Parodiant « Le chien des Baskerville », Pierre Mortel & Anaïs Dumas le remplacent par un lapin au mauvais caractère, convaincu de terroriser les animaux de son territoire. Mais ceux-ci sont-ils vraiment si effrayés ?

Le Lapin des Baskerville Delcourt couverture

©Delcourt (Pataquès) – Le Lapin des Baskerville – Pierre Mortel et Anaïs Dumas

Se décrivant lui-même comme « l’horrible bête qui hante les landes et les marais », le lapin blanc se montre hargneux envers tous les animaux. Ceux-ci ne se montrent pas dupes, mais jouent le jeu, tout en se moquant ouvertement de lui. Il faut dire que les autres habitants des lieux sont loin d’être d’adorables petites boules de poils ou de plumes. Entre un poussin de 500 kilos qui pleure l’absence de sa maman, Bob et Bill, les deux limaces addicts aux champis, la famille de Beloups (à la fois loups et belettes) très agressifs (du moins au début) souhaitant elle aussi régner sur les lieux ou un corbeau et un renard se disputant allégrement, nombreuses sont les sources de conflits de voisinages… Curieusement, seul un ornithorynque particulièrement gentil réussira à devenir ami avec le Lapin des Baskerville, mais cette amitié survivra-t-elle au comportement de « son Altesse Lapin ».

Le Lapin des Baskerville Delcourt p6

©Delcourt (Pataquès) – Le Lapin des Baskerville – Pierre Mortel et Anaïs Dumas

Un humour délirant

Rien qu’en partant sur l’idée de créer une bande dessinée autour d’un lapin démoniaque, les auteurs ont fait fort. Ce lapin n’étant, en réalité, pas si respecté que ça, cela permet à toute une diversité de petites saynètes amusantes de se déployer, au moyen d’un bestiaire aux caractéristiques loufoques. Chacun se disputant des territoires et de la nourriture, l’humour est omniprésent, doublé d’une bonne dose d’agressivité animale ainsi que de franc-parler, le tout produisant un effet très réussi. Le vocabulaire, osé, n’est pas toujours des plus délicats et le sujet de la drogue revient régulièrement avec Bob et Bill, qui initient aussi le poussin aux champignons. Quelquefois, un moment de tendresse vient se glisser entre deux pages, mais c’est pour être bien vite bousculé et anéanti. Cette petite suite de gags s’inscrit toutefois dans une progression, tous les personnages évoluant d’une manière ou d’une autre vers, espérons-le, un mieux, et ce au gré des saisons.

Le Lapin des Baskerville Delcourt p13

©Delcourt (Pataquès) – Le Lapin des Baskerville – Pierre Mortel et Anaïs Dumas

Un dessin naïf et expressif

Le dessin d’Anaïs Dumas, tout en rondeur et en simplicité, nous plonge dans la nature du début à la fin : en journée ou de nuit, été comme hiver, sur la branche d’un arbre, un tertre ou en bordure de l’eau. Aucun détail ne vient embarrasser le lecteur, qui pourra se concentrer sur les dialogues acerbes et apprécier les faciès expressifs des animaux, surtout lorsqu’ils vocifèrent en montrant leurs dents et en projetant des postillons. Même s’ils semblent grossièrement représentés et si les yeux ne sont parfois même pas dessinés, cela participe du côté drôle et déjanté de l’album, qui ne s’embarrasse pas de fioritures ! Une simple barre pour le regard méchant et quelques dents pointues sur une forme évoquant plus ou moins un « beloup », voilà qui suffit à nous convaincre !

Le Lapin des Baskerville Delcourt p16

©Delcourt (Pataquès) – Le Lapin des Baskerville – Pierre Mortel et Anaïs Dumas

Le lapin des Baskerville propose une parenthèse irrésistiblement drôle auprès d’animaux tous plus agaçants les uns que les autres dont les interactions et les dialogues ont le pouvoir de faire rire aux larmes même lorsqu’ils essaient de se montrer menaçants. Loin d’être naïf et gentil, cet album est tout simplement mortel !

Le Lapin des Baskerville Delcourt p49

©Delcourt (Pataquès) – Le Lapin des Baskerville – Pierre Mortel et Anaïs Dumas

Une chronique écrite par : Aurélie Dorchy

Informations sur l’album :

  • Scénario : Pierre Mortel
  • Dessin et couleur : Anaïs Dumas
  • Éditeur : Delcourt (collection Pataquès)
  • Date de sortie : Le 27 août 2025
  • Pagination : 120 pages en couleurs

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