Le pilleur de cimetières
Parue début janvier chez Les Humanoïdes associés, l’adaptation de la nouvelle de Robert Louis Stevenson par Sebastià Cabot, signant là sa première BD en français, conte l’horrible destin de Fettes, jeune étudiant naïf devenu du jour au lendemain assistant du docteur Knox, spécialisé dans la chirurgie…
© Les Humanoïdes Associés – Le pilleur de cimetières, d’après une nouvelle de Robert Louis Stevenson – Sebastià Cabot
Le décor est planté dès la première page : Edimbourg, 1828, Collège royal de chirurgie. Alors que l’intelligente Mademoiselle Galbraith aspire à devenir l’assistante du fameux docteur Knox, la voilà exclue d’emblée parce qu’elle est une femme. Contre toute attente, c’est le très naïf et maladroit Fettes, l’admirateur transi de cette dernière, qui est choisi !
© Les Humanoïdes Associés – Le pilleur de cimetières, d’après une nouvelle de Robert Louis Stevenson – Sebastià Cabot
Anatomie de la folie
Si cette place auprès d’un éminent spécialiste en anatomie devrait susciter honneur et fierté, le jeune gringalet va bientôt déchanter. Très rapidement en effet, le docteur Mcfarlane l’embarque dans un trafic de cadavres et dans les actes les plus répréhensibles. Fragile psychologiquement, Fettes pourra-t-il résister à l’emprise psychologique qui s’exerce sur lui ? Il semblerait bien au contraire que la folie s’empare de lui, avec des conséquences potentiellement irrémédiables sur son entourage…
© Les Humanoïdes Associés – Le pilleur de cimetières, d’après une nouvelle de Robert Louis Stevenson – Sebastià Cabot
Si Le pilleur de cimetières nous plonge dans une époque, celle du XIXème siècle, et de pratiques liées à la médecine, la BD entraîne davantage le lecteur dans des considérations psychologiques. Comme aspiré par un tourbillon d’horreur, l’auteur montre les mauvaises conséquences d’être trop impressionnable et de se faire manipuler. Le thème de la folie s’incarne magnifiquement dans cet album, qui inspire une terrible sensation de pente glissante.
© Les Humanoïdes Associés – Le pilleur de cimetières, d’après une nouvelle de Robert Louis Stevenson – Sebastià Cabot
Le pilleur de cimetières : lugubre à tous les niveaux
Sebastià Cabot a eu la bonne intention d’offrir aux personnages un physique inquiétant, en particulier au niveau des visages, du nez, des yeux, qui subissent des déformations quelque peu grotesques. Si Fettes est toujours représenté tout mince, tremblotant, inquiet à l’excès, le docteur McFarlane, lui, fait presque penser à un Dracula avec un teint grisâtre, des traits fixes, sans empathie. Monsieur Gray, préposé au transit de corps sans vie, et qui n’a aucun scrupule, se distingue par de plus grandes déformations encore.
© Les Humanoïdes Associés – Le pilleur de cimetières, d’après une nouvelle de Robert Louis Stevenson – Sebastià Cabot
Les scènes se déroulent tantôt au collège, tantôt dans des locaux vides, où un squelette sert de décor. Fettes, pour se vider la tête, se retrouve à fréquenter régulièrement les cafés de la ville et la nuit, divague dans les rues, qui sont à peine esquissées. Bien souvent, il pleut ; bien souvent, l’auteur dessine des silhouettes. Avec ici et là des bougies qui sont allumées ou des individus qui portent des lanternes pour s’éclairer la nuit, une ambiance inquiétante et lugubre est conférée à cet album surprenant.
Le pilleur de cimetière fait office d’album de choix pour une lecture dans le cadre automnal et d’Halloween. Cette adaptation d’une nouvelle en bande dessinée emmène le lecteur vers les plus répréhensibles actes, à partir d’un personnage des plus inoffensifs, ce qui fait la grande force de cette histoire, macabre à souhait !
Une chronique écrite par : Aurélie Dorchy
Informations sur l’album :
- Scénario, dessin et couleurs : Sebastià Cabot
- Éditeur : Les Humanoïdes Associés
- Date de sortie : 03 janvier 2024
- Pagination : 80 pages en couleurs
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