L'Adoption tome 5 - le sourire du plombier

Après deux diptyques, L’adoption revient avec un troisième cycle sous forme d’un one shot. Toujours scénarisé par Zidrou et dessiné par Arno Monin, Le sourire du plombier présente une nouvelle famille face aux joies et peines du quotidien dans un récit une fois encore profondément touchant.

Trois sœurs en deuil se réunissent après le décès de leur père, Eduardo, déjà veuf, et se remémorent leur enfance dans cette famille atypique. Maman travaille pendant que papa s’occupe des trois filles qui ont le même âge mais pas la même histoire : un accouchement et deux adoptions, tout ça à quelques mois d’intervalles dans ce qui constitue un heureux accident.

Eduardo et ses trois mousquetaires

Cette troisième adoption est de loin la meilleure. Après une introduction toute mignonne qui semble planter le contexte d’une intrigue simpliste, le récit prend de l’ampleur en se déroulant non pas chronologiquement mais au gré des souvenirs des trois filles et des anecdotes de la vie de leur père. C’est une des grandes forces de l’album qui balade son lecteur d’émotion en émotion tout en construisant petit à petit cette famille, les liens qui l’unissent, les petites joies, les grands malheurs, les grands bonheurs et les petits drames, le tout dans des scènes criantes de sincérité.

Si le talent du scénariste Zidrou n’est plus à prouver, et dans des styles aussi variés que le drame, l’humour et même le fantastique, il est indéniable que Le sourire du plombier se placera parmi ses récits les plus aboutis, tant par la justesse de ses scènes que par l’originalité de sa construction narrative. En témoignent notamment ces quelques souvenirs de la narratrice racontés alors que les cases montrent le présent : l’histoire avance en même temps que la famille se dessine.

Commençant par le deuil du patriarche, les adoptées sont des adultes aux vies construites et stables. Ici, contrairement aux deux premiers cycles, l’adoption et ses conséquences ne sont donc pas au centre de l’intrigue, permettant à la série un renouvellement de ton bienvenu. Chaque personnage est attachant et suscite immédiatement l’empathie du lecteur : les trois filles bien sûr mais aussi le couple que forment leurs parents dans leurs souvenirs. Si la maman est peu présente dans l’album, c’est bel et bien le père, Eduardo, qui en est l’élément central, donnant même le titre de l’album, Le sourire du plombier (ne faisant pas tout à fait référence au métier…).

Une famille en or

Pour ce troisième cycle, Zidrou retrouve son compère Arno Monin et son trait semi réaliste. Avant les cinq albums de l’Adoption, tous deux avaient collaboré sur le génial Merci, déjà chez Gand Angle et il est à nouveau évident que leur complicité déborde des cases du Sourire du plombier. Si le scénariste fait voyager ses protagonistes dans des flash-backs incessants, le dessinateur maîtrise ses personnages à n’importe quel moment de leur vie et parvient à rendre l’histoire fluide. Nul besoin d’évoquer une date précise : les visages et expressions corporelles placent le décor, ce qui permet d’accentuer la narration faite de souvenirs.

L’expressivité des protagonistes, particulièrement mise en valeur par un cadrage intelligent et sensible, est donc l’un des atouts majeurs de l’esthétique de l’Adoption, mais le dessinateur a d’autres atouts dans sa main. La mise en scène est simple et efficace. Tout le récit est limpide et juste, évitant ainsi le recours à des explications grossières. Assurant lui-même la colorisation, Arno Monin, apporte, avec sa palette douce et agréable, la même clarté à ses cases et l’album est un réel plaisir pour les yeux.

Avec son récit à la fois intimiste et plein d’aventures et de rebondissements, son univers magique intemporel mais aux enjeux résolument actuels, comme la quête de soi, la peur de l’avenir, ou l’entrée dans l’âge adulte, et ses personnages attachants enrichis par la thématique des tarots, cet imposant troisième tome offre une super conclusion àSérie attachante s’il en est, l’Adoption alterne dans chacun de ses récits les scènes joyeuses ou émouvantes, et à chaque fois la réussite est au rendez-vous. Le scénariste Zidrou parvient à rendre son histoire encore plus crédible et immersive que dans les précédents tomes grâce à des personnages attachants ballottés dans leur vie de tous les jours, aidé en cela par le dessin toujours juste et limpide d’Arno Monin. En cassant les codes narratifs de la série, l’Adoption parvient à se renouveler et montre que tout n’a pas encore été raconté. Un quatrième cycle est à espérer.

Chronique écrite par : Cédric « Sedh » Sicard

Informations sur l’album :