Le Mur de Hans – T4 de La Brigade des souvenirs

Tania, Alban et Théo sont trois adolescents qui enquêtent sur les mystères du passé. Généralement, tout démarre d’un objet qui semble insignifiant, mais suffisamment intrigant pour que le trio se mette sur la piste de son histoire. Avec Le mur de Hans, les lecteurs plongent dans la Grande Histoire, celle du mur qui sépara durant de longues décénnies l’Allemagne en deux blocs.

Couverture de l'album Le Mur de Hans
© La Brigade des souvenirs – Carbone, Cee Cee Mia et Marko – Dupuis

Avec ce 4e opus, Marko, Cee Cee Mia et Carbone nous embarquent dans un pan de l’histoire internationale qui résonne encore aujourd’hui : celui du mur de Berlin, de sa construction à sa destruction qui aboutit à la réunification de l’Allemagne. Un événement marquant et ancré dans la mémoire collective de l’humanité.

À l’instar des autres tomes, Le mur de Hans débute sur une séquence du passé. Dans la pénombre, une femme et ses trois enfants bravent l’obscurité pour se positionner devant un énorme mur qui les sépare de grands immeubles. Il est surmonté de fils barbelés et des miradors complètent ce sombre décor. Le lecteur se doute assez rapidement que la scène se déroule devant la plus grande prison que le monde ait connue : le mur de Berlin. Il sépara pendant près de 30 ans les deux blocs dominants, le communiste et le libéral, de l’après-guerre.

Page 3 de l'album Le Mur de Hans
© La Brigade des souvenirs – Carbone, Cee Cee Mia et Marko – Dupuis

De nos jours. Tania et Alban, qui sont frère et sœur, et leur ami Théo décident de participer à un vide-grenier. Ce trio forme la brigade des souvenirs. Dans leurs précédentes aventures, ils se sont penchés sur une relation épistolaire entre deux amoureux du début du XXe siècle ou encore ont découvert la tragique histoire d’un épisode peu glorieux de l’histoire de France, celle qui vit l’exode forcé d’une centaine d’enfants de la Réunion vers le département de la Creuse. Cette fois, c’est un bout de caillou trouvé dans les affaires de jeunesse du père des frangins qui les intrigue. Cette mystérieuse pierre semble chère au paternel. Et pour cause, il s’agit d’un morceau du mur de Berlin, un cadeau que lui offrit Hans, son correspondant allemand, avant que les deux hommes ne se perdent de vue à cause des aléas de la vie.

Page 4 de l'album Le Mur de Hans
© La Brigade des souvenirs – Carbone, Cee Cee Mia et Marko – Dupuis

Le mur de Hans, une lutte pour la liberté

Les deux scénaristes, Carbone et Cee Cee Mia, nous embarquent une nouvelle fois dans un récit haletant et rythmé par de nombreux rebondissements avec comme fil conducteur ce monument qu’est le mur de Berlin. En parcourant les différentes pages, on se remémore, pour les lecteurs les plus âgés, ces moments passés devant la télévision à regarder sa chute qui précéda de quelques mois celle de l’empire soviétique. Bien ficelé, le scénario nous en apprend davantage sur l’impact qu’a eu ce mur sur les familles allemandes séparées brutalement, et pour de longues décennies, par la construction rapide de cette barrière infranchissable et fermement gardée par les soldats de la mal-nommée République Démocratique Allemande.

Pour la première fois dans l’histoire de la série, Carbone et Cee Cee Mia lèvent le voile sur un autre passé : celui de l’histoire des jumeaux Tania et Alban. On y apprend notamment pourquoi ces derniers vivent chez leur grand-mère Manou.

Page 5 de l'album Le Mur de Hans
© La Brigade des souvenirs – Carbone, Cee Cee Mia et Marko – Dupuis

Le maître de la lumière

Le dessin tout en rondeur de Marko est parfaitement exécuté et le découpage est à la hauteur du rythme soutenu de l’histoire. Ceux qui le suivent sur les réseaux sociaux connaissent l’appétit du dessinateur pour le placement des lumières et des couleurs dans de magnifiques aquarelles qui rendent hommage aux montagnes sur lesquelles il aime randonner. Ici, la mise en couleur est réalisée par HadH, alternant avec une certaine poésie les ambiances du passé et celle de l’époque contemporaine du récit.

Marko nous régale par la variété de ses découpages et des plans des différentes cases de l’album, entre plans larges et rapprochés qui se succèdent à vitesse folle. Les lecteurs n’ont pas le loisir de s’ennuyer avec cette succession de scènes dynamiques.

Page 6 du tome 4 de La Brigade des souvenirs
© La Brigade des souvenirs – Carbone, Cee Cee Mia et Marko – Dupuis

Les lecteurs et lectrices attentifs remarqueront l’importance du son dans cet album avec une mise en exergue de certaines chansons fortement liée à l’histoire de l’humanité ou de la musique. On y retrouve notamment Sunday Bloody Sunday de U2, évoquant une marche pacifique réprimée dans le sang en Irlande du Nord ou bien l’incontournable l’album The Wall de Pink Floyd. En piochant, ici et là dans le récit, parmi d’autres chansons évoquées, on dispose d’une playlist idéale pour accompagner la lecture du traditionnel dossier pédagogique placé en fin d’album. Une échelle chronologique met en regard les événements de la fiction dessinée et ceux du réel, et de nombreuses informations complètent ce qu’il y à connaître de l’histoire du mur de Berlin.

Aujourd’hui, si le sinistre édifice berlinois n’existe plus, de trop nombreuses barrières ont été et sont encore construites de nos jours pour limiter la liberté de circulation des peuples, dissimulant aux pays les plus chanceux la misère qui se cache derrière ces imposantes façades. Le mur de Berlin, et bien d’autres bandes dessinées jouent un rôle essentiel pour nous faire découvrir ces histoires capitales qu’il convient de ne jamais oublier.

Page 7 du tome 4 de La Brigade des souvenirs
© La Brigade des souvenirs – Carbone, Cee Cee Mia et Marko – Dupuis

Chronique écrite par Bruce RENNES

Informations sur l’album

  • Scénario : Carbone et Cee Cee Mia
  • Dessin : Marko
  • Couleurs : HadH
  • Éditeur : Dupuis « Tous publics »
  • Date de sortie : 28 avril 2023
  • Pagination : 64 en couleurs
  • Format : 218 x 300

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