L'Appel de la Forêt - Les Amis de la BD

L’Appel de la forêt est la dernière adaptation littéraire de Maxe l’Hermenier pour la collection « Pépite » de Jungle éditions, destinée à un jeune public. Avec Thomas Labourot au dessin et à la colorisation, ils proposent leur vision du célèbre roman de Jack London pour la faire découvrir ou redécouvrir.

Buck est un chien né du croisement d’un saint-Bernard et d’une Colley d’Ecosse. Protecteur, intelligent et doux, il jouit de l’affection de son maître, le vieux juge Miller, dans son beau, confortable et paisible domaine. Tout bascule lorsque l’aide de maison, au service du vieil homme, kidnappe Buck pour le vendre à des trafiquants d’animaux. Débute alors, pour le chien docile, un périple et une aventure qui vont bouleverser sa condition et sa vie. Maltraité, confronté à moult épreuves et devant lutter pour sa vie, Buck révèlera un caractère hors normes pour un animal de compagnie et apprendra à s’affranchir de la soumission à l’homme pour rejoindre la vie sauvage.

Une énième adaptation ?

En 2018, Maxe l’Hermenier imagine « Pépite », une collection pédagogique dont l’objectif est d’adapter les œuvres littéraires pour la jeunesse en bandes dessinées. Après Les Misérables, La Ferme des Animaux, L’île du Crâne ou encore le Magicien d’Oz, le prolifique scénariste s’intéresse au célèbre roman de Jack London qui a déjà connu beaucoup d’adaptations, qu’elles soient cinématographiques, animées ou dessinées.

Le récit est fidèle au roman. Cependant et probablement en raison des contraintes de ce médium, l’enchaînement très rapide des situations leur laisse peu de temps pour se développer tout comme les émotions du lecteur de s’exprimer. Des impasses faites sur l’histoire originale ne permettent pas de comprendre pourquoi l’animal est vendu et la construction des liens forts qui unissent Buck et John Thornton est presque occultée en ne racontant pas les scènes du pari, de la bagarre dans le bar, ni de l’expédition vers la mine et son exploitation.

Pour autant, tous les grands thèmes du roman sont abordés. L’aventure du Grand Nord à la fin du XIXeme siècle, l’importance de la solidarité, la survie, les relations entre l’homme et l’animal, entre le monde civilisé et le monde sauvage, le dépassement de soi et la liberté.

Le rôle essentiel du dessin

la couverture de l’album affiche clairement que cette BD s’adresse aux enfants, le trait rond et les couleurs pastel en sont des signe évidents. Le dessin n’est pas pour autant naïf et avec les couleurs, il est un élément essentiel de la narration et de la restitution du roman. En effet, les bulles sont le plus souvent brèves et s’effacent régulièrement pour lui laisser toute la place. Avec des couleurs sombres ou rouge sang, il exprime à lui seul les émotions très présentes dans les regards en gros plans ou encore les scènes de maltraitance et de violence, dont il ne fait pas l’économie, comme lorsque Buck massacre des amérindiens Yeehats. La mise en page dynamique apporte aussi beaucoup au rythme du récit avec une architecture très irrégulière et des dessins qui s’échappent des cadres. Les très rares moments d’apaisement ou de bonheur quant à eux retrouvent un style plus régulier voir même de gaufrier et sont accentués par un retour aux couleurs pastels claires et lumineuses.

Il est toutefois dommage de ne pas avoir inséré des cases en demie ou pleine page pour traduire la beauté et l’immensité des paysages du grand nord.

Avec cette adaptation de l’Appel de la Forêt Maxe l’Hermenier et Thomas Labourot livrent une version qui respecte l’œuvre de Jack London et la rendent accessible à ceux qui ne l’auraient peut-être pas lue autrement. La suppression de certains passages ou la non mise en évidence de la grandeur des décors naturels peut être reprochésmais il faut respecter les contraintes du format de la BD et l’objectif n’est-il pas aussi de donner envie de lire le roman et donc de conserver une part de découverte et d’imagination ? Même si cette adaptation offre un très agréable moment de lecture, quelques pages supplémentaires auraient permis de lui donner plus de profondeur et faire qu’elle se distingue des autres.