La Cuisine des ogres

Dans un lieu qui appelle les légendes, versez une dose de magie, mettez-y quelques enfants des rues, un grand bol d’aventure et un fantastique bestiaire, mélangez le tout, enfin, saupoudrez d’hémoglobine, vous obtiendrez une histoire digne des plus grands contes de Perrault. Avec La Cuisine des ogres, Fabien Vehlmann et Jean-Baptiste Andreae offrent un voyage savoureux, où récit merveilleux côtoie aventure culinaire.

©Rue de Sèvres, La Cuisine des Ogres : Trois-Fois-Morte

Moins connue que les Falaises d’Etretat ou la Dune du Pilat, La Dent du Chat attire les regards des gens en villégiature autour du Lac du Bourget. Bon nombre de jeunes vivants aux alentours se sont demandés d’où vient le nom de cette montagne, une certaine légende a même vu le jour. Mais dans ce livre, Trois-Fois-Morte, c’est un tout autre conte qui circule entre les enfants des rues. Conte qui va s’avérer être plutôt réel, car La Blanchette et ses amis se retrouvent embarquées comme « barbaque » pour la fameuse Cuisine Des Ogres, jusqu’alors considérée comme les fourneaux des enfers. Alors que ses compagnons d’infortune se font engraisser pour servir de mets raffinés, La Blanchette se sort in extremis d’une « écorcheuse-désosseuse-batteuse », ce qui lui vaut le nom de « Trois-Fois-Morte », et tombe dans un monde où magie et résignation se côtoient.

©Rue de Sèvres, La Cuisine des Ogres : Trois-Fois-Morte

Des recettes aux multiples saveurs

Si les quelques premières pages s’égrènent trop vite, une fois passé la porte du monde des ogres, la lecture devient plus aisée, et Fabien Vehlmann (Le Dieu-Fauve, Seuls) fait entrer les personnages et les lecteurs dans un univers inédit bouillonnant de surprises. De nouveaux paysages originaux s’ouvrent à chacun des nombreux rebondissements. Les dialogues passent de recettes imaginaires parfois appétissantes, à des jeux de mots subtilement cachés au détour d’une phrase, pour emmener le lecteur au cœur de l’intrigue en douceur, alors que le fond du conte reste horrible pour la plupart des personnages. L’histoire est enivrante, et une fois commencée, tout le monde est tenu en haleine jusqu’à la dernière page.

©Rue de Sèvres, La Cuisine des Ogres : Trois-Fois-Morte

Une grande variété de personnages dans La cuisine des ogres

Jean-Baptiste Andreae (Mangecoeur, Azimut) fait découvrir aux lecteurs des dessins spectaculaires en donnant avec habilité du volume aux scènes. Le travail de chaque plan fait ressortir la profondeur des grottes ou le lointain des rives du lac. Les couleurs, principalement jaune, rouge ou bleu nuit, peuvent tantôt rendre réel un plat, au point que celui-ci donne faim, tantôt rendre irréelles les merveilleuses créatures qui peuplent par dizaines les pages du livre. Chaque personnage est richement dépeint, et voir évoluer ce ballet de créatures est un réel plaisir. De plus, quelques surprises attendent les lecteurs au tournant, pour leur plus grand bonheur. Quant aux grandes scènes, c’est un délice de se perdre dans la contemplation des mille et un détails qu’offrent les différentes perspectives des panoramas.

©Rue de Sèvres, La Cuisine des Ogres : Trois-Fois-Morte

La Cuisine Des Ogres allie à merveille histoire d’horreur et conte pour enfant, le tout avec une subtile touche d’humour. Petits et grands pourront se régaler avec ce livre savoureux. On en reprendrait bien encore.