Le Gigot du dimanche

Philippe Pelaez au scénario, Espé au dessin et Florent Daniel aux couleurs, déjà le casting attire l’attention ! Ensuite le titre, Le Gigot du Dimanche, à lui seul réveille nos souvenirs et annonce que nous allons passer un bon moment. Enfin, le dessin de couverture avec tous ces personnages différents, de tous âges et aux traits si expressifs autour dudit «Gigot» couché sur un lit de louis d’or, pose le décor et l’histoire. D’avance, nous savons que nous allons avoir une lecture distrayante et amusante.

Couverture de l'album Le Gigot du dimanche
© Le Gigot du dimanche – Philippe Pelaez et Espé – Grand Angle

Dimanche, 17 mai 1981, François Mitterrand a gagné 8 jours plus tôt l’élection présidentielle face à Valéry Giscard d’Estaing. Un vent de changement souffle sur une moitié de la France pendant que la peur emporte l’autre moitié. Cela n’empêche pas Philippe, dit «Pilou», 11 ans, de se retrouver avec ses parents, oncles, tantes, cousin et cousine chez mémé à Gaillac, pour le rituel Gigot aux flageolets, comme toutes les trois semaines.

Pilou nous raconte, avec l’innocence de ses yeux d’enfant, une histoire de famille liée à un trésor en louis d’or, qui ne doit servir qu’en cas de coups durs, et dont mémé, son arrière grand-mère, refuse de révéler la cachette.

Les petits enfants, plus vénaux les uns que les autres et malgré les jalousies et rivalités exacerbées par le résultat de l’élection présidentielle, font alliance pour mettre la main sur cette fortune supposée sous le regard de Pilou et de sa malicieuse et lucide mémé.

Page 6 de l'album Le Gigot du dimanche
© Le Gigot du dimanche – Philippe Pelaez et Espé – Grand Angle

Un portrait réaliste de la famille dans les 80’s

Les auteurs nous présentent une galerie de personnages avec lesquels nous trouvons sans difficulté de nombreuses ressemblances avec nos proches. Nous apprécions aussi les nombreuses références aux années 80 que nous soyons de cette génération ou non.

Le cousin Pierre qui emprunte son style à celui du chanteur Renaud, les femmes endimanchées coiffées d’un joli brushing, la Renault 9, la grosse télé à tube cathodique ou encore les soupières anciennes posées en décoration sur des napperons pour éviter les traces sur les meubles en bois cirés. Tout nous rappelle ces rituels dominicaux d’antan avec nostalgie pour ceux qui les ont connus et les font découvrir aux autres.

Page 7 de l'album Le Gigot du dimanche
© Le Gigot du dimanche – Philippe Pelaez et Espé – Grand Angle

Un portrait de la société des 80’s

Cette BD nous remémore ce qu’était la société des années 80. La parole qui commençait à se libérer sur l’homosexualité des hommes et quand nous croisions un vieux garçon comme tonton Claude, avec un prénom mixte, prenant soin de son apparence et coiffeur de profession, il était suspecté d’être une « tata » ou un « PD ». Le besoin de consommation et de possession accentué dans cette décennie est dénoncé par la cupidité des petits enfants qui veulent absolument le trésor réservé en cas de coups durs pour acheter une moto, un appartement ou rembourser des dettes de jeux. Nous retrouvons aussi, au travers de scènes très drôles et proches de la réalité, des disputes familiales exacerbées par la victoire de l’Union de la Gauche qui a invité les débats politiques aux repas de famille. Enfin, l’explosion du culte des loisirs et du sport nous est décrite avec le sacro-saint Loto de mémé et avec l’immanquable match de rugby du sud ouest.

Page 8 de l'album Le Gigot du dimanche
© Le Gigot du dimanche – Philippe Pelaez et Espé – Grand Angle

Une comédie de Boulevard dans le texte et le dessin

Les personnages semblent tout droit sortis d’une comédie de boulevard et l’histoire à l’une de celles que nous savourions en regardant à l’époque l’émission «Au Théâtre Ce Soir». Nous y retrouvons la recette de la comédie satirique. Aux personnages réalistes, auxquels nous nous identifions, et légèrement caricaturés, grâce aux traits des expressions de visage d’Espé, s’ajoute un sujet simple avec le trésor caché en objet de convoitise qui éveille tous les fantasmes et révèle les défauts du genre humain tels que la cupidité, le mensonge et la trahison. Le tout est épicé par des secrets de famille dévoilés brutalement. Enfin, telle une sucrerie, l’auteur saupoudre l’histoire de la naïveté d’un enfant et de la malice d’une vieille dame pour conclure cette histoire avec une jolie morale. L’ensemble aboutit à des scènes cocasses ponctuées de tirades et phrases chocs très amusantes. Les teintes claires et multicolores parachèvent l’effet comique et tendre de cette fable familiale.

« Le Gigot du Dimanche » nous sert un très agréable moment de lecture plein de bons sentiments. Les Quinquas de 2024 éprouveront une grande et belle nostalgie des 80’s, certains se souviendront des bons et moins bons moments de ses grandes tablées familiales rituelles du dimanche et les deux en même temps pour les autres. Ce qui est certain c’est que tous muscleront leurs zygomatiques.

Page 9 par Philippe Pelaez et Espé
© Le Gigot du dimanche – Philippe Pelaez et Espé – Grand Angle

Chronique écrite par Xavier G.

Informations sur l’album

  • Scénario : Philippe Pelaez
  • Dessin : Espé
  • Couleurs : Florent Daniel
  • Éditeur : Grand Angle
  • Date de sortie : 2 mai 2024
  • Pagination : 72 en couleurs

Vous pouvez discuter de l’album Le Gigot du dimanche sur notre groupe Facebook des Amis de la bande dessinée.

Nous avons fait le choix d’être gratuit et sans publicité, néanmoins nous avons quand même des frais qui nous obligent à débourser de l’argent, vous pouvez donc nous soutenir en adhérant à l’association des Amis de la bande dessinée. L’ensemble de l’équipe vous remercie d’avance pour votre aide.

Consultez la liste de nos librairies partenaires pour vous procurer l’album Le Gigot du dimanche.