, scénarisée par Jean François Chanson et mise en dessin par Juliette Vaast, est aujourd’hui réimprimée. Inspirée de signes pariétaux réels, cette fiction réaliste et subtilement didactique, offre une histoire mêlant aventure initiatique, amour, préhistoire et sciences qui a déjà attiré bon nombre de lecteurs.

Le Signe de Pao Eidola Editions couverture — © Le Signe de Pao – Jean François Chanson – Juliette Vaast – Eidola Editions

Il y a environ 20 000 ans, parti du sud de la France et après un long périple parsemé d’embûches, Wu arrive, à l’approche de l’hiver, sur une plage de l’Atlantique proche de l’embouchure de la Charente. Le jeune solutréen trouve refuge auprès d’une peuplade accueillante avec qui il partage les savoirs accumulés pendant son voyage auprès des autres tribus. Parfaitement intégré, il rencontrera l’amour, devra affronter les difficultés du quotidien et certainement apprendre de nouvelles choses.

Le Signe de Pao Eidola Editions planche 3 — © Le Signe de Pao – Jean François Chanson – Juliette Vaast – Eidola Editions

Une fiction d’aventure didactique

Cette histoire a été imaginée autour de signes pariétaux présents dans de très rares endroits dont le site de la grotte Placard aux environs d’Angoulême. Cette cavité possède la plus forte concentration de ces gravures qui de plus, sont les seules à avoir pu être datées au carbone 14. C’est en raison de ces caractères uniques qu’il leur fût attribué le nom de ce lieu-dit. La spécificité de ces œuvres rupestres majeures, à la signification inconnue, est qu’il s’agit de signes géométriques tectiformes ou aviformes, associés à des dessins et gravures riches et de qualité qui le plus souvent sont des représentations animales.

À partir de ces créations préhistoriques sur la paroi d’une roche et en respectant les découvertes scientifiques, les auteurs ont imaginé l’histoire de Wu, un jeune homme de l’époque solutréenne. Sur la base des conclusions des archéologues et historiens, ils ont composé de manière ludique et sans donner l’impression au lecteur de recevoir un cours d’école, le récit du signe de Pao. Tous les faits, connaissances et déductions scientifiques, sont associés pour constituer une aventure avec un héro, telle celle d’un Rahan, mais en plus réaliste.

Ainsi, le périple de Wu permet de présenter en dessin et avec précision les différents sites où a été répertorié le signe du placard. Le lecteur voit le jeune homme, avec des scènes judicieusement placées dans le récit, partager et utiliser ses découvertes de voyage telles que l’aiguille à chas, l’hameçon ou encore le propulseur. Il est aussi confronté aux difficultés de survie de l’époque comme se protéger du froid et des clans ennemis, s’habiller ou se soigner.

Le Signe de Pao Eidola Editions planche 15 — © Le Signe de Pao – Jean François Chanson – Juliette Vaast – Eidola Editions

Un dessin réaliste au service du récit et de l’Histoire

Le récit est rehaussé par les dessins qui illustrent toutes ces informations, tous ces lieux, ces paysages vierges et la nature à l’état brut. Le lecteur s’il ne les connaît pas, pourra s’offrir une première découverte de la grotte du Placard ou de Cosquer et de l’art pariétal qui s’y trouve. Les techniques d’utilisation du propulseur, de conservation de la viande, de tannage des peaux, de fabrication des lances ou de vêtements, sont reproduites très précisément dans des cases muettes qui se suffisent à elles-mêmes, nul besoin d’explications. Les scènes de combat ou de chasse avec un trait léger et une couleur neutre grise très présente atténuent, sans pour autant la masquer, la violence de ces vignettes rendant la bande dessinée accessible aux plus jeunes (à partir de 11 ans). Enfin, le trait appuyé des regards et des expressions servent la fiction tant pour accentuer les peurs, intentions guerrières ou moments de complicité et d’amour.

Le Signe de Pao Eidola Editions planche — © Le Signe de Pao – Jean François Chanson – Juliette Vaast – Eidola Editions

Le signe de Pao est une belle BD d’aventure à l’ère du paléolithique qui offre une excellente approche de la Préhistoire pour les collégiens. Fourmillant d’informations, réaliste et très pédagogique, la bande dessinée est recensée par le réseau Canopée (anciennement Centre National de Documentation Pédagogique, opérateur du ministère de l’éducation nationale).