Le Fantôme de l’Opéra
Paul et Gaëtan Brizzi, auteurs de l’Automne à Pékin, proposent une adaptation d’un des plus célèbres romans de l’écrivain Gaston Leroux : le Fantôme de l’Opéra. Les deux frères livrent un album plein de parti-pris audacieux.
©Futuropolis – Le Fantôme de l’Opéra (d’après l’œuvre de Gaston Leroux) – Paul & Gaëtan Brizzi
Paris, 1890. Mais que se passe-t-il à l’opéra Garnier ? Une soprano est malade, le chef machiniste est retrouvé pendu et les directeurs doivent réserver la loge numéro cinq à l’usage exclusif du… Fantôme de l’opéra. Ah oui, le Fantôme demande aussi une rente mensuelle de vingt mille francs ! Une mauvaise blague ? Hélas, tout semble indiquer que le Fantôme de l’opéra existe bel et bien et qu’il ne plaisante pas.
©Futuropolis – Le Fantôme de l’Opéra (d’après l’œuvre de Gaston Leroux) – Paul & Gaëtan Brizzi
Un parfum de film muet
Comme expliqué en introduction, les frères Brizzi ont fait des choix pour passer du roman à la bande dessinée. L’un d’eux est de proposer un album en noir et blanc avec un aspect minimaliste. Ainsi, lorsque le cadrage est proche des personnages, les décors sont peu présents ou totalement absents. Cela donne des planches claires favorisant la lisibilité. Ces pages contrastent avec celles, souvent impressionnantes, qui prennent toute la place. Elles sont plus détaillées mais surtout magnifiques à regarder.
©Futuropolis – Le Fantôme de l’Opéra (d’après l’œuvre de Gaston Leroux) – Paul & Gaëtan Brizzi
De tout cela se dégage un parfum, non pas de la dame en noir, mais d’un vieux film muet voire du début du cinéma parlant. Une superproduction qui aurait décidé d’en mettre plein la vue sur ces plans larges et de favoriser la clarté sur ses gros plans.
©Futuropolis – Le Fantôme de l’Opéra (d’après l’œuvre de Gaston Leroux) – Paul & Gaëtan Brizzi
Les scénaristes ont aussi fait le choix d’effectuer des coupes dans le roman et de se passer de certains personnages. Ainsi les puristes regretteront l’absence du frère du vicomte Raoul de Chégny et la disparition du passage du bal durant lequel le fantôme apparaît déguisé en mort rouge rappelant Edgar Allan Poe ou encore lorsqu’il compose sa grande œuvre à l’abri dans son antre. Cependant ces arbitrages permettent à la narration d’aller droit au but et de se concentrer sur l’intrigue principale du livre : le triangle amoureux, si tant est qu’on puisse l’appeler ainsi, entre Raoul, Christine et le Fantôme. De nouveau, les auteurs semblent aller vers la simplicité et la clarté pour les lecteurs.
©Futuropolis – Le Fantôme de l’Opéra (d’après l’œuvre de Gaston Leroux) – Paul & Gaëtan Brizzi
Simplicité et efficacité
Le roman de Gaston Leroux a été publié pour la première fois en 1910 et depuis, toutes les formes d’art se sont appropriées l’œuvre, que ce soit le théâtre, la comédie musicale, le ballet, le manga et, bien sûr, le cinéma (mais étrangement jamais par les Français). Cette nouvelle adaptation, avec ses choix forts (stratégiques assumés) rend cette adaptation lisible et claire.
Pour conclure : l’album évoque aussi un thème d’actualité qui justifie d’une certaine manière cette nouvelle adaptation : l’emprise. En effet, Christine est sous l’emprise du Fantôme puisqu’il lui a donné sa voix qui lui permet de faire carrière dans l’opéra mais en échange le Fantôme veut l’amour de la cantatrice. Un chantage affectif auquel la chanteuse ne peut céder. Tout cela fait l’objet de la dernière partie de l’album que certains trouveront un peu précipitée mais comme toujours dans ce livre : simple et efficace.
©Futuropolis – Le Fantôme de l’Opéra (d’après l’œuvre de Gaston Leroux) – Paul & Gaëtan Brizzi
Une chronique écrite par : Frédéric P.
Informations sur l’album :
- Scénario : Paul & Gaëtan Brizzi d’après le roman de Gaston Leroux
- Dessins : Paul & Gaëtan Brizzi
- Couleurs : Paul & Gaëtan Brizzi
- Éditeur : Futuropolis
- Date de sortie : Le 15 janvier 2025
- Pagination : 160 pages noir et blanc
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