La Valse des Montagnes

Après l’Ondine de l’étang, d’après le texte éponyme des frères Grimm, en 2024, la catalane Anna Aparicio Catalá revient chez Aventuriers d’Ailleurs avec un conte né de son imagination, la Valse des Montagnes. Mystères et accordéon sont au rendez-vous de ce généreux one-shot dont l’autrice signe à la fois le scénario, le dessin et les couleurs.

La valse des montagnes Aventuriers d'Ailleurs couverture

Amandine est considérée comme l’une des meilleures accordéonistes au monde, acclamée à chacune de ses nombreuses représentations. Si nombreuses que la jeune femme commence à douter de la pérennité de sa passion pour cet instrument qui la faisait tant vibrer depuis l’enfance. C’est alors qu’une étrange proposition lui arrive : apprendre et jouer un morceau unique lors d’une fête dans un village reculé au cœur des Pyrénées. Mais la prestation doit être parfaite, à la note près, sinon…

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« Fichtre, une jeune joueuse d’accordéon…

La couverture de la Valse des Montagnes est totalement fidèle aux planches qui lui font suite, et c’est un grand plaisir de retrouver le dessin si particulier d’Anna Aparicio Catalá pour sa seconde incartade dans le neuvième art, un trait relativement différent dans ses bandes dessinées à celui de ses nombreux albums jeunesse. Assez proche de son Ondine de l’étang, l’esthétique de la Valse des Montagnes n’est pas une invitation au voyage en direction des Pyrénées sauvages, mais plutôt une invitation au rêve avec ses paysages à la fois simples mais tellement poétiques, notamment grâce à leurs couleurs automnales douces et vives à la fois, à la fois grandioses et, parfois oppressantes.

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Dans ces décors oniriques, chaque scène dégage une sensation de danger mêlé à une certaine sérénité. Cette dualité qui trouble Amandine en fait de même avec le lecteur, l’ambiance baignant dans la magie et la bizarrerie, notamment par les curieux habitants du village aux noms si particuliers : le maire Lemaire, le brun Lebrun, le grand Legrand et le seul enfant du village… Jean-Marc. Tous ont une obsession : qu’Amandine joue sans aucune fausse note la Valse des Montagnes, tous sont terrifiés à l’idée que la jeune femme puisse commettre la moindre erreur dans son interprétation. Et petit à petit le mystère s’épaissit pour Amandine alors que le lecteur commence à y voir plus clair.

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… avec tous ses doigts ! »

Bien que l’intrigue soit assez originale, son déroulé est, en effet, assez classique et prévisible. Mais le plus important n’est pas là, l’essentiel n’est pas la destination mais le voyage : la mélodie et les émotions qu’elle provoque chez Amandine comme chez le lecteur. Et à ce titre, la Valse des Montagnes est une grande réussite. Si on comprend les enjeux et la réalité de la situation plus vite que le fait Amandine, ça ne sort toutefois jamais du récit. L’empathie se déplace de la jeune femme vers Jean-Marc, mais aussi vers tous les habitants qui passent de curieux à émouvants sans que l’auteure n’ait à changer leur comportement, mais seulement par la perception du lecteur sur le contexte qui évolue.

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Pour les protagonistes aussi, le style d’Anna Aparicio Catalá ne laissera personne de glace. Qu’on apprécie ou non leurs grands yeux, placés assez bizarrement dans les profils, leurs traits simplistes et souvent exagérés, leurs corps aux formes étranges, il est indéniable que ce choix graphique colle parfaitement à l’ambiance de l’album. L’illustratrice a montré, tout au long de sa carrière riche en albums jeunesse, une grande diversité de styles, mais elle a su piocher le bon pour mettre en images et en scène ses contes en bande dessinée, aussi bien l’Ondine de l’étang que la Valse des Montagnes.

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Conte fantastique, teinté d’horrifique, avec un côté feel good dans la quête de soi d’Amandine, un personnage passionnant qui parcourt les planches avec une grâce et une légèreté qui n’est pas sans évoquer la valse, le nouveau titre d’Anna Aparicio Catalá, est un grand moment de poésie, dont l’ambiance prime sur l’intrigue. La musicienne Marta Ledesma a, d’ailleurs, composé et enregistré un morceau dédié à l’album, intitulé lui aussi la Valse des Montagnes. La mélodie, ainsi que sa partition sont téléchargeables via un QR Code au début du livre. Écouter ce morceau lors des scènes de répétition mais aussi, bien sûr, pendant l’interprétation d’Amandine apporte un réel plus à l’album.