Le jour où je me suis choisie

Pour leur huitième conte moderne initiatique, les scénaristes BeKa et le dessinateur Marko mettent au centre de leur récit la jeune japonaise Naori, introduite dans le quatrième tome, dont la dépression avait fait quelques apparitions très intéressantes dans la série sous la forme d’une créature sombre. L’occasion d’en savoir plus sur l’un des personnages les plus attachants du Jour où…

© Bamboo Edition, Le jour où je me suis choisie, BeKa-Marko-Maëla

Le jour où elle s’est choisie auquel fait référence le titre de l’album, c’est, pour Naori, celui qui l’a vue braver ses doutes et craintes pour partir dans une nouvelle aventure en campagne Cambodgienne. Là-bas, sa formation d’infirmière lui fournira l’occasion de rencontrer et partager le quotidien de la doctoresse Rosangela et de la petite Chea qui l’aideront à remettre en question nombre de certitudes qui la rendaient prisonnière d’elle-même.

Le jour où je me suis choisie planche

© Bamboo Edition, Le jour où je me suis choisie, BeKa-Marko-Maëla

Rien ne se crée, rien ne se perd…

Le premier fait notable de ce huitième tome est son titre. En effet, pour la première fois, on y trouve le pronom « je » et non plus « il/elle », et ce n’est pas un détail, loin de là. Histoire complète, comme toujours, le Jour où je me suis choisie parle de la dépression et du cheminement personnel pour en sortir. Contrairement à la plupart des précédents tomes, la psychologie de sa protagoniste passe avant ses interactions sociales, même si c’est à nouveau grâce à des rencontres à la fois ordinaires et exceptionnelles, que Naori parviendra à dépasser ses barrières mentales.

Autre récurrence de la série, les dialogues priment sur les événements qui sont, finalement, relégués à la fonction de « créateurs de moments d’échange » : d’une péripétie naîtra une discussion qui aidera Naori dans son parcours intérieur. Bien que l’histoire puisse ainsi tenir sur un post-it, l’album n’en reste pas moins passionnant, par la réflexion qu’il fera naître chez le lecteur grâce au talent des BeKa pour les phrases chocs. Si certaines de celles-ci peuvent paraître un peu faciles ou évidentes, beaucoup font mouche et peuvent être adaptées à la vie de chacun.

Le jour où je me suis choisie planche 10

© Bamboo Edition, Le jour où je me suis choisie, BeKa-Marko-Maëla

… tout se transforme

Quel plaisir de retrouver le dessin tout en douceur de Marko qui s’adapte tellement bien au récit des BeKa. Des visages expressifs de ses personnages aux décors toujours poétiques (pour les extérieurs) ou cosy (pour les intérieurs), le talent du dessinateur bordelais est une fois de plus indéniable. La mise en image de la dépression de Naori, déjà entrevue dans le tome 4, est également une réussite : menaçante, inquiétante, perverse, celle-ci devient rapidement un réel protagoniste.

Une habitude dans la série, certaines pages proposent un graphisme totalement différent du reste de l’album. Ici, c’est à nouveau le cas avec les récits psychologiques de Rosangela aux dessins d’une grande naïveté et tout en monochromie. La colorisation de ce huitième tome est, comme pour les sept premiers épisodes, assurée par Maëla Cosson qui avait déjà collaboré avec BeKa et Marko sur le diptyque Voyage en Chine / Voyage en Inde (2013-2014). Sa gamme douce se marie parfaitement au dessin de Marko et l’ambiance douce-amère générale de l’album participe pleinement aux émotions que l’histoire veut transmettre.

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© Bamboo Edition, Le jour où je me suis choisie, BeKa-Marko-Maëla

Comme pour les tomes précédents, le Jour où je me suis choisie ne bénéficie pas d’un scénario riche en événements ou en aventures. Il ne s’y passe pas grand-chose et pourtant, cette fois encore, la magie opère et le tome est passionnant du début à la fin. Loin d’être avare en petites phrases chocs ou en citations profondes, même si certaines semblent parfois un peu faciles,ce huitième voyage psychologique emmènera sans aucun doute de nombreux lecteurs sur un chemin de réflexion.

Chronique écrite par Cédric « Sedh » Sicard

Informations sur l’album :

  • Scénario : BeKa
  • Dessin : Marko
  • Couleurs : Maëla Cosson
  • Éditeur : Bamboo
  • Date de sortie : 28 août 2024
  • Pagination : 60 pages

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