La quête de l'Oiseau du Temps, avant la quête, tome 8 - l'Omégon

Démarrée en 1983, la Quête de l’Oiseau du Temps, scénarisée par Serge Le Tendre et dessinée par Régis Loisel, est rapidement devenue une référence de la fantasy du neuvième art. Quatre tomes en cinq ans, puis silence pendant onze ans, la série est revenue en 1998 avec le cycle Avant la Quête, illustré par différents artistes* au fil des épisodes, alors que Régis Loisel accompagnait Serge Le Tendre au scénario. Ce prélude au récit principal se clôt avec ce huitième album, dessiné par Vincent Mallié. Derrière une superbe couverture, hommage au premier tome du Grand Mort, également signé Loisel-Mallié, que nous réserve cette conclusion tant attendue ?

La quête de l'oiseau du temps tome 8 Dargaud couverture

Après avoir trouvé la graine ayant le pouvoir d’affaiblir Ramor, le dieu maléfique dont le retour est préparé par l’impitoyable secte de l’Ordre du Signe, Bragon, Mara, Kryll, Bulrog et Bodias font chemin vers le mystérieux sanctuaire de l’Omégon, au cœur des Terres de la Désolation. Alors que le temps presse, les confessions et les doutes rythment les errances des compagnons qui peinent à trouver le chemin du temple. Quels sacrifices seront-ils prêts à faire pour rétablir la paix au pays d’Akbar ?

La quête de l'oiseau du temps tome 8 Dargaud planche 6

La Quête de l’Oiseau du Temps tome 8 : « Alors, restons tous ensemble »

En refermant cet ultime album, les sentiments sont partagés. Le récit est toujours aussi passionnant, et le dessin comme à l’habitude est impeccable, mais l’euphorie de l’excellente conclusion de ce cycle préquel se mêle à une folle envie de replonger dans la série mère et à là mélancolie de dire adieu à ses formidable personnages. En effet, les protagonistes sont un des gros points forts de la saga. Si leur aventure, au fil des tomes, est relativement classique pour de la fantasy, avec toutefois des touches particulièrement originales, toute la puissance du récit réside dans ses acteurs. Ce douzième épisode ne fait évidemment pas exception et le duo Régis Loisel et Serge Le Tendre s’applique à rendre hommage à leurs personnages, conscients que, pour les auteurs aussi, c’est l’heure des adieux avec la plupart de leurs « enfants ».

La quête de l'oiseau du temps tome 8 Dargaud planche 8

En résultent quelques scènes qui pourraient paraître inutile dans n’importe quelle aventure, comme le triangle amoureux Kryll/Bulrog/Bodias, ou certains échanges traînant en longueur. Mais, dans le cadre de cette conclusion, de ces adieux, avec tout ce que le lecteur a pu partager avec ces héros, les aimant, les détestant, les comprenant ou, au contraire, condamnant leurs actions parfois cruelles, chaque case, chaque ligne de dialogue, chaque détour, devient important, passionnant. La pagination, beaucoup plus conséquente que dans les épisodes précédents (104 pages au lieu de la soixantaine habituelle) témoigne, elle aussi, de l’envie des auteurs de remercier leurs personnages. Bragon, bourru au cœur tendre, Mara, manipulatrice mais tellement sensible, Kryll, plus profonde et intense que jamais, Bulrog, de moins en moins ridicule, Bodias s’humanisant de plus en plus, tous verront leurs arcs se conclure ou se lier avec ceux de la série mère.

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« Croire et persévérer »

On pourrait penser, à raison sans doute, que ce dernier tome d’Avant la Quête n’est en rien une conclusion, mais plutôt une transition. Cela semblera même une évidence à tout lecteur ayant découvert la Quête de l’Oiseau du Temps avec son premier cycle. Ce pont entre les deux cycles est une grande réussite. Évitant le piège de tout vouloir expliquer grossièrement et facilement, les scénaristes laissent leurs protagonistes avec encore beaucoup de cheminement personnel à faire avant d’arriver à leurs versions du futur. On savait que la fin de ce préquel serait assez sombre, qu’elle laisserait des héros brisés ou amers, mais le choix narratif de ne pas trop expliciter est une très agréable surprise.

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Ce qui est loin d’être une surprise, en revanche, c’est bien sûr la qualité graphique de l’album. Le retour de Vincent Mallié aux pinceaux, lui qui avait officié sur deux des plus intenses et saisissants tomes du cycle, montre une fois de plus tout son talent de mise en scène, de cadrage, et de « direction d’acteurs ». Son trait fait honneur à la force narrative de ces personnages cultes du neuvième art, mais aussi des quelques nouvelles têtes ou figurants de cet épisode, comme l’enfant à l’histoire tragique et au dessin si poignant. Le dessinateur se fait aussi plaisir avec les décors et les ambiances très variées que traversent Bragon et ses compagnons, aidé par la superbe colorisation de Bruno Tatti. Pour sa seconde participation à la Quête de l’Oiseau du Temps, le coloriste intensifie encore le récit, exacerbant les moments de dangers et sublimant les scènes plus contemplatives.

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Très logiquement amère, cette conclusion au cycle Avant la Quête fait une jonction parfaite avec la tétralogie originelle. Ce huitième tome prend son temps, pose ses personnages et leurs drames et, si certaines scènes paraissent un peu vaines ou trop longues, il est tout de même difficile de bouder ces derniers moments passés avec Bragon, Mara et leurs compagnons tant ils sont précieux. Que les fans de la Quête se rassurent, Serge Le Tendre et Régis Loisel n’en ont pas fini avec leur riche univers aux héros si poignants, car un cycle Après la Quête a depuis longtemps été annoncé, afin de raconter la fin de la vie de Bragon.