La Cour d’épouvante – T2 d’Harry Dickson

Les rêves sont souvent étranges. Doux ou inquiétants, ils peuvent rester en tête comme un mystère ne laissant que des sensations, goûts et impressions insaisissables. Lorsqu’ils deviennent effrayants et font vaciller la raison d’un riche londonien, Harry Dickson, « détective de l’étrange », est appelé à la rescousse et se saisit d’une affaire qui va, comme d’habitude, l’emmener vers de bien périlleux chemins.

Couverture de l'album La Cour d'épouvante
© Harry Dickson – Doug Headline et Onofrio Catacchio – Dupuis

Mr. Hamilton, persécuté dans ses rêves par une mystérieuse cour d’épouvante, vit continuellement dans la peur. Bien qu’il soit médicalement suivi par le très reconnu neurologue Garfield-Borinsky, le milliardaire requiert l’aide du célèbre Harry Dickson pour enquêter sur ces effrayants cauchemars, qui, en plus de le terrifier, attaquent sa santé mentale. Le « Sherlock Holmes américain » accepte d’accompagner Hamilton dans sa résidence de Rose-Grange, dans les East-Downs, pour démêler les nœuds du mystère. Ce faisant, le détective, accompagné de son disciple Tom Wills et du surintendant Goodfield, s’empare d’une affaire qui va vite dépasser le cas de Mr. Hamilton, et l’entraîner jusqu’au frontière du surnaturel.

Page 3 de l'album La Cour d'épouvante
© Harry Dickson – Doug Headline et Onofrio Catacchio – Dupuis

Une atmosphère inquiétante pour un dénouement qui déroute

Pour le deuxième album de cette nouvelle collection, on ne change pas la formule reprise lors du premier tome. En parcourant La Cour d’épouvante, on retrouve ainsi une atmosphère mystérieuse bien réussie faite de rentiers vivants dans des châteaux exubérants, de savants insondables et effrayants utilisant leur science à des fins inquiétantes ou encore d’organisations occultes étranges venant semer le chaos. Ces éléments typiquement « pulp » fidèles à l’univers de Jean Ray, le créateur d’Harry Dickson, sont utilisés dans un cadre ultra classique, où on retrouve des détectives privés à chapeau, un Londres nocturne, apportant au lecteur des éléments connus pour lui permettre de s’intégrer facilement dans une histoire au style si désuet qu’elle en devient presque un plaisir coupable. Le découpage de l’histoire, scindée en chapitres aux titres alléchants, parsemée de récitatifs au style presque soutenu, renforce l’appartenance à un genre fantastico-policier que l’amateur patenté attend en ouvrant un volume d’Harry Dickson, et rend la lecture encore plus lisible. Hélas, trois fois hélas ! Le scénario, directement tiré d’un roman de Jean Ray et adapté par Doug Headline et Luana Vergari, ne tient pas toutes ses promesses ! Après une montée de la tension, les éléments les plus inquiétants, les plus loufoques amenés les uns après les autres, le dénouement des multiples intrigues tombe de façon abrupte, sans véritable raison, ni sans qu’on sache ou comprenne comment et pourquoi le héros, toujours flegmatique et au sang-froid sans pareil, a su résoudre un mystère qui semblait insondable. Une caractéristique – malheureusement – récurrente dans cette série, quelle qu’en soit l’adaptation…

Page 4 de l'album La Cour d'épouvante
© Harry Dickson – Doug Headline et Onofrio Catacchio – Dupuis

Un aspect visuel qui embrasse le scénario

Si l’atmosphère bien dépeinte est un point fort de La Cour d’épouvante, le dessinateur Onofrio Catacchio a lui aussi sa part de mérite. Bien qu’utilisant la ligne claire dans son expression la plus simple possible et sans aucun artifice, l’italien arrive à restituer l’attente angoissante et l’inquiétude latente voulue par le scénario dans ses représentations d’intérieurs de châteaux, de personnages saugrenus venus apporter le Mal ou d’endroits complètement incongrus où des forces surnaturelles sont supposées s’animer. On pourra cependant regretter l’aspect figé, géométrique et presque plat des visages des personnages, presqu’interchangeables. Les couleurs d’Hiroyuki Ooshima sont, quant à elles, tout à fait réussies. Dans une palette privilégiant les couleurs chaudes, elles permettent de restituer l’aspect fantastique de l’histoire. En alternant les bleus nuit, les bordeaux foncés ou les nuances de noir, les scènes, notamment nocturnes, semblent d’autant plus inquiétantes du fait de cette colorisation particulièrement inspirée.

Page 5 de l'album La Cour d'épouvante
© Harry Dickson – Doug Headline et Onofrio Catacchio – Dupuis

La Cour d’épouvante, par son histoire fantastique, ses références à toutes sortes de phénomènes étranges ou effrayants, ravira les amateurs d’Harry Dickson, héros valeureux s’il en est. Véritable légende de la littérature de gare, le Sherlock Holmes américain est ici adapté dans une aventure qui lui est propre : classique, à l’atmosphère de peur et au dénouement assez frustrant. Si les amateurs de Jean Ray y verront le grand retour du personnage, d’autres pourraient n’y voir qu’un album de plus, au sujet intéressant, traité de façon décevante. Les deux parties pourront revoir leur avis dès le prochain album, déjà annoncé :  Le vampire aux yeux rouges.

Page 6 du T2 d'Harry Dickson
© Harry Dickson – Doug Headline et Onofrio Catacchio – Dupuis

Chronique écrite par Mathieu DEPIT

Informations sur l’album

  • Scénario : Doug Headline
  • Dessin : Onofrio Catacchio
  • Couleurs : Hiroyuki Ooshima
  • Éditeur : Dupuis
  • Date de sortie : 17 mai 2024
  • Pagination : 54 en couleurs

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Page 7 du T2 d'Harry Dickson
© Harry Dickson – Doug Headline et Onofrio Catacchio – Dupuis