La Brigades des souvenirs T5 : Le tableau de Rachel
Toujours prompts à mener leurs lectrices et leurs lecteurs à la découverte de sujets souvent méconnus, Marko, Carbone et Cee Cee Mia s’intéressent, pour le 5e album de La Brigade des souvenirs, à la spoliation des œuvres d’art par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.
Théo et sa grand-mère Manou rejoignent Tania, Alban et leur père qui finalisent leur installation dans une nouvelle maison. Grâce à une maladresse du chien de la famille, Patrok, ils découvrent une pièce cachée à l’intérieur de l’habitation. Si ce nouvel espace offre des opportunités d’aménagement inattendues, il dissimulait surtout un tas de vieilleries dont un mystérieux tableau. Ce dernier représente un enfant et un animal marin. Il n’en faut pas davantage pour que les trois adolescents se mettent à la recherche du propriétaire de la peinture ou de ses éventuels descendants.
Là où l’enquête se corse, c’est lorsqu’ils découvrent que le dos du cadre du tableau est marqué d’une croix nazie, indiquant qu’il fut un temps la propriété du IIIe Reich durant la Seconde Guerre mondiale. Débute alors une enquête passionnante qui retrace l’histoire un brin romancée de l’œuvre du peintre Nicolas Maes, « Enfant et Triton ».
Une conservatrice de musée bien réelle dans Le tableau de Rachel
Cette cinquième aventure de la Brigade des souvenirs livre quelques indices géographiques sur la vie de Tania, Alban et Théo puisque l’enquête des trois adolescents les amènent à découvrir le musée qui héberge actuellement le tableau retrouvé. Au scénario, Cee Cee Mia et Carbone se sont amusées une nouvelle fois à mêler fiction et réalité. D’ailleurs la conservatrice du musée existe bel et bien, elle officie au musée des Beaux-Arts de Carcassonne !
En filigrane de l’enquête concernant « Enfant et Triton », les deux scénaristes ajoutent une nouvelle facette aux différentes personnalités de notre trio. Alban, le meilleur ami Théo, se retrouve un peu isolé puisque ce dernier s’intéresse davantage à Tania. Les protagonistes de La brigade des souvenirs ont bien grandi depuis leur début dans La lettre de Toinette. Les amourettes adolescentes débarquent sans crier gare.
Jeux de lumière réussis
Côté dessin, le trait tout en rondeur de Marko continue de faire des merveilles. Comme à son habitude, il insuffle une énergie foisonnante aux aventures du trio, entrecoupé de quelques flashbacks inquiétants qui ramènent les lectrices et lecteurs au cœur de la Seconde Guerre mondiale lorsque les nazis spoliaient les œuvres d’art appartenant à des familles juives. Ainsi, les couleurs chatoyantes de l’histoire contemporaine s’entrechoquent avec les ambiances monochromes du passé. Le duo Marko / HadH, pour les couleurs, assure une nouvelle fois. Ils offrent un festival de jeux de lumière sur chacune des cases de l’album auquel s’ajoute une très belle précision dans le placement des ombres.
Comme pour les précédents opus, le dossier pédagogique qui complète le récit est instructif. On y découvre à la fois les coulisses de la réalisation de l’album et le travail des Musées Nationaux de Récupération (MRN) qui travaillent à retracer le parcours des œuvres volées par les nazis en vue d’une restitution à leurs propriétaires légitimes. On estime que cela concerne environ 2200 pièces. Il est à relever que pour Hitler, et son bras droit Göring, l’art était également une forme d’arme politique visant à ne conserver que les œuvres pures par opposition à l’art dégénéré, à détruire.
Ce nouvel album de La Brigade des souvenirs prend, une nouvelle fois, un angle original et inattendu pour évoquer un pan de l’histoire mondiale. Chacune et chacun sortira de cette lecture avec la nette impression d’avoir assisté à une leçon d’histoire enrichissante aux nombreuses vertus pédagogiques.
Chronique écrite par : Bruce Rennes
Informations sur l’album :
- Scénario : Carbone et Cee Cee Mia
- Dessin : Marko
- Couleurs : HadH
- Éditeur : Dupuis
- Date de sortie : 19 août 2024
- Pagination : 64 pages en couleurs