La Vague rouge – T1 de Trésor
En bande dessinée comme en musique, les auteurs fondent leurs œuvres sur des éléments qui sont souvent les mêmes. Si les musiciens utilisent depuis toujours les mêmes notes pour arriver à réaliser une mélodie originale, les créateurs de BD puisent dans des thèmes et idées le plus souvent familiers des lecteurs pour produire leur ouvrage. Et quand ces créateurs utilisent cette matière avec bonheur, bonne humeur et imagination, il en ressort un album de pure évasion agréable, sympathique et fort. C’est le cas de « La vague rouge », premier album de la série « Trésor ».
Trésor, c’est le nom d’un petit garçon de 9 ans qui aime s’amuser avec ses amis à toutes sortes de jeux de rôles, et notamment aux pirates. La bande peut aisément s’adonner à ce plaisir car la famille de « Trez », comme on le surnomme, possède Brigantin, un vieux rafiot resté à quai, unique souvenir laissé par la mère de l’enfant, portée disparue depuis longtemps. Pourtant, un jour, le père de Trésor décide de vendre le navire à Pivoleux, un étrange et inquiétant collectionneur, qui semble lui avoir forcé la main. Pourquoi cet homme, riche et sans scrupules, veut-il absolument prendre possession de l’antique coquille de noix, apparemment sans intérêt ? Trésor ne se pose pas la question : pour lui, il est impossible de se séparer de l’unique souvenir de sa maman. Alors que la vente se conclut, le garçon, au grand dam de son père, embarque avec ses amis sur Brigantin, leur faisant miroiter l’existence d’un mystérieux et fabuleux trésor dont il aurait trouvé la carte… Que cherche réellement Pivoleux ? Comment Trez et ses copains vont-ils pouvoir dompter les flots, eux qui n’ont aucune expérience de la mer ? Tout cela aurait peut-être un rapport avec la mère de Trésor, que l’on savait grande baroudeuse avant de disparaître…
Un vieux bateau, un jeune garçon à l’esprit aventureux accompagné de sa bande d’amis, une carte au trésor, la mer déchaînée et un méchant puissant et perfide aux desseins inquiétants, le tout saupoudré d’une énigme à résoudre : en parcourant « Trésor », le lecteur de bande dessinée est en terrain conquis. À partir de cette base rassurante, mais un peu classique, le scénariste Jean-Baptiste Saurel parvient à créer une histoire originale, divertissante et surtout bourrée de dynamisme. L’aventure de Trez et de son groupe se lit en effet d’une traite, à cent à l’heure, ballotté entre les vagues déchaînées et les événements, tous plus surprenants les uns que les autres. Les personnages apportent à cette mystérieuse histoire un indéniable capital sympathie, usant d’un langage enfantin bien à eux et d’idées aussi originales qu’incroyables dans des situations pourtant souvent presque désespérées. « La vague rouge » est pour le lecteur une boule d’énergie pouvant tour à tour lui rappeler aussi bien « Les enfants du capitaine Grant » que « Le secret de la Licorne » ou « Les Goonies ». Pas mal quand on sait qu’il s’agit du premier scénario de BD de Saurel !
L’histoire, nerveuse et entraînante, est servie de façon adéquate par le dessin de Pauline de la Provôté, néophyte en BD elle aussi. Le graphisme de l’artiste, connue sur Instagram sous le pseudo @poyelp, inspiré de l’animation sert efficacement le scénario par sa science du mouvement. Sous son trait rond et lisible, nous accompagnons la folle escapade des enfants sur Brigantin en en ressentant l’urgence et le rocambolesque. Le découpage astucieux et innovant apporte une belle vitalité à l’album en proposant des cases au format inhabituel, renforçant le mordant de l’ensemble. Le style de la dessinatrice est certes un peu enfantin et ne se focalise pas sur les décors, mais il insiste avec bonheur sur les diverses expressions des personnages avec lesquels on vit la peur, la joie, l’ardeur ou l’étonnement, à l’image du dessin de couverture de l’album. Les couleurs punchy de Charlotte Cousquer complètent le travail de Pauline de la Provôté avec un même résultat : du tonus et de la vigueur !
« La vague rouge » introduit donc de belle manière la série « Trésor » qui s’annonce trépidante. La fin de la BD laisse les personnages dans une situation étonnante et la conclusion de l’intrigue, qui sera développée dans les albums suivants, apportera une dose de magie et de fantastique en plus de l’aventure pure. Qu’adviendra-t-il de Trez et de ses amis ? Cela va être bien long d’attendre le prochain album pour en savoir plus !
Chronique écrite par Mathieu DEPIT
Informations sur l’album
- Scénario : Jean-Baptiste Saurel
- Dessin : Pauline de La Provôté
- Couleurs : Charlotte Cousquer
- Éditeur : Dupuis « Tous publics »
- Date de sortie : 3 mars 2023
- Pagination : 80 en couleurs
- Format : 219 x 290